La SIP de Genève rejoint Bumotec à Vuadens

| mar, 14. avr. 2015
La Société genevoise d’instruments de physique et Bumotec profiteront de synergies. Fondée en 1862, la SIP a été l’un des fleurons de la machine-outil suisse dans le monde. Par ailleurs, pour lutter contre le franc fort, Bumotec a porté le temps de travail de 43 à 45 heures par semaine.

PAR JEAN GODEL


La prestigieuse SIP, la Société genevoise d’instruments de physique, fondée en 1862 puis rachetée, au bord de la faillite, par le groupe Starrag en 2006, va quitter Genève pour s’installer en Gruyère. En effet, l’activité industrielle de la SIP intégrera la nouvelle usine Bu­mo­tec de Vuadens, à son ouverture à l’été 2016. Les activités de vente et services, ainsi que la conduite de projets, devraient en revanche rester à Genève. C’est la direction de Bumotec, société basée à Sâles et elle aussi membre du grou­pe Starrag, qui l’a annoncé hier dans un communiqué de presse.
Rebaptisée à son rachat So­ciété d’instruments de précision, la SIP n’est plus que l’ombre d’elle-même en termes d’effectifs: ayant employé jus­qu’à 1400 personnes sur son site de Plainpalais, au cœur de Genève, elle n’en compte plus que 23. Mais l’entreprise a conservé l’ADN de la SIP d’antan, un nom synonyme de précision dans le monde entier.
Célèbre pour ses microsco­pes, ses machines à mesurer ou encore ses compteurs électriques, la SIP a conquis le marché de la production industrielle dès les années 1920 avec ses machines à pointer, capables de réaliser l’ensemble du processus d’usinage sans dé­placement de la pièce. Avec à la clé des gains de temps (jusqu’à 90%) et de précision (on passe du centième au millième de millimètre) qui lui ouvrent les portes, entre autres, des géants Ford et Citroën.
Aujourd’hui, la SIP occupe la «microniche de l’hyperprécision», selon la formule de Jean-Daniel Isoz, directeur des deux sociétés sœurs actives dans l’usinage de grande précision, SIP et Bumotec. Elle produit à 90% des machines-outils pour le secteur de l’aéronautique. Basée à Meyrin, elle a externalisé sa production à des sous-traitants. La plupart de ses clients se trouvent hors de la Suisse. L’entreprise Bumotec, principalement active dans l’horlogerie, la joaillerie, le mé­dical et la micromécanique, est elle aussi présente dans l’aéro­nautique. Les deux entités semblent donc complémentaires.


Pas de fusion
La SIP et Bumotec ne fusionneront pas, assure Jean-Daniel Isoz, qui tient à conserver intacts le patrimoine industriel et la renommée du mythe genevois: «Mais toutes deux profiteront de synergies qui nous permettront de nous concentrer sur les produits du futur.» Le personnel de la SIP qui le pourra sera transféré à Vuadens où l’entité disposera de ses propres locaux.
Les deux sociétés collaborent déjà: à l’étroit à Sâles, Bumotec a transféré à la SIP une petite partie de sa production. «Tous les éléments, aussi bien économiques qu’industriels, par­­lent en faveur d’un tel rapprochement», assure Jean-Da­niel Isoz. Conscient de l’émotion que l’annonce pourrait susciter à Genève, le directeur replace ce rapprochement dans le contexte globalisé actuel: «Pour nos clients chinois, peu importe que la SIP soit à Meyrin ou à Vuadens… Et rien ne s’arrête à la SIP: l’aventure continue!» Vuadens pourra-t-il s’enorgueillir d’accueillir, outre le siège social de Bumotec, celui de l’entreprise genevoise? Pour Jean-Daniel Isoz, ce n’est pas encore clair: «Plusieurs varian­tes sont à l’étude.» Dont le maintien d’un bureau à Meyrin pour le contact avec la clientèle. Le cas échéant, Meyrin pourrait aussi conserver le siège social de la SIP.

 

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Bumotec passe aux 45 heures
Bumotec annonce aussi avoir porté, dès hier lundi et pour une durée maximale d’un an, le temps de travail hebdomadaire de 43 à 45 heures, sans augmentation de salaire. En cause: l’abandon du taux plancher du franc contre l’euro et le renchérissement qui s’ensuit des produits Bumotec à l’export. La mesure, qui touche tous les secteurs, a été adoptée à l’issue d’un processus jugé «constructif» par la direction. Tant le personnel (et, par son intermédiaire, les syndicats) que le Service public de l’emploi ont été associés. Seuls deux des 160 employés ont refusé la mesure. «Selon la procédure en vigueur, un congé-modification leur a été proposé», révèle Jean-Daniel Isoz, directeur de Bumotec. L’ayant refusé, les deux ont été licenciés. «Mais s’ils changent rapidement d’avis, je les reprends tout de suite.»
Pourquoi une telle mesure alors que les carnets de commande sont bien garnis? «Il s’agit de compenser la cherté du franc en produisant plus, plus vite», résume Jean-Daniel Isoz. Un gain de productivité jugé indispensable pour dégager une marge de manœuvre face aux demandes de rabais des clients de la zone euro confrontés à la cherté du franc. En fonction de l’évolution de la situation, Bumotec pourrait revenir avant un an aux 43 heures par semaine, affirme le communiqué. Quant à l’usine en construction de Vuadens, Jean-Daniel Isoz assure que sa rentabilité n’est pas remise en question. JnG

Commentaires

Superbe structure! Très bien pour de nouveaux emplois.

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