Le tourisme gruérien attend encore le début de sa saison

| mar, 28. jui. 2015

Le constat est unanime à Gruyères, la saison estivale peine à démarrer. Après une année 2014 exceptionnelle, franc fort et canicule se sont unis pour convaincre certains touristes de rester chez eux. La Maison Cailler, le château de Gruyères et la Maison du Gruyère déplorent la situation, mais restent sereins.

PAR XAVIER SCHALLER

Dimanche, 10 h, la cité médiévale de Gruyères se réveille doucement. De nombreuses échoppes viennent d’ouvrir leurs portes. L’occasion de faire le tour des popotes et de discuter de la fréquentation estivale.
Au restaurant Le Chalet, la baisse a été évidente par rapport à l’année passée. «Mais la situation paraît s’améliorer depuis mercredi», se réjouit Anabela Bernardino, serveuse depuis cinq ans dans cet établissement. La relation entre fin de canicule et retour des clients semble quasi mécanique.


Encore le franc fort
Il est vrai que les spécialités du lieu, meringues et fondues, s’accordent mal avec la chaleur. «Les prix sont aussi en cause. Certains prennent maintenant un café pour deux.»
Le constat est sans appel à l’Hôtel Saint-Georges: «Notre clientèle est surtout européenne. Avec le franc fort, elle vient moins et les réservations ne montrent pas encore de reprise. Mais ce n’est pas trop alarmant.»
Pascal Charlet, directeur de La Gruyère Tourisme, ne fait pas le même constat. «Mes statistiques des nuitées s’arrêtent en mai. Jusqu’à ce mois, il n’y a pas eu de recul dû au franc fort. Les clients de l’été sont peut-être plus sensibles aux prix.»


Un tour et puis repart
Au Musée HR Giger, Aurélie Ayer accueille quelques visiteurs français. «Les chiffres ne sont pas terribles pour ce début d’été, constate-t-elle. De nombreux touristes regardent le prix du billet d’entrée, font un tour dans le shop et repartent.»
Pour illustrer ce propos, un monsieur entre, se renseigne sur le prix du billet combiné Musée HR Giger-château et s’en va. Il n’ira finalement qu’au château, économisant 7 francs. Si les touristes ne font qu’une visite, c’est généralement celle du château.
Pour le Musée HR Giger, la saison passée avait été très spéciale. «Avec la mort de l’artiste, la fréquentation avait connu un pic», explique Aurélie Ayer.


Année 2014 exceptionnelle
En raison des pluies incessantes, l’année 2014 avait été exceptionnelle pour de nombreux musées et monuments. Difficile dès lors de faire aussi bien, pour Filipe dos Santos, conservateur du château de Gruyères. «Il faut plutôt comparer ce début d’été à ceux de 2013 ou 2012. Par rapport à ces périodes-là, je pense que nous avons quand même une petite baisse.»
Une impression qui ne se base pas encore sur des statistiques. Et qui ne l’inquiète pas outre mesure. «Je suis toujours étonné par rapport au calendrier des visites. Les fluctuations sur le court terme sont difficiles à prévoir et à expliquer.»  Un mois de juillet raté ne présage pas forcément d’une saison ratée. «Le vrai bilan se fera en septembre.»
A la boutique de la Maison du Gruyère, une vendeuse confirme aussi une baisse du panier moyen des touristes. «Ce n’est pas sur le fromage et le chocolat que les diminutions se font ressentir», tempère-t-elle. Les produits phares restent les mieux vendus.


Dirigeants moins inquiets
D’une manière générale, l’inquiétude s’exprime plus au guichet et derrière les comptoirs que dans les bureaux des directions. Ces dernières se veulent rassurantes, misant sur l’ensemble de la saison. Fabienne Porchet, directrice de la Maison du Gruyère: «Ce début de saison plus calme n’est ni alarmant ni exceptionnel. Vu la météo, il est même logique. Et la baisse est faible par rapport à l’année passée.»
Si le fromage n’est pas un produit de canicule, le chocolat non plus. La Maison Cailler, à Broc, a aussi vu le nombre de ses visiteurs et les ventes de sa boutique diminuer. Selon Cassandra Buri, attachée de presse, «tout cela se corrige depuis jeudi dernier.» Là aussi, en relation directe avec la météo. «La part des tour-opérateurs n’a pas changé depuis 2014. Ce sont vraiment les visites individuelles qui font pencher la balance.»
Les courts séjours sont en effet une des caractéristiques du tourisme régional, confirme Pascal Charlet. «La plupart des visiteurs viennent pour la journée ou pour deux ou trois jours. Les locations à la semaine restent relativement marginales. Tous les sites n’ont pas la même structure de clientèle non plus.» Si la Maison Cailler pense que la fin du ramadan va jouer un rôle dans la reprise, pas sûr qu’à Gruyères, les boutiques voient une différence.

 

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Pas de mesures en vue


Concernant le franc fort, La Gruyère Tourisme suit les directives de Suisse Tourisme. «Ce dernier conseille de ne pas baisser les tarifs, mais d’offrir davantage et d’être plus attractifs, indique Pascal Charlet, directeur de La Gruyère Tourisme. Au niveau suisse, nous sommes déjà en dessous de la moyenne des prix.» Son organisme n’aurait de toute façon pas les moyens d’organiser une campagne de crise, le cas échéant. «Nous devons communiquer et faire connaître nos arguments par les canaux habituels, notamment les réseaux sociaux.»
Afin d’attirer les touristes européens, certaines boutiques affichent leur propre taux de change, préférentiel. «1 euro = 1 fr. 20», pouvait-on ainsi lire dimanche, sur la devanture de Suisse Shop, à Pringy. A la Maison du Gruyère, voisine, la directrice Fabienne Porchet préfère rester plus proche du taux officiel, mais avec une nuance. «En général, nous proposons un change à un demi-centime en dessous du taux officiel, en raison des frais. Actuellement, nous avons décidé de le conserver à 1 fr. 10 pour un euro.» XS

 

 

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