Le Trophée, elle l’a dans la peau et dans les gènes

| jeu, 26. fév. 2015
Le départ du Trophée des Gastlosen sera donné dimanche à Bellegarde. Rencontre avec Annick Remy-Ruffieux, la nouvelle présidente du comité d’organisation. La Charmeysanne évoque ses engagements, ses craintes, et surtout les gens qui l’entourent.

PAR KARINE ALLEMANN

Annick Remy-Ruffieux est une Charmeysanne «pure et dure», une enfant de la Jogne qui n’a jamais habité ailleurs que dans son village natal. Un caractère bien affirmé est inscrit dans son ADN. Cette mère de famille de 37 ans a aussi le visage fin d’une poupée de porcelaine. Le ton posé et l’attitude concentrée d’une femme habituée à mener à bien des projets. Notamment l’entreprise familiale dont elle est directrice commerciale. Pour la nouvelle présidente d’organisation du Trophée des Gastlosen, «l’im­portant est de connaître ses forces et ses faiblesses».
La perche est tendue. Quelles sont ses forces et ses faiblesses. «Mince! Va falloir que je réponde maintenant… Une faiblesse aurait pu être que je n’ai aucune compétence technique pour la course. Mais j’ai exprimé franchement mes craintes aux membres du comité, et je crois que c’est ce qui leur a plu. Il y a des gens hyper compétents et motivés, qui connaissent le parcours sur le bout des doigts. Je n’allais pas leur dire quoi faire. Sinon, diriger un comité de 19 personnes, ça ne me dérange pas. Je le fais déjà au travail. En fait, j’aime beaucoup mener un projet jusqu’à une échéance.»
Petite conversation autour d’une tasse de thé, histoire d’évoquer…


Son lien avec la cour­se
«Je l’ai toujours eu. Mes premiers souvenirs remontent à l’âge de 10 ou 12 ans. Mon papa avait relancé la course avec une équipe du Ski-club Charmey au début des années 1990. Elle portait encore le nom de Patrouille des Poyets, donné par Ehrard Loretan et Gérard Domon en 1987. Je me souviens que mon père disait que le nom “Patrouille” ne convenait pas tellement. Que, comparé à la vraie Patrouille des glaciers, notre parcours était un peu crouille.»
Les organisateurs abandonnent l’ancien tracé entre Charmey et le Lac-Noir, direction les Inhospitalières. Le parcours est plus alpin, plus technique, «et surtout fabuleux». Le Trophée des Gastlosen est né. «Depuis toute petite j’y ai travaillé comme bénévole. Puis au comité pendant quatre ans. Du coup, je n’ai jamais pu participer à la course... Mais je pense avoir fait l’entier du tracé, par petits bouts.»
Entrée au comité en tant que secrétaire, elle a par la suite cumulé les fonctions. «Cédric (n.d.l.r.: Yerly, l’ancien président) savait où il allait… Il me donnait toujours plus de dicastères. Quand il m’a demandé de reprendre la présidence, j’ai d’abord refusé. J’ai accepté la deuxième fois qu’il m’a posé la question, en mai 2014.»

Son rôle de présidente
«Mon premier coup de stress est arrivé juste après, quand on s’est rendu compte de la collision de dates avec la Coupe d’Europe de ski à Bellegarde. Il a fallu sortir les rames et trouver des solutions. Finalement, nous avons pu le retarder d’une semaine.»
Quid de l’organisation des comités? «Cédric Yerly a mis au point un système avec un cahier des charges très précis pour tous les postes. Mon rôle de présidente est de m’assurer que tout roule et d’aider ceux qui en ont besoin. Cette semaine, j’ai des séances tous les soirs. Parfois, je ne sers pas à grand-chose. Mais j’estime que la présidente doit être là, au moins pour apporter des bières…»
Et la Charmeysanne d’ajouter: «Quand Cédric m’a pro­posé de devenir présidente, je lui ai répondu que je n’étais pas spécialiste de la peau de phoque, et qu’en plus j’étais une femme. Finalement, tout le monde a été charmant et accueillant.»
Voilà qui tranche avec l’image de montagnards bourrus, non? «Oh! des tronches, il y en a! Mais il faut savoir les prendre. Après, ils sont juste adorables!»

Sa responsabilité
«Quand mon père était chef technique de la course, il avait ce poids sur les épaules. Quand je lui ai annoncé que je reprenais la présidence, j’ai senti que c’est quelque chose qui l’inquiétait. Mais nous sommes 19 au comité. Pour la course, il y a deux guides sur place, une colonne de secours, des maîtres-chiens, des médecins, des samaritains et 30 pos­tes radio. La Rega est informée. On ne lésine pas sur la sécurité. Et le comité technique est hyper compétent. Tout cela me permet de rester zen.»
Totalement zen ou juste un peu? «Difficile à dire… Disons que je suis assez zen. J’ai les mêmes responsabilités dans mon entreprise. En général, un accident résulte souvent d’une succession de petites choses, tu ne peux pas le prévoir. C’est pareil pour le Trophée. Ça reste de la montagne. Par contre, tu dois pouvoir te regarder dans la glace et te dire que tu as vraiment mis tout en œuvre pour que ça n’arrive pas.»

Ses engagements
Annick Remy-Ruffieux travaille à 100%. Elle est aussi membre de la Jeune chambre internationale et juge au tribunal des Prudhommes. Quand quelque chose se passe à Charmey, elle donne un coup de main. «C’est vrai qu’en général je suis volontiers bénévole pour les différentes manifestations. Mon mari est actif dans le foot et le tir. On s’engage volontiers. Mais je pense que cela ne nous empêche pas d’avoir une jolie vie de famille.»

Son week-end à venir
Samedi, ce sera le traditionnel briefing de 7 h 30 avec le comité in corpore. «J’aime bien ce moment. Les gens sont déjà habillés pour la peau, prêts à partir sur le terrain. On sent que la course est toute proche.» Suit à 8 h une séance avec les délégués du Club alpin, puis à 9 h avec les 220 bénévoles. «L’après-midi, je serai présente pour la remise des dossards. Les coureurs ont souvent plein de questions, j’ai envie de pouvoir y répondre.»
La pression retombera dimanche après-midi, quand le dernier coureur aura franchi la ligne d’arrivée. «Si je devais aller mettre une bougie, ce serait pour ça. Pourtant, je ne suis qu’à moitié croyante. En fait, maintenant que j’y pense, je vais le faire. A Charmey, il y a une jolie grotte à Marie. Je vais aller allumer une bougie. Je ne sais pas trop adresser une prière. Je le ferai de manière générale. Pour que tout se passe bien. C’est aussi l’occasion de se recentrer un peu.»
Le jour de la course, le rendez-vous est donné à 4 h pour les organisateurs. «Dimanche, c’est le D-Day!» La présidente et ses équipes auront tout mis en œuvre pour le plaisir de 1200 coureurs. Dans la vie il y a ceux qui trouvent des solutions et ceux qui se cherchent des excuses. Annick Remy-Ruffieux fait résolument partie des premiers.

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