«Carlotta», la création d’un nouvel opéra

| mar, 15. déc. 2015

L’Opéra de Fribourg s’offre pour sa trentième édition une œuvre unique: Carlotta ou la Vaticane. Le compositeur Dominique Gesseney-Rappo explique sa démarche musicale.

PAR SIMON ROSSIER


Il fallait oser! Un projet ambitieux et prometteur, c’est le moins qu’on puisse dire. A partir du dernier jour de 2015, l’Opéra de Fribourg propose une création lyrique d’envergure: un nouvel opéra. L’idée date déjà de quelques années, et a mis du temps à prendre corps. C’est fait. Alexandre Emery, directeur artistique, confie le livret à Christophe Passer, et la musique à Dominique Gesseney-Rappo. Voici donc Carlotta ou la Vaticane, une première pour le compositeur, qui semble être la continuation (la consécration?) de son parcours musical. L’occasion de lui poser quelques questions sur ce travail compositionnel auquel il s’adon­ne depuis deux ans.

Comment en êtes-vous venu au genre de l’opéra?
Mon cheminement musical a rendu presque naturelle cette envie d’écrire un opéra. Logique dans tous les cas. J’ai été amené à composer passablement de musique chorale – chanson, cantate, musique de scène, etc. Il y a une dizaine d’années, j’ai ressenti le besoin d’explorer d’autres univers sonores, ce qui m’a conduit à m’intéresser à la musique de chambre et à la musique orchestrale. Les découvertes de ces dernières années m’ont passionné, et l’idée d’écrire un opéra s’est imposée puisque ce genre réunit voix humaine (solistes et chœurs), orchestre et scène.

Comment la structure de votre opéra a-t-elle été organisée?
L’opéra privilégie un déroulement continu de la musique. Il n’y a donc pas de séparation entre airs et récitatifs. J’ai choisi d’utiliser tout de même du récitatif en fonction des besoins du livret, mais sans préparation particulière. Ces séquences peuvent être très courtes, parfois plus longues. L’auditeur ne s’en rendra pas nécessairement compte.

Pourriez-vous définir votre style de musique?
Question délicate! Dans Carlotta, je me suis attaché à adapter le langage musical aux différentes atmosphères imposées par le récit. Une scène amoureuse appelle une musique détendue, lyrique. Inversement, une séquence plus inquiétante impose des sonorités en rapport avec l’action engagée. Le défi de cette démarche, qui s’apparente un peu à la manière de penser une musique de film, consiste à construire une esthétique et un langage homogènes, cohérents tout au long de l’œuvre.

Avez-vous justement des œuvres qui vous ont inspiré pour cette esthétique?
Plutôt que de citer des œuvres, je donnerais volontiers le nom de deux compositeurs qui ont particulièrement attiré mon attention dans leur manière de développer leur écriture pour l’opéra: Giacomo Puccini et Benjamin Britten. Les deux font preuve d’une grande maîtrise tant au niveau du discours que dans des détails utiles pour dépeindre les personnages, ou la dramaturgie.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées lors de l’écriture de Carlotta?
Cet opéra représente ma première expérience dans le domaine. Trouver la bonne manière de penser la composition, la structure qui me permet de développer une musique sur une si longue durée n’a pas été chose simple. Il m’a fallu oublier mes méthodes habituelles de travail et accepter de construire la forme à partir du texte. Cela paraît simple…

Si on vous le demandait, accepteriez-vous d’écrire un deuxième opéra?
L’expérience s’est révélée passionnante. Bien sûr!

 

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La genèse d’une œuvre
A l’origine du projet se trouve un fait divers à la fois dramatique et nimbé de mystère. En 1988, le commandant de la garde suisse, son épouse et un jeune homme sont retrouvés morts dans leur appartement au Vatican. Les circonstances du drame restent floues et donnent lieu à toute une série d’hypothèses, suscitant même pas mal de fantasmes. Stéphane Sapin, ancien garde suisse, en fait d’ailleurs un livre. Lors d’une discussion, l’auteur et Alexandre Emery décident de s’en inspirer pour un livret d’opéra. Il est important de préciser que le drame n’est que l’élément déclencheur de la nouvelle œuvre lyrique, et non une clé de lecture pour ce fait tragique.
L’écriture fut d’abord proposée à Jacques Chessex, qui n’a pas réalisé le projet. Alexandre Emery demande alors à Christophe Passer, rédacteur en chef adjoint du Matin Dimanche, de rédiger le livret. Ce dernier accepte avec enthousiasme.
Carlotta sera créé le 31 décembre au théâtre Equilibre, à Fribourg, avec pour le rôle-titre la soprano Claudia Moulin. Sous la baguette de Laurent Gendre, solistes, chœurs et orchestre y représenteront l’opéra jus­qu’au 17 janvier. Une séance est également prévue le 24 janvier au CO2 de La Tour-de-Trême. SiR

 

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Carlotta l’irrésistible
Opéra en trois actes, Carlotta ou la Vaticane parle d’amour, évidemment. L’action se déroule dans l’enclave pontificale, principalement auprès de la garde suisse, un milieu plein d’ambitions et de passions, dans lequel notre Vaticane est jalousement convoitée: par son amant, Tibère, mais également par son maître Konrad, futur commandant de la garde suisse. Les interventions mesquines d’un prêtre corrompu, Don Eliseo, ne vont faire qu’envenimer les affections et les rivalités de ce triangle amoureux. Au-delà de la tension dramatique, c’est le rapport-même qu’entretient l’Eglise avec la femme qui est problématisé dans les personnages antagonistes de Don Eliseo et de Carlotta. La tragédie pourra-t-elle être évitée? SiR

 

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