«La Fédération gruérienne ne peut pas soutenir ce projet»

| sam, 09. Jan. 2016

Trois corps de pompiers gruériens sont totalement opposés à la proposition de fusion du préfet. La Fédération gruérienne des sapeurs-pompiers, par la voix de son président Antoine Barras, l’explique. Le commandant du Centre de renfort soutient, lui, ces modifications.

PAR SOPHIE MURITH

Antoine Barras, président de la Fédération gruérienne des sapeurs-pompiers – également commandant du corps intercommunal Grevîre – fait part des inquiétudes de cette dernière après la présentation du plan de fusion des corps de sapeurs-pompiers du district (La Gruyère du 28 novembre 2015). La crainte principale: une perte de qualité du service actuel pour effectuer des économies discutables, selon lui. Les Conseils communaux ont jusqu’à la fin du mois pour se déterminer sur la fusion en trois corps, en plus du Centre de renfort, et la création d’une permanence basée à Bulle, durant la semaine.

Quelle est la position de la Fédération gruérienne sur la fusion?
La fédération ne peut pas soutenir ce projet tel quel. Après la présentation du préfet, nous avons envoyé un questionnaire aux quatorze corps de sapeurs-pompiers gruériens pour connaître leur sentiment à ce propos. Avec son retour, nous pouvons dire que la moitié des corps y est favorable, un quart reste à convain-cre. En tout cas, trois corps (La Sionge, Marsens/Echarlens et le CSPi Grevîre) sont absolument contre. Il faut pourtant que ce projet devienne commun. Les pompiers n’ont pas eu leur mot à dire. Nous aurions aimé être consultés.

Pourtant, il y avait des pompiers dans le groupe de travail…
Certains ont participé. Selon nous, ils n’étaient pas représentatifs, même si certains venaient de Sorens ou de Bellegarde. En tout cas, beaucoup de corps espèrent que la préfecture consultera les gens du terrain pour la mise en application.

Sur quels points se portent vos doutes?
La centralisation des intervenants à Bulle durant la semaine amène des points positifs. Mais le gros souci se trouve être le temps de déplacement. La périphérie ne va pas y gagner. Même si les pompiers encasernés peuvent sauter dans les camions, Haut-Intyamon, Sâles, La Roche, et toute la rive droite ne pourra pas être atteinte dans le temps imparti par FriFire. Les corps locaux devront toujours se déplacer. Dans le nouveau système, ils pourront toujours être alarmés en cas de besoin. Les permanents sont censés, eux, les décharger des petites interventions qui se produiraient durant la journée, comme les inondations. En cas d’alarme simultanée, les corps locaux devront également intervenir. La permanence actuelle est donc maintenue. Il a beaucoup été question d’argent lors de la présentation du préfet, le nerf de la guerre. Mais les aspects techniques et organisationnels restent flous, notamment l’implantation des casernes, l’organisation des alarmes. Le nombre de 12 permanents pour assurer la présence chaque semaine de l’année de huit pompiers en intervention semble trop bas.
Il peut y avoir des blessés, des malades, des personnes en vacances. Il faudrait l’augmenter à 15 et donc s’attendre à des coûts supplémentaires.
 
La mission permanente des pompiers (sécuriser, sauver, tenir, éteindre) peut-elle être assurée selon vous?
Selon certains, ce n’est pas sûr. Les délais de déplacement seront plus longs. Surtout s’il faut perdre encore trois ou quatre minutes à trouver l’emplacement du sinistre sur une carte. Le GPS ne connaît pas tous les lieux-dits.

Les fusions sont pourtant censées amener plus de sécurité…
C’est leur but. Mais si l’on prend le cas de l’Intyamon: les pompiers d’Albeuve devront se rendre au local, à Neirivue, pour s’équiper, avant de se rendre sur un sinistre à Enney. S’il y a une personne à sauver dans une maison, ce n’est pas sûr qu’on y parvienne. On me rétorquera que les pompiers de Bulle se déplaceront aussi. Mais ils sont en limite de temps également. Il suffit que les conditions météo soient mauvaises ou la H189 encombrée, malgré la sirène et les feux bleus, le temps de déplacement n’est pas garanti.

Dans les corps locaux, beaucoup s’investissent dans le souci de participer à la vie du village. Est-ce qu’ils vont continuer à le faire dans des entités plus grandes?
L’esprit de camaraderie et l’envie de rendre service jouent un grand rôle. Nous avons peur que cela disparaisse. Dans notre questionnaire, nous avons interrogé les états-majors sur l’effet de la proposition sur le recrutement. En règle générale, on nous affirme que cela ne va pas l’améliorer, bien au contraire.

Est-ce que le renforcement du Centre de renfort pose problème selon vous?
Pour certains, cela signifie clairement que les interventions des corps locaux seront accaparées par le Centre de renfort. Ce n’est peut-être pas le cas. Je ne connais pas les intentions du Centre de renfort. Il existe une crainte, que le CR devienne trop présent.

Pourquoi seulement six corps sur les 14 gruériens sont compatibles avec FriFire alors qu’ils avaient jusqu’à fin 2015 pour se mettre aux normes?
Cela n’est pas uniquement dû aux finances. Le CSPI Grevîre ne pourra, par exemple, jamais être compatible. Tout simplement parce qu’il existe une zone, Moléson-Village, qu’il est impossible d’atteindre en quinze minutes. Même avec la permanence et un local à Gruyères. Au même titre qu’Abländschen ou qu’Allières. Ces exceptions n’ont pas été prises en compte. La solution proposée n’y changera rien.
Actuellement, les corps remplis-sent leur mission. Il y a certes des améliorations à apporter mais, dans tous les villages, on peut se sentir en sécurité. La différence des coûts vaut-elle la peine de déstabiliser un système qui fonctionne? Il coûte cher, mais la proposition serait-elle moins onéreuse? Le plan financier est bien ficelé, mais le budget de base ne sera pas forcément respecté. Par exemple, un montant de 600000 fr. est prévu pour la construction de caserne neuve. C’est insuffisant. Le salaire des 12 engagés permanents coûtera 1,44 mio de francs par an. Contrairement à ce qui est dit, la diminution des soldes découlant de la diminution du nombre de sapeurs, qui passera de 780 à quelque 580, ne va pas compenser ces coûts.

 

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«Nous avons atteint les limites»
Roland Gachet, commandant du Centre de renfort de la Gruyère et membre du groupe de travail nommé par la préfecture, réfute les velléités d’accaparer les interventions que lui prêtent certains corps locaux. «Aujourd’hui, les interventions des corps locaux durant la journée se réduisent à des inondations. Le CR s’occupe déjà des feux, des hydrocarbures, de la chimie et des désincarcérations. Et deux membres de chacun des trois corps seront intégrés à la permanence.» Aux doutes sur sa centralisation et l’allongement du temps de déplacement subséquent il oppose l’expérience de la police et des ambulances, basées à Vaulruz pour tout le Sud et aussi liées à la survie des personnes. Pour Roland Gachet, la fusion est «la meilleure solution» pour parer au manque de personnel, pour garantir la qualité du matériel et de la formation, sans trop de frais. «Nous avons atteint les limites du système. Sur 279 interventions du CR en 2014, 150 se sont faites durant une journée en semaine. Nous nous devons de les assurer, mais de moins en moins de pompiers peuvent être libérés durant le travail. La situation devient très compliquée.» SM

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