L’Hôpital Daler affiche une belle santé financière

| mar, 09. juin. 2015

A Fribourg, l’Hôpital Daler a su tirer son épingle du jeu à la suite de la réforme du financement des hôpitaux.

PAR DOMINIQUE MEYLAN
Les résultats de l'Hôpital Daler sont bons, son baserate bas et son activité est en constante augmentation. Interview de son directeur, David Queloz.

L’Hôpital Daler, à Fribourg, ne publie traditionnellement pas ses chiffres. Mais sa bonne santé financière lui permet de prévoir un nouvel agrandissement. Depuis quelques années, l’établissement collabore avec son voisin, l’Hôpital fribourgeois. Directeur du Daler et citoyen de la Tour-de-Trême, David Queloz fait le point sur ces différentes perspectives.

Vous annoncez de bons résultats, votre activité est en augmentation, votre baserate bas, qu’est-ce qui explique cette apparente facilité, alors que d’autres établissements traversent de grosses difficultés?
Je pense que l’élément principal, c’est la gestion opérationnelle de l’établissement, très efficiente chez nous. Mais ça ne tombe pas du ciel, c’est lié à notre statut. Nous sommes une fondation privée. De tout temps, nous avons appris à ne pas dépenser un franc que nous n’avions pas. En fin d’année, il n’y a personne pour boucher un éventuel déficit. Nous sommes parmi les établissements les moins chers de Suisse.

Les cliniques privées sont souvent soupçonnées de sélectionner les risques... Que répondez-vous à cela?
L’organisation hospitalière en Suisse ressemble à une pyramide: une majorité des cas sont simples, 10-15% un peu plus compliqués et le reste très complexe. Le nouveau système introduit en 2012 donne à l’établissement plus de revenus selon la difficulté du cas. Avec les modifications de la loi fédérale modifications de la Loi fédérale sur l’assurance maladie, le patient peut aussi choisir librement l’hôpital dans lequel il souhaite être soigné.

Pourriez-vous refuser un patient, parce que vous estimez qu’il ne répond pas à vos critères?
Non. Mais il faut prendre en compte le système des soins intensifs de niveau 2, une structure qui n’existe qu’à l’HFR. Pour les cas préopératoires, lorsqu’un malade présente une polymorbidité par exemple, le chirurgien peut décider que notre établissement n’est pas adapté. C’est une décision médicale.

Votre statut a-t-il changé avec l’entrée en vigueur du nouveau financement hospitalier en 2012?
Jusqu’à fin 2011, nous étions financés à 100% par les assureurs. Depuis 2012, nos flux financiers viennent aussi du canton. Cela implique aussi un certain nombre d’obligations, par exemple en matière de formation des infirmières HES.

N’avez-vous aucune obligation pour la formation des médecins?
Non. C’est une tâche qui est déléguée par le canton aux hôpitaux publics. Mais nous poursuivons une collaboration dans le domaine de l’urologie, où un médecin assistant travaille entre l’HFR et le Daler. C’est un premier pas.

Le canton a publié récemment sa nouvelle planification hospitalière. Etes-vous satisfait des missions qu’il vous confie?
Nous sommes très contents. Nous souhaitions maintenir toutes nos interventions. Nous en avons perdu une quantité infime, moins de 1%. En contrepartie, nous avons récupéré l’ORL et certaines interventions en orthopédie. En 2008, l’ancienne planification nous avait coupé ces activités, une décision que nous avons contestée jusqu’au Tribunal fédéral. Du jour au lendemain, nous avons perdu 14% de notre activité.

Allez-vous augmenter vos activités de 14%?
Notre politique est assez claire: l’hôpital se porte très bien, il est bien occupé, nous n’avons aucune raison et aucun intérêt, à ce stade, de refaire de l’orthopédie au détriment d’autres spécialités.

Votre niveau d’activité est en constante augmentation. Avez-vous encore les moyens d’absorber de nouveaux patients?
J’ai toujours le sentiment qu’on peut être plus efficient dans l’organisation. Mais notre objectif premier n’est pas là: nous avons pour vocation de servir la population fribourgeoise. Nous n’avons pas d’objectif quantitatif de développement, ni d’objectif financier, si ce n’est celui de garder un résultat positif.

En matière d’obstétrique notamment, vous avez atteint la limite de vos capacités. Allez-vous poursuivre votre collaboration avec l’HFR?
Très clairement. Nous ne visons pas un nombre croissant de naissances. Nous voulons avant tout que les Fribourgeoises accouchent dans le canton.

Vous avez des projets de modernisation. Quels secteurs souhaitez-vous développer?
Nous avons un projet d’extension qui nous mènera jusqu’à la fin 2017. L’objectif est de gagner en espace. Pas seulement en termes de chambres, mais aussi de lieux de vie, de travail ou de stockage.
Nous allons améliorer notre offre en soins continus et agrandir notre capacité ambulatoire. Un virage se fait très naturellement depuis quelques années du stationnaire vers l’ambulatoire, grâce au développement de la technologie et des compétences médicales. Pour cela, il faut une structure adaptée.

Y aura-t-il des lits supplémentaires?
Nous sommes en train de finaliser le contenu des différents niveaux. S’il y a des lits supplémentaires, ce sera très peu.

 

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L’HFR, un allié et concurrent

L’Hôpital Daler a entamé en 2013 une collaboration avec l’HFR. Seriez-vous, contre toute attente, complémentaires?
J’en suis pleinement convaincu, même si nous sommes aussi concurrents. Le Centre du cancer du sein constitue notre première réalisation commune. La patiente bénéficie d’une organisation qui va au-delà des aspects médicaux. Une infirmière spécialisée l’accompagne et peut aussi la renseigner sur différents thèmes pratiques, comme les prothèses ou la perte de cheveux. Chaque semaine, les spécialistes de l’HFR et du Daler se rencontrent. Ils examinent les cas présentés par les médecins traitants et discutent des meilleures thérapies.

Avez-vous d’autres projets de collaboration du même type?
Oui. Nous réfléchissons à un projet similaire pour le cancer de la prostate.

Avez-vous eu des difficultés à collaborer pour ce Centre du cancer du sein?
Mettre en place ce Centre du cancer du sein était déjà complexe. Là, nous avons mis la barre haut en associant deux structures et deux fonctionnements différents. Mais très clairement, la volonté de collaborer pour le bien de la patiente a primé.

Il y a malgré tout une concurrence entre le Daler et l’HFR...
La concurrence existe, mais elle est relativisée par la concurrence extracantonale. Avec le libre choix de l’établissement introduit en 2012, nous tenons à répondre aux besoins de la population. Si nous arrivons à convaincre tous les patients qui vont se soigner hors canton de revenir, nous serons pleinement satisfaits et l’un, et l’autre.

La réorganisation de l’HFR a-t-elle des conséquences sur le Daler?
Il pourrait en y avoir, mais c’est difficile de prendre position aujourd’hui, sachant que l’HFR n’a pas finalisé sa stratégie. Nous en saurons plus avec le temps. C’est clair que l’HFR cherche à se renforcer. Mais il a aussi une situation particulière entre deux établissements universitaires, qui ont tendance à vouloir attirer un maximum de cas, notamment les plus complexes.

Plus généralement, tenez-vous compte de l’offre des autres hôpitaux et cliniques fribourgeois au moment de définir votre stratégie?
La Clinique générale a un pôle très développé en orthopédie. Elle a d’autres activités en gynécologie et en chirurgie sur lesquelles nous sommes concurrents. Il est effectivement important de rester attractif. Notre positionnement est clair et nous offrons un des baserates les plus bas de Suisse. A chaque fois qu’un patient fribourgeois est hospitalisé au Daler, ce sont des coûts en moins pour le canton et les assurés. DM

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