«Ce serait dur de voir qu’on vend ou qu’on détruit une chapelle»

| jeu, 24. déc. 2015

Dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, l’année 2015 a été marquée par l’accord conclu en vue d’indemniser les victimes de prêtres. Les finances ne sont pas au beau fixe et, entre la gestion des bâtiments et celle du personnel, des choix difficiles s’annoncent.


PAR XAVIER SCHALLER

Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, revient sur le temps fort de l’année 2015 et le Jubilé de la miséricorde que vient d’inaugurer le pape François.

Au niveau du diocèse, quels ont été selon vous les temps forts de cette année 2015?
Je ne sais que vous répondre. Que notre diocèse compte maintenant trois conseillers fédéraux sur sept. Comme le diocèse de Bâle d’ailleurs.

Vous pourriez mentionner votre élection à la présidence de la Conférence des évêques suisses (CES)?
Je n’y ai pas pensé du tout. Il faut dire que je ne serai président qu’à partir du 1er janvier. Donc ça n’a pas encore changé grand-chose.

Alors la décision de la RTS de supprimer trois émissions religieuses?
Cela m’a évidemment interpellé. Alain de Raemy est responsable des médias à la CES. C’est lui qui réagit officiellement, mais nous avons le même avis. Actuellement, on voit assez l’importance d’avoir des journalistes capables d’analyser les phénomènes religieux. Cela fait partie des clés de compréhension de l’actualité.

La RTS n’est pas la seule à connaître des soucis de budget. Est-ce que vous estimez que ceux du vicariat et de l’évêché vont s’accentuer en 2016?
Il y a quatre cantons dans ce diocèse: Fribourg, Vaud, Genève et Neuchâtel. Le canton de Fribourg est celui où, par le biais des impôts ecclésiastiques, il y a le plus d’argent dans les caisses de l’Eglise. C’est aussi celui où l’on se trouve avec le plus de difficultés.
Une partie des difficultés vient du fait qu’il y a beaucoup de bâtiments à entretenir. Que faire de ces édifices? Cette question, très délicate, va se poser de manière croissante. Symboliquement, ce serait très dur pour les gens d’une région de voir qu’on vend ou détruit une chapelle de chez eux. Il existe déjà des bâtiments désaffectés, surtout des petites chapelles, mais cela signifie seulement qu’on ne les utilise plus comme lieu de culte régulier.

Selon le vicaire épiscopal Rémy Berchier, certaines paroisses préfèrent rénover des bâtiments encore en bon état que participer aux frais de fonctionnement du vicariat ou de l’évêché.
Il est évident qu’il faut mettre l’accent sur les personnes pour que la pastorale ait lieu. Je pense exactement la même chose. S’il n’y a que les bâtiments…
Pour faire un rapport entre plusieurs questions, je réfléchis à la création d’un diocèse de Genève. Ce nouveau diocèse serait financièrement viable, ce qui est une des conditions posées par le Vatican. Le problème se situerait alors à Fribourg, car l’évêché ne tournerait pas sans les subventions genevoises. La Corporation ecclésiastique à Fribourg collabore, mais avec plus de difficulté que dans les trois autres cantons. Il économise pour tout, alors il veut aussi économiser par rapport à nous.

L’indemnisation des victimes de prêtres, jusqu’à 20000 francs par cas, vont-elles beaucoup grever les finances de l’évêché?
Ces sommes seront réparties entre les différents diocèses suisses et les différentes congrégations. Car les prêtres des congrégations ne dépendent pas de l’évêché.


Combien de demandes pensez-vous recevoir?
Le nombre de personnes qui peuvent se présenter, je ne le connais pas. Et parmi elles, combien vont demander quelque chose? Il y a des réactions extrêmement différentes. Des gens sont venus parler avec moi et ne voulaient rien d’autre que ce dialogue. D’autres ressentent le besoin d’un signe plus concret.
Psychologiquement, certaines victimes se sentent responsables de ce qui est arrivé. Si on leur donne quelque chose, cela leur montre bien qu’en fait ce n’était pas de leur faute.
Deux types de commissions seront à disposition. Celle interne à l’Eglise et une autre, que nous sommes en train de mettre sur pied: la CECAR (commission d’écoute, de conciliation, d’arbitrage et de réparation). Des victimes d’abus, des représentants de l’Eglise et des personnalités neutres y seront représentés.
Si quelqu’un est mal parti dans la vie à cause d’abus – abus sexuels, mais aussi manque d’éducation dans les cas d’enfants placés – on n’arrive jamais à compenser ça financièrement. Mais donner quelque chose, oui.

Le pape vient de célébrer le début du Jubilé de la miséricorde. Pouvez-vous expliquer de quoi il s’agit?
Le pape François a voulu l’ouverture de cette année sainte au 50e anniversaire du Concile Vatican II, qui s’était terminé le 8 décembre 1965. A l’époque, Jean XXIII avait dit, en substance, que l’Eglise devait saisir les armes de l’amour et de la miséricorde plutôt que celles de la sévérité. L’idée du pape est que l’Eglise fait voir que Dieu nous aime, que l’on ne peut pas vivre sans pardon et que ce pardon nous est offert.
A l’occasion du jubilé, le pape recommande notamment un pèlerinage à Rome. Le diocèse en organisera un au mois d’octobre.

Les portes de la miséricorde offriront d’autres lieux de pèlerinage, plus accessibles.
Durant l’année sainte, il y a toujours le symbole d’un pèlerinage. Ces portes sont le symbole d’un passage. Pas seulement pour aller d’un lieu à un autre, ce qui peut être bon pour la santé, mais aussi pour un cheminement intérieur.
Dans notre diocèse, il y aura des portes à Notre-Dame-de-Compassion, à Bulle, et à Notre-Dame-des-Marches, à Broc. Mais aussi à Bourguillon, à Siviriez, à la cathédrale et dans les trois basiliques Notre-Dame de Lausanne, Genève et Neuchâtel.

L’année 2015 a aussi été marquée par l’encyclique Laudato si sur l’écologie humaine. Savez-vous si le Vatican a envoyé une délégation à la COP21, à Paris?
Quand le pape François parle de la miséricorde en lien avec l’écologie, il dit qu’il existe une certaine solidarité dans l’ensemble de la création et un sens du bien commun par rapport aux générations futures. Les questions sociales et écologiques sont liées selon lui, puisque l’impact de la pollution atteint d’abord les personnes les plus pauvres. Le Vatican avait en effet un représentant à Paris.

Quels sont vos projets pour Noël?
Je vais célébrer la messe. Celle de minuit à Neuchâtel et celle du jour de Noël à la cathédrale à Fribourg. C’est assez fatiguant. Après la messe de minuit, je bois un verre avec les gens à Neuchâtel. En gros, ça se termine à trois heures du matin et je dois être vers 9 h 30 à la cathédrale.
Après, je prendrai des vacances. J’en prends deux fois durant l’année: après Noël et durant l’été, pour avoir deux coupures.

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