Avec plus de 1200 coureurs, dont des champions du monde

| jeu, 09. avr. 2015
Pour la première fois, une épreuve nationale de course d’orientation est organisée en forêt de Bouleyres, ce dimanche. Le Groupement des courses d’orientation de la Gruyère et le CA Rosé se sont associés pour accueillir plus de 1200 coureurs.

PAR KARINE ALLEMANN ET QUENTIN DOUSSE

Une fois qu’une course d’orientation a été organisée sur un terrain, celui-ci est «grillé» pen­dant des années. Car désor­mais, les participants en connaissent les moindres recoins. «Il faut alors laisser dormir la forêt pendant dix ou vingt ans», explique Michel Tissot, président du Groupement des courses d’orientation de la Gruyère. Alors, quand le CA Rosé a souhaité organiser une course nationale, il s’est déplacé vers le sud du canton, plus précisément la forêt de Bouleyres, qui accueillera dimanche plus de 1200 adeptes de courses d’orientation. Parmi eux des champions du monde et plusieurs coureurs de niveau international.
Le président gruérien ainsi que Patrick Rossier, chef de course pour le CA Rosé, expliquent les rouages de ce sport peu connu.

Comment se passe une course?
Pour dimanche, le bureau de la course est situé au CO de La Tour-de-Trême. Au départ, les coureurs reçoivent une puce intelligente qu’ils placent sur un de leurs doigts, ainsi qu’une fiche contenant des infos sur l’emplacement des balises. Cette fiche est insérée dans un bracelet transparent qu’ils portent au bras. Ils sont aussi munis d’une boussole. «Les symboles contenus sur cette fiche sont identiques partout dans le monde, explique Michel Tissot. Un dessin signifie que la balise est dans un creux, un autre qu’elle se trouve au début d’un ruisseau, ou encore dans une dépression de terrain.»
Ce n’est qu’au moment où le chrono démarre que les coureurs, qui s’élancent à plu­sieurs minutes d’intervalle, reçoivent la carte pour s’orienter et trouver les 24 balises (pour les élites) du tracé. «A chaque balise le participant insère sa puce dans un boîtier, poursuit le président du club gruérien. A l’arrivée, il restitue sa puce. Un système informatique calcule chaque temps de passage et l’enchaînement des postes. Si quelqu’un n’a pas suivi l’ordre demandé, il est disqualifié. Sinon, celui qui aura mis le moins de temps gagne la course. Avec ce système, impossible de tricher.»

Les qualités qu’il faut
En plus de capacités physiques évidentes pour courir d’un poste à l’autre, pour Michel Tissot, tout l’enjeu de la course d’orientation réside dans la lecture de la carte. «La boussole permet de la consulter toujours bien orientée. Puis, selon les données de la carte, celui qui arrive à visualiser la forêt, le type de terrain, quand ça monte et quand ça descend, a déjà fait une bonne partie du travail.»
A noter que les participants ne sont pas obligés de rester sur les chemins forestiers. Ils peuvent aller au plus vite d’un poste à l’autre. «Mais il y a tellement de sentiers dans Bouleyres que, dans ce cas-là, pas sûr qu’un coureur gagne du temps à traverser les ronces plutôt que s’en tenir aux sentiers.»

Pourquoi à Bouleyres?
Particularité liée à la discipline, les courses nationales s’établissent à chaque fois dans un endroit inédit. Cela afin de proposer un terrain méconnu des coureurs. Différents critères ont ensuite permis à Bouleyres d’accueillir une telle épreuve. «Cela faisait un bout de temps qu’une course ne s’était pas arrêtée à Bulle. Ensuite Bouleyres comporte beau­coup de relief, mais reste “courable” pour les athlètes», expose Patrick Rossier, chef de course. Ce dernier, qui promet un parcours «intéressant», avertit toutefois les coureurs du «peu de visibilité» dans la forêt bulloise. Qui plus est en cas de météo maussade. «Cela rendrait la course plus difficile, mais les athlètes élites sont préparés à courir par mauvais temps», indique Patrick Rossier.   

Comment se prépare un parcours?
Plusieurs étapes sont essentielles lorsqu’il s’agit de concevoir le parcours. Tout d’abord, le cartographe entre en scène. Pour dimanche, la carte de la forêt de Bouleyres à l’échelle 1:10000 a été intégralement actualisée par Hansjörg Suter, membre du CA Rosé. Le traceur ensuite, chargé d’établir un parcours logique sur la carte entre le départ et l’arrivée.
Pour dimanche, la mission a été confiée à Térence Risse, champion de Suisse juniors en 2013 et membre du CA Rosé. «La difficulté de chaque tracé, qui tient principalement par la distance entre les balises, varie en fonction du niveau des coureurs. Mais, dans tous les cas, les postes doivent être visibles», explique Patrick Rossier. Finalement, il revient au traceur d’aller vérifier sur le terrain la faisabilité du parcours imaginé sur papier. «Autant vous dire que Térence a passé bien quelques heures dans la forêt de Bouleyres!»

Comment s’organise ce sport?
La fédération Swiss Orienteering propose un calendrier avec huit à dix courses nationales. L’épreuve bulloise est d’ailleurs la première de l’année. En 2015, une Coupe du monde sera organisée à Arosa début octobre. Dans le canton, les trois clubs principaux sont Omstrom Sense, Morat et le CA Rosé (une centaine de membres), organisateur de la manifestation avec le club gruérien. Pour pouvoir mettre sur pied une course nationale, un club doit en faire la demande deux ans à l’avance à la fédération suisse.
En compétition, il existe 35 catégories pour les participants âgés de 10 ans à 75 ans et plus. «Hommes et femmes sont séparés, bien sûr, précise Michel Tissot. Et les catégories changent environ tous les cinq ans.»
Les meilleures nations de ce sport sont les pays scandinaves et le Danemark. «Une compétition com­me les Six jours de Suède attire 20000 participants, précise le Brocois. Dans notre pays, les Six jours de Suisse ont rassemblé 3000 coureurs. Dont 400 Scandinaves…»

 

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Le gratin suisse à Bouleyres
La forêt de Bouleyres accueillera dimanche l’élite suisse de course d’orientation. Et c’est peu dire, lorsqu’on jette un coup d’œil à la liste de départ. Chez les hommes, les deux chefs de file hel­vé­tiques – Daniel Hubmann (32 ans) et Mathias Kyburz (25 ans) – devraient se retrouver aux avant-postes chez les élites. Avec un léger avantage au Bernois Hubmann, quadruple champion du monde. Son principal contradicteur, Mathias Kyburz, s’est récemment distingué en prenant la deuxième place du championnat de Suisse du 10 kilomètres. En 29’54, l’Argovien n’a concédé que quatre secondes au meilleur marathonien suisse Tadesse Abraham. Les spécialistes apprécieront. Enfin, deux Neuchâtelois, Baptiste Rollier et Marc Lauenstein, tenteront de jouer les trouble-fête ce dimanche.
Chez les dames, le plateau n’est pas moins alléchant, avec un duel programmé entre la Bernoise Judith Wyder (26 ans, triple médaillée d’or aux championnats du monde en 2014) et Simone Niggli-Luder (37 ans, 23 titres de championne du mon­de).
En parallèle de la course nationale sont prévus trois parcours destinés aux populaires et débutants. Les hommes «moins de 20 ans» lanceront les festivités avec un départ en masse à 10 h 30. Pour toutes les autres catégories, les sportifs partiront seuls, à intervalles de trois à huit minutes selon l’ampleur de la catégorie. Au total, c’est plus de 1200 coureurs qui parcourront le bois de Bouleyres.
Hasard du calendrier, cette épreuve nationale se déroule simultanément au relais 3 x 6 km organisé par le SA Bulle. Quelques «relayeurs» croiseront donc la route de coureurs «carte et boussole à la main».


Inscriptions possibles sur place
Pour les habitués de la discipline ou ceux qui désireraient découvrir la course d’orientation, il est possible de s’inscrire sur place, en se rendant dès 9 h au bureau de la course situé au CO de La Tour-de-Trême. QD

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