Importante échéance en vue pour Moléson et Charmey

| mar, 24. nov. 2015

 Inaugurés en 1998, le funiculaire de Moléson et le Rapido Sky de Charmey doivent renouveler leur autorisation d’exploiter en 2017. Une opération délicate sur le plan administratif mais qui garantit le respect des exigences sécuritaires pour les vingt prochaines années au moins.

Par Jean Godel

 

Mais oui, le funiculaire de Moléson et la télécabine de Charmey, le Rapido Sky, inaugurés tous deux en 1998, auront bientôt 20 ans. Et 20 ans, pour des remontées mécaniques, c’est l’âge du premier renouvellement de l’autorisation d’exploiter. La concession ayant été délivrée en 1997, les deux stations devront renouveler l’autorisation d’exploiter en 2017. Autant dire demain.


Si la concession est l’autorisation administrative de relier un point A à un point B, l’autorisation d’exploiter, elle, assure que l’installation répond à toutes les exigences sécuritaires. «Ce n’est pas une expertise qui donne un feu vert une fois pour toutes pour les vingt prochaines années, précise d’emblée Guy Morier, directeur et chef technique de Télécabine Charmey-Les Dents-Vertes en Gruyère SA. Mais une radiographie des installations au temps T qui, en outre, détaille les opérations de maintenance à effectuer pour garantir la sécurité pour toute la durée de l’autorisation. Notre installation doit être chaque année en règle sur le plan de la sécurité.» D’où l’importance, pour Charmey et Moléson, d’une telle échéance.
 

Procédures modifiées
Surtout que les procédures ont radicalement changé depuis l’entrée en vigueur, en 2007, de la nouvelle Loi sur les installations à câbles (LICa). Avant,
raconte Antoine Micheloud, directeur des remontées mécaniques de Moléson, un ingénieur de l’Office fédéral des transports (OFT) – l’administration qui délivre les autorisations – venait lui-même inspecter les installations et rédigeait un rapport détaillant les mesures à prendre. Les exploitants exécutaient les travaux exigés que l’OFT venait ensuite vérifier avant de délivrer la précieuse autorisation. Un certain partenariat existait donc.

Avec la nouvelle LICa, la démarche est tout autre. L’OFT n’assume plus de responsabilité directe mais s’assure, sur la base d’un dossier purement administratif fourni par l’exploitant, que celui-ci connaît parfaitement l’état de son installation. C’est ce qu’on appelle son devoir de diligence: à tout moment lui incombe la responsabilité de prendre toutes les mesures pour assurer la sécurité de son installation. L’OFT, lui, n’effectue pas de contrôles techniques et d’exploitation plus poussés.

«Depuis 2007, on n’entend que ça, s’amuse Guy Morier: c’est à nous de prendre nos responsabilités…» En cas d’accident, l’OFT est déchargé de tout engagement – c’est d’ailleurs à la suite d’un accident mortel sur une installation à câble que ce changement de philosophie a eu lieu.

Second regard exigé
Un autre changement a aussi eu lieu depuis 2007. Pour connaître l’état de leurs installations, les exploitants doivent désormais demander une expertise (des rapports d’état) à des experts privés qui édictent les mesures à prendre pour garantir la sécurité. Pour toute transformation d’envergure, un «second regard» est même exigé. «A la base, je peux comprendre», assure Antoine Micheloud. Le problème, c’est que cela complique et renchérit les démarches.
Prenons l’exemple du funiculaire reliant Moléson-Village à Plan-Francey. L’installation comporte trois parties: les ouvrages de génie civil (les socles des piliers porteurs), la mécanique et la télésurveillance. «Eh bien, on doit demander trois rapports d’experts pour prouver que chacun de ces domaines garantit la sécurité des passagers.» Cerise sur le gâteau: là encore, ce sont les exploitants qui assument les responsabilités en cas d’accident.

La démarche pose un autre problème. Lors de la construction du funiculaire, il existait six ou sept fabricants sur le marché. Aujourd’hui n’en restent plus que trois dans le monde, dont le Suisse Garaventa, constructeur du funiculaire. C’est donc vraisemblablement Garaventa qui va établir le rapport d’état ainsi que les mesures à prendre. Des mesures que Garaventa va réaliser.

Evidemment, c’est logique, et Antoine Micheloud ne le conteste pas – «on ne va pas faire expertiser sa Peugeot chez Toyota». Mais cela pose un certain nombre de questions en termes de concurrence. Sans parler de la pression sur l’expert mandaté qui peut du coup être tenté d’en faire trop, au risque de renchérir la procédure.

Coûts à la hausse
Bien sûr, cette nouvelle façon de faire complique aussi les démarches pour les nouvelles installations. Rien que pour le futur télésiège des Joux, le patron de Moléson estime le surcoût de ce «second regard» à 100000 francs. La procédure est bien entendu la même pour les audits intermédiaires.

Pour le renouvellement de l’autorisation d’exploiter le téléphérique sommital, cela sera même encore plus complexe, avertit déjà Antoine Micheloud. En effet, dans ce genre d’installation, presque chaque pièce est unique: «Nous devrons donc fournir des rapports d’experts non seulement sur chaque pièce, mais aussi sur les interactions entre tous les sous-systèmes.»


Mais nous n’en sommes pas là et le responsable de Moléson se dit confiant: les démarches concernant le funiculaire sont sous contrôle. La station pilote elle-même le dossier et les contrôles réguliers faits depuis 1998 sur le génie civil et la mécanique n’ont rien révélé d’alarmant. Tout au plus faudra-t-il mettre à jour la partie télésurveillance (électricité et informatique): «C’est comme pour un Mac, sourit Antoine Micheloud: c’est ça qui vieillit le plus vite.» Les rapports nécessaires seront commandés l’an prochain.

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