«Heureux de gagner cette course spéciale»

| lun, 23. nov. 2015
Tadesse Abraham

Tadesse Abraham a offert le plus joli des cadeaux aux organisateurs de la Corrida bulloise: une victoire suisse pour le 40e anniversaire. Chez les dames, Helen Tola Bekele était sans rivale. Les régionaux Mathieu Clément et Dimitri Sallin racontent leur première fois en élites.

Par Karine Allemann

Tadesse Abraham avait la victoire joyeuse, samedi. Les bras en papillon au moment de passer la ligne d’arrivée, le «Hop Suisse!» d’usage pour saluer cette victoire helvétique et une petite foulée en sens inverse dans la Grand-Rue, histoire de taper dans les mains d’un public enthousiaste. Un public ravi, mais peu fourni, la pause forcée de quarante minutes en ayant refroidi plus d’un. En effet, la parade des taureaux de Camargue, prévue pour célébrer le 40e anniversaire de la Corrida bulloise, a dû être annulée. Vendredi, les bêtes ont été retenues par les douaniers français pour une tracasserie administrative. Dès lors, le début des courses élites a été donné quarante bonnes minutes après la fin des populaires. Bon nombre de spectateurs avaient trouvé refuge dans un endroit chaud, la neige et le froid ayant décidé de saluer à leur manière ce 40e anniversaire.

Mais le spectacle et le suspense ont récompensé les courageux. Longtemps dans un trio de tête avec deux Kényans
– Patrick Ereng et Dickson Kurui – puis avec Ereng pour seul adversaire, le marathonien d’origine érythréenne a remporté son mano à mano. «Je connais très bien Patrick, explique Tadesse Abraham. Nous avions la même force et chacun a “tiré” à tour de rôle. Je savais qu’il s’arrêtait souvent après 50 mètres. Environ 200 mètres avant l’arrivée, j’ai vu qu’il n’avait pas appuyé suffisamment et j’en ai profité pour attaquer. J’étais sûr que si on devait sprinter, je serais meilleur que lui.»

Le marathonien de 33 ans n’a pas boudé son plaisir, samedi soir à Bulle. «Aujourd’hui, c’était une course très particulière. Je suis heureux que les organisateurs puissent dire qu’un Suisse a gagné cette 40e édition.» Ceux-ci n’ont d’ailleurs pas manqué de lui tomber dans les bras dans l’aire d’arrivée. Depuis Pierre Délèze en 1993, en effet, aucun coureur helvétique n’avait réussi à battre les athlètes africains. En mai 2015, il avait déjà offert le même cadeau aux organisateurs du Grand Prix de Berne, qui attendaient un succès helvétique depuis celui de Markus Ryffel, en 1989. Autant dire que Tadesse Abraham a succédé coup sur coup à deux icônes de l’athlétisme.  «Pour moi aussi c’est spécial, savoure d’ailleurs le Genevois d’adoption. J’étais même assez stressé avant la course. Au final, il s’agit de ma troisième victoire ici et j’en suis très heureux.»
 

Objectif Rio 2016
Même le froid n’a pas gâché la bonne humeur du vainqueur. «J’habite en Suisse depuis douze ans. J’ai fini par m’habituer à la météo…» Une chance, puisque l’homme devra ressortir les gants de laine pour la suite des courses en ville, l’Escalade de Genève notamment (12 décembre).

Arrivé en Suisse en tant que requérant d’asile à l’âge de 19 ans, Tadesse Abraham a reçu son passeport helvétique en 2014. Vainqueur notamment trois fois du Grand Prix de Berne (10 miles), deux fois du marathon de Zurich et, cette année, du Semi-marathon de Barcelone, Tadesse Abraham est l’une des grandes stars de l’athlétisme suisse. Après sa 9e place au marathon des championnats d’Europe de Zurich, en 2014, et sa 19e aux Mondiaux de Pékin cet été, son grand objectif sera le marathon olympique de Rio 2016. «Un mois avant les Jeux, je vais participer aux championnats d’Europe de semi-marathon, à Amsterdam. Cela constituera la préparation idéale avant Rio.»

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La foulée puissante et le triomphe modeste

Helen Tola Bekele a eu, elle, la victoire facile. Et le triomphe modeste, pour le moins. La ligne d’arrivée franchie avec 51 secondes d’avance sur sa poursuivante (un chrono final de 19’52), l’Ethiopienne de 21 ans était tremblante de froid jusqu’à ce qu’une bonne âme lui apporte une couverture chauf­fante. Attendant patiemment la cérémonie de remise des prix à côté de la vachette, toujours un peu impres­sion­nan­te, elle a ensuite rejoint son hôtel en toute simplicité.

Si elle n’a pas la foulée aussi légère que Maryam Jamal, trois fois vainqueur à Bulle en 2003, 2004 et 2012 – personne n’égale l’élégance de la championne du monde et médaillée olympique sur 1500 m – Helen Tola Bekele a la foulée puissante et efficace. «Elle fait partie d’une nouvelle génération de coureuses», note Isabelle Charrière, responsable de l’engagement des athlètes pour la Corrida. «Elle avait déjà terminé 3e de Morat-Fribourg. Je pense qu’il s’agit de sa première saison en Europe. Mais je suis assez sûre que nous la reverrons sur des courses en Suisse. Elle fait partie du team d’Eticha Tesfaye et, en général, il s’occupe d’athlètes de très bon niveau.» A noter que la vainqueur de Morat-
Fribourg Sutume Asefa n’était finalement pas présente à Bulle.
 

Le bon jour de Martina Strähl
La meilleure Suissesse a été Martina Strähl, 4e en 20’58. Soit un excellent résultat pour la championne du monde 2015 de course en montagne. «Le rythme était rapide, mais j’étais vraiment dans un très bon jour, apprécie l’athlète du LV Langenthal. J’ai réussi à donner du tempo avec Laura Hrebec et, vers la fin, j’ai eu plus de force qu’elle. Le froid n’a pas été gênant, car le sol n’était pas gelé. Et j’avais de bonnes jambes. Vraiment, c’était un très bon jour pour moi.»

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