Il voit une attaque de lynx sous ses yeux

| jeu, 12. fév. 2015
Dans sa cabane, au-dessus de Villarbeney, Philippe Pasquier a été témoin d’une scène peu banale: un lynx tuant un chamois. L’animal a même pu être pris en photo grâce au garde-faune.

PAR JEROME GACHET

A part si l’on est garde-faune, voir un lynx de ses propres yeux est rarissime. Mais le surprendre en pleine action tient carrément du coup de bol comme le dit Marc Mettraux du Service des forêts et de la faune (SFF).
Ce coup de bol, Philippe Pasquier l’a eu jeudi dernier. Comme souvent, l’ancien directeur de l’EMS d’Humilimont passe du temps dans sa cabane au-dessus de Villarbeney, à 1000 mètres. Un chalet isolé et donc propice à la visite d’animaux. Lièvres, chamois, renards, chevreuils… les rencontres sont fréquentes.
Ce jour-là, c’est un chamois qui pointe le bout de sa corne (il n’en a plus qu’une). Occupé à faire la vaisselle, Philippe Pasquier observe la scène avec bonheur à travers la fenêtre, prêt à bondir sur son appareil de photo. Il n’aura pas le temps de s’en saisir. Le chamois se met soudain à sauter en l’air dans un tourbillon de neige. «La scène a duré deux ou trois secondes, pas plus. J’ai même cru un instant que le chamois s’amusait avec un petit», raconte-t-il. Philippe Pasquier sort de chez lui et voit les fesses d’un animal roux s’évanouir dans la forêt.
Le chamois, lui, gît sur le sol, mort. Un lynx? Troublé, il remonte le lendemain à sa cabane. Le félin est à nouveau là, dévorant sa proie. «Il est parti en me voyant.»
Philippe Pasquier appelle alors Michel Pharisa. Le constat du garde-faune est implacable: il s’agit bien d’un lynx. Les traces ne laissent pas planer le doute, pas plus que la manière de procéder: «Le lynx attaque à la gorge, étranglant sa proie. Sur ce coup-là, le chamois a été tellement surpris qu’il a dû faire un arrêt cardiaque.»
Michel Pharisa place alors un piège photos près du cadavre pour identifier le prédateur. Animal craintif, le lynx hésite à revenir. Mais après deux jours d’absence, il est de retour. L’appareil se déclenche à quatre reprises, à une minute d’intervalle. «Le lynx n’aime pas être dérangé. Au quatrième clic, il est parti.»


«Je connais bien ce lynx»
Les clichés sont d’excellente qualité. Ils montrent un animal puissant au magnifique pelage tacheté. «C’est un jeune lynx femelle d’environ quatre ans et demi. Je connais bien cet animal, puisque je l’ai déjà pris en photo l’année dernière à Botterens», glisse Michel Pharisa.
Le garde-faune retire ensuite l’appareil photo et place le cadavre un peu à l’écart, en bordure de forêt. «Il faut absolument que le lynx puisse venir s’alimenter en toute tranquillité. Sinon, il va chercher une autre proie. Il tue juste pour se nourrir. Il va d’ailleurs tout manger jusqu’à l’os et en aura pour une semaine.»
S’il a déjà vu des lynx à de nombreuses reprises, Michel Pharisa se dit toujours impressionné. «La période du rut va commencer fin février, début mars. Un mâle va certainement venir la trouver dans le massif du Biffé», poursuit-il.
Au fait, combien y a-t-il de lynx dans la région? «Impossible à dire. Un animal peut couvrir un territoire de 200 km2», répond Marc Mettraux, chef du secteur faune, biodiversité, chasse et pêche au SFF.
«Quand j’ai commencé ce travail, il y a trente-quatre ans, il y en avait déjà, ajoute Michel Pharisa. Le lynx fait partie du patrimoine de notre région.»

 

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La prolifération inquiétante des pièges photos


Il est déjà difficile de préserver la faune avec le nombre croissant de promeneurs. Depuis quelques années, les animaux doivent faire face à une nouvelle menace: les pièges photos et leur flash aveuglant. «On en trouve de plus en plus», constate Marc Mettraux, du Service de la forêt et de la faune. Ces appareils sont pourtant soumis à une autorisation qui n’est accordée qu’à des fins d’études scientifiques ou pour les propres besoins du Service. «Nous constatons cependant qu’ils servent de plus en plus souvent à l’aide à la chasse», reprend Marc Mettraux. Le nouvel arrêté sur la chasse devrait renforcer les mesures coercitives en vigueur liées à la pose de ces appareils photographiques. JG

Commentaires

ben on ne peut plus manger tranquille maintenant ??
C'est toujours la même chose, ce qui est interdit est permis par ceux qui promulgent l'interdiction...sous prétexte de recherches scientifiques.

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