Primes déconnectées des coûts réels

| sam, 26. sep. 2015

L’an prochain, une hausse de 4% des primes d’assurance maladie, pour les Fribourgeois adultes, est annoncée. Même si celle-ci reste dans la moyenne suisse, Anne-Claude Demierre, directrice de la Santé, et des affaires sociales, dénonce une augmentation sans rapport avec celle des coûts de la santé.

PAR XAVIER SCHALLER

A Fribourg, les primes d’assurance maladie vont augmenter de 4% pour les adultes, 3,9% pour les jeunes adultes et 4,4% pour les enfants. Calculées par les assureurs et approuvées par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), ces hausses ont fait bondir Anne-Claude Demierre, directrice de la Santé et des affaires sociales (DSAS). Même si la prime moyenne de 401,47 francs reste près de 6,2% en dessous de la moyenne suisse.

Anne-Claude Demierre, vous avez réagi assez vivement à la hausse annoncée des primes fribourgeoises.
Je suis vraiment en colère, par rapport à ces primes. L’augmentation de 4% ne correspond pas du tout à l’évolution des coûts de la santé dans le canton. Nous avons une projection à 2,9%. En conséquence, cette hausse est tout à fait trop importante et elle va grever le budget des Fribourgeois.

Pensez-vous, comme certains conseillers d’Etat d’autres cantons l’ont affirmé, que les bons élèves ne sont pas récompensés?
Le baserate de l’HFR, le tarif payé aux hôpitaux pour les soins aigus, a diminué. Il est passé de 10150 à 9950 francs en 2015. Cela implique que les coûts à charge des assureurs ont diminué.
Par ailleurs, comme le veut la Loi fédérale sur le financement hospitalier, notre participation aux frais hospitaliers devra atteindre 55% en 2017. Depuis 2012, nous prenons en charge 2% supplémentaires chaque année – sauf en 2014. Une économie de neuf millions de francs par année pour les caisses maladie, qu’elles devraient normalement reporter sur les primes.
Au mois d’août, lors de la consultation sur les primes à venir, nous avons pu développer nos arguments. Nous avons notamment constaté que les caisses maladie ont prévu de faire encore des provisions actuarielles, alors que le niveau des réserves ne le justifie pas. Nous avons réussi à faire diminuer de 4,43% à 4%. Ce qui est déjà un petit quelque chose.
Je constate quand même que Fribourg est le canton romand où les primes augmentent le moins pour les adultes. Nous restons ainsi en dessous de la moyenne suisse.

Vous dénoncez surtout l’opacité du système. Que comptez-vous faire?
Cela fait déjà plusieurs années que nous dénonçons l’apocité du système. Personnellement, je mets beaucoup d’espoir dans les nouvelles compétences attribuées à l’Office fédéral de la santé publique. Au 1er janvier 2016, avec la Loi sur la surveillance de l’assurance maladie, l’OFSP pourra refuser une augmentation de prime. S’il y a trop de provisions par exemple. Jusqu’à maintenant, il ne peut qu’inciter les assureurs à modérer leurs augmentations.

Si l’OFSP ne parvient pas à endiguer les augmentations de primes, songez-vous à des actions cantonales?
J’ai l’intention de proposer au Conseil d’Etat de mettre en œuvre cette clause du besoin pour l’équipement médical lourd, comme l’a fait le canton de Vaud. Nous avons une base légale dans la loi fribourgeoise sur la santé et un projet est sur ma table. Mais le même genre de projet, dans le canton de Neuchâtel, a été l’objet d’un recours, avec un arrêté du Tribunal cantonal. Nous analysons comment adapter notre projet en fonction de cette nouvelle donnée.
Il est clair qu’avoir des instruments de pilotage pour maîtriser l’augmentation des coûts est nécessaire.
En ce qui concerne l’idée d’une caisse publique cantonale, je suis attentivement les différentes discussions dans les cantons. Pour Fribourg, c’est un peu différent, puisque la population a voté contre la caisse publique nationale, l’an passé, alors que la population de cantons voisins l’avait acceptée. J’ai, dès lors, moins de légitimité pour empoigner ce dossier. Le cas échéant, la population devra de toute façon être consultée.

En 2014, un peu plus de 80000 Fribourgeois, soit près de 27% de la population, ont bénéficié d’une réduction de primes. Doivent-ils s’inquiéter?
Avec les augmentations, les réductions de primes coûteront un peu plus de trois millions de francs supplémentaires à l’Etat. Ce montant est intégré au budget qui sera présenté la semaine prochaine. Mais, parce qu’il y a un mais, le montant global pour ce poste (152 millions) est le même en 2016 qu’il était en 2015.
Concrètement, les 12000 personnes au bénéfice de prestations complémentaires ont droit, par la loi fédérale, à la prime moyenne cantonale. L’aide va donc augmenter pour ces personnes-là.
Par contre, pour les autres, une adaptation sera faite dans les barèmes. En diminuant le pourcentage pris en charge, voire en diminuant un peu la prime de référence.

 

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