180 requérants d'asile seront accueillis à la caserne de Grandvillard

| mer, 13. Jan. 2016
La place d'armes de Grandvillard permettra d'héberger quelque 180 migrants. (photo Chloé Lambert)

Le camp militaire gruérien hébergera 180 demandeurs d’asile de février à la fin août. Une soirée d’information aux citoyens de la commune est prévue mercredi 20 janvier. Du côté de la commune et de la Préfecture, on compte sur le soutien de la population.

PAR YANN GUERCHANIK

Un centre d’hébergement temporaire pour requérants d’asile ouvrira au camp militaire de Grandvillard. Il est prévu d’y accueillir un maximum de 180 migrants, dont des familles. Propriétaire, la Confédération exploitera ainsi le site à partir de février jusqu’au 31 août 2016, «sans possibilité de prolongation», précise-t-elle.
Le Service d’Etat aux migrations (SEM) a pris contact avec le canton, la Préfecture et le Conseil communal. Une convention a été signée entre les parties. Une séance d’information à la population aura lieu mercredi prochain, à 19 h 30, à la halle de gymnastique du camp militaire.
Les citoyens de la commune ont appris la nouvelle par l’intermédiaire d’un tout-ménage parvenu dans leur boîte aux lettres hier matin. Dans un communiqué envoyé le même jour, la Confédération explique son souci d’augmenter sa capacité d’accueil.


Compréhension espérée
Avec le foyer à Enney (temporaire lui aussi) et celui des Passereaux à Broc (permanent), c’est donc un troisième lieu d’hébergement de requérants d’asile qui ouvre en Gruyère. Par le passé, à la fin des années 1980 notamment, les séances de présentation publique se sont souvent révélées houleuses dans le district. L'année dernière, on se souvient aussi que le centre fédéral prévu en 2017 à Chevrilles, en Singine, avait suscité des réactions, pour certaines très hostiles.
Il y a quelques mois pourtant, la séance de présentation du foyer d’Enney s’était déroulée dans un climat serein (La Gruyère du 10 octobre). C’est au contraire l’entraide et la solidarité qui avaient prévalu. Les autorités locales, à commencer par le préfet de la Gruyère, espèrent bien qu’il en ira de même cette fois encore.
«La population est au courant du phénomène migratoire. J’ai l’espoir qu’elle saura se montrer sensible.» Et Patrice Borcard de relever le caractère «provisoire» du centre d’hébergement. «De plus, nous avons pu mener des négociations avec la Confédération et le canton afin de s’assurer, entre autres, que les critères de sécurité seront remplis.»
De son côté, la syndique Marie-Claire Pharisa espère de même que les citoyens de Grandvillard seront compréhensifs. «Le Conseil communal, pour sa part, s’est montré favorable. Je crois que la plupart d’entre nous sommes sensibles au sort de ces gens.»
Pour ce qui est de la question financière, ni la commune ni le canton ne devront bourse délier. «L’encadrement et la sécurité au sein du centre incombent au SEM, qui confie ces tâches aux sociétés privées ORS Service AG et Securitas SA», communique la Confédération.


Favoriser la cohabitation
Autre question primordiale pour la commune: la halle de gymnastique. Les plus de 200 élèvent du cercle scolaire Bas-Intyamon - Granvillard utilisent en effet celle du camp militaire. «Nous avons convenu que cela ne changerait pas», affirme la syndique.
Lorsqu’elle signe une telle convention, la Confédération ne manque généralement pas d’encourager la commune à mettre sur pied des programmes d’occupation en faveur des migrants ou de proposer des travaux d’intérêt public. «C’est une possibilité que nous allons prendre en compte», confie Marie-Claire Pharisa. Quoi qu’il en soit, la syndique est d’avis que «plus les citoyens s’impliqueront, mieux cela se passera.»
Par ailleurs, afin de préparer au mieux la cohabitation, l’idée du groupe d’accompagnement sera sans doute rééditée. Elle consiste à réunir toutes les bonnes volontés au sein d’un même projet porté par l’Unité pastorale de Notre-Dame de l’Evi et son curé modérateur l’abbé Claude Deschenaux.
«A Enney, cela a donné de très bons résultats, commente le préfet Patrice Borcard. Nous avons reçu beaucoup de dons. Des gens se sont proposés pour organiser des visites, des cours de langues ou autre chose. Cette générosité fait plaisir à voir.»
Et qu’en est-il des sociétés de jeunesses dont le préfet suggérait, au moment de l’ouverture du foyer d’Enney, qu’elles s’impliquent elles aussi? «L’idée fait son chemin. Ce serait bien que des contacts s’établissent entre les jeunes des sociétés et les jeunes migrants. Qu’une activité les réunisse, un match de foot par exemple.»
Dans un village de 800 habitants, l’arrivée de 180 requérants d’asile suscite forcément des interrogations. Elle peut aussi être synonyme d’occasions. La population est conviée à en discuter mercredi 20 janvier.

 

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Un centre fédéral
Contrairement aux foyers de Broc et d’Enney, le centre qui va s’ouvrir à Grandvillard est fédéral. Il est destiné à appuyer les cinq centres d’enregistrement que compte le pays. En résumé, il s’agit de ne laisser aucun demandeur d’asile dormir dehors lorsqu’il arrive en Suisse. Ces derniers sont ensuite transférés dans les différents accueils prévus par les cantons. Une grande différence est donc la durée des séjours: elle est au maximum de 90 jours dans un centre fédéral, «mais généralement entre 20 et 30 jours», explique la porte-parole du secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) Céline Kohlprath. Alors que cela dure en principe entre trois et six mois, voire davantage, dans un foyer cantonal.
L’année dernière, le SEM a fait face à une arrivée de demandeurs d’asile plus importante que ces quinze dernières années (34653 de janvier à novembre). Aussi, pour assurer correctement l’accueil, il a plus que doublé sa capacité en 2015, passant de 2300 à quelque 4900 lits. L’accueil de 180 demandeurs d’asile à Grandvillard s’inscrit dans cette urgence. A signaler que ces places sont déduites du contingent du canton relatif à la répartition des requérants par la Confédération. Au prorata de la durée d’ouverture du centre, cela correspond à 95 requérants. Soit un centre ou deux en moins à ouvrir pour le canton. «Un nombre en effet appréciable», commente François Mollard, chef de service à la Direction de la santé et des affaires sociales. YG

 

 

 

 

 

 

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