Gagner la Coupe du monde en deux ans

sam, 28. mar. 2015
Les milieux économique et politique se mobilisent pour soutenir le projet des aérostiers Laurent Sciboz (Sommentier) et Nicolas Tièche (Gumefens), chargés de ramener un titre mondial à Fribourg.

PAR KARINE ALLEMANN

La Suisse a eu Alinghi et la Coupe de l’America, le canton de Fribourg aura peut-être la Gordon Bennett. Cette compétition, la plus vieille et la plus prestigieuse pour les aérostiers, fait office de Coupe du monde des ballons à gaz. C’est avec la ferme intention de ramener ce prestigieux trophée sur sol fribourgeois que les 4 piliers de l’économie fribourgeoise soutiennent le projet de l’aérostier Glânois Laurent Sciboz et de son partenaire gruérien Nicolas Tièche.
Le 28 août à Pau, dans le sud-ouest de la France, la crème mondiale des pilotes prendra le départ d’une compétition on ne peut plus simple: les ballons s’élanceront d’un lieu donné, celui qui se posera le plus loin sera sacré champion du monde. «Nos ballons fonctionnent au gaz et non à l’air chaud. Pour gérer la hauteur, tout ce que l’on fait, c’est délester du sable avec une cuillère à soupe», sourit Laurent Sciboz, informaticien de 47 ans domicilié à Sommentier.
Les compétences requises seront sans doute un peu plus élaborées, puisqu’une équipe de dix personnes a été formée pour soutenir le duo sur le plan logistique. «Les membres de l’équipe ont quasiment tous travaillé pour Breitling Orbiter ou Solar Impulse, précise l’ingénieur gumefensois Nicolas Tièche. Mais aucun d’eux n’est payé, ce sont tous des amis.»
Aérostiers reconnus – Laurent Sciboz a notamment collaboré à une émission de Passe-moi les jumelles, sur la RTS – les deux hommes ont déjà participé à plusieurs éditions de  la Gordon Bennett. Qu’est-ce qui pourrait les faire gagner cette fois-ci? «Laurent est un pilote excessivement doué. Le deuxième pilote est probablement doué aussi, note Nicolas Tièche. Après, cela se joue au feeling. Nous allons passer 70 à 80 heures dans une nacelle d’un mètre carré. Quand je vais dormir un peu, je dois être absolument convaincu que mon coéquipier ne va pas nous crasher…»


«Que des acharnés»
Un autre équipage suisse – sur la vingtaine de participants, un maximum de trois équipes par nation est autorisé – dirigé par le Saint-Gallois Kurt Frieden fait office de concurrent direct. «Kurt a déjà remporté la Gordon Bennett, présente le pilote gruérien. Ce sera la guerre des nerfs, avec de l’info et de l’intox. Surtout de l’intox.»
Pour faire la différence, les deux hommes misent sur le soutien dont ils bénéficient. «Certains ont beaucoup plus d’expérience que nous. Nous ne les rattraperons pas sur ce terrain, poursuit Nicolas Tièche. Nous devrons être meilleurs sur le plan matériel, logistique et technologique. Chaque gramme va compter. C’est pourquoi les logos de nos partenaires ne figureront qu’en petit sur le ballon. Il y aura en tout un kilo de peinture seulement. Laurent et moi, on va aussi essayer de perdre un peu de poids. Cette compétition, c’est le Graal. Tous les aérostiers rêvent de la gagner. Il n’y aura que des acharnés.»
Le projet des deux aventuriers et de leurs partenaires est prévu sur trois ans. Avec comme objectif une victoire en 2015 ou en 2016, histoire d’organiser cette Coupe du monde aéronautique en pays de Fribourg l’année suivante. Pendant la compétition, le PC course sera installé dans une salle de la BCF, à Fribourg: responsables météo, soutiens logistiques, communicants: tous seront réunis pour aiguiller les aérostiers et faire partager leur aventure au public.


Inauguration le 2 mai
En attendant, plusieurs vols d’essai seront agendés. A commencer par l’inauguration du ballon, le 2 mai, dans un lieu à définir.
Pendant la conférence de presse organisée hier, l’objectif du projet baptisé Fribourg-Freiburg Challenge a été clairement énoncé: ramener un titre mondial au canton de Fribourg. Devant une mobilisation de compétences et de moyens aussi impressionnante, Laurent Sciboz et Nicolas Tièche ont le poids de la réussite sur leurs épaules. En espérant qu’ils arrivent à s’en délester, dès le 28 août prochain.

 

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Une promotion de haut vol
Image. Tout le gratin du canton de Fribourg était là: les responsables des 4 piliers de l’économie fribourgeoise (BCF, ECAB, Groupe E et TPF), le président du Conseil d’Etat Erwin Jutzet, la chancelière d’Etat Danielle Gagnaux, le directeur de la Chambre de commerce de Fribourg (CCF) Alain Riedo ainsi que l’incontournable Hubert Audriaz.
Ce dernier a dit en mots directs ce que d’autres ont expliqué en termes plus alambiqués: «C’est une chance exceptionnelle d’avoir deux mecs comme ça qui vont nous faire rêver.»
Président de la direction générale de la Banque cantonale de Fribourg, Edgar Jeitziner a souligné d’entrée de jeu l’ambition du projet. Mais aussi à quel point cette aventure va à contre-courant dans un monde où prédominent la planification des déplacements et les horaires fixes. «En embarquant pour un vol en ballon à gaz, on sait d’où l’on part, mais on ne connaît ni la destination ni la durée du voyage.»
Il est bien évident que les 4 piliers ne s’engagent pas seulement pour la magie de l’entreprise. Ils en attendent une avancée dans la promotion de l’image du canton de Fribourg. D’une part, à l’intérieur du canton, en rassemblant les Fribourgeois autour d’une aventure humaine hors du commun. D’autre part, à l’extérieur du canton, en montrant que Fribourg a de l’ambition. Il s’agit aussi de profiler les entreprises fribourgeoises et les 4 piliers en tant que partenaires de projets ambitieux. Pour ce qui est de la promotion extérieure, le projet peut compter sur l’engagement de Fribourgissima, a souligné pour sa part le conseiller d’Etat Erwin Jutzet. Cela se verra en particulier en juin, à Interlaken, lors du Swiss Economic Forum. Ce dernier va rassembler pas loin de 1300 décideurs et journalistes.
Participer à la Coupe du monde Gordon Bennett vise aussi à promouvoir l’innovation. Au niveau technique, il est question d’améliorations apportées aux matériaux utilisés, aux techniques embarquées ou encore à l’organisation et aux stratégies de vol. Les 4 piliers comptent surtout sur de meilleures performances de la communication en faveur du canton de Fribourg. Ils collaborent avec l’Eikon et ont mis sur pied une équipe de professionnels. Ils en attendent un transfert de connaissances auprès des étudiants, via des master classes, et des entreprises.
«Les 4 piliers utilisent ce projet comme un laboratoire», a souligné Anne Maillard Magnin, responsable de tout le secteur marketing de la BCF. Pour les journalistes aussi, l’aventure est un peu nouvelle, toutes leurs productions seront regroupées sur un site commun www.frchallenge.ch. Tous les médias publieront la BD de Fred Michaud.
L’engagement des 4 piliers en faveur de ce challenge aérostier a un coût. Plutôt modeste, a indiqué Edgar Jeitziner. Le budget est réparti sur trois ans, à raison de 30000  francs par institution et par année. Il n’y aura pas de budget supplémentaire pour cette aventure. «Il s’agit en fait de notre budget communication habituel», a-t-il précisé.
Le mot de la fin revient au président du Gouvernement fribourgeois: «Cette aventure est désormais la nôtre», a dit Erwin Jutzet. MH

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