Un programme mexicain royal, l’ère nouvelle de Benoît Morand

| jeu, 04. fév. 2016

Pilote et promoteur des 6 Heures de Mexico, Ricardo Gonzalez a choisi le Tourain Benoît Morand et son staff pour faire rouler son équipe. La formation mexicano-fribourgeoise visera le général LMP2 au championnat du monde d’endurance. Le trio de pilotes Gonzalez-Senna-Albuquerque sera aux commandes de la JS P2 des Français d’Onroak Automotive.

PAR QUENTIN DOUSSE

En novembre dernier, à l’heure de tirer le rideau sur une saison mouvementée et bouclée à la cinquième place finale, Benoît Morand l’avait promis: il disposera, en 2016, du «plus beau programme de la catégorie LMP2». Chose promise chose due, le manager tourain n’a pas menti. Ou du moins, pas exagéré. Ainsi, le Gruérien se mettra à l’heure mexicaine, endossant le rôle d’un des favoris au titre en LMP2. Les ambitions donc, mais également le budget, prendront l’ascenseur. Un changement d’ère qui récompense la persévérance dont a fait preuve Benoît Morand durant plus de trois décennies dans la sphère automobile.
Pour sa deuxième saison dans le championnat du monde d’endurance, le Team Morand a donc été choisi pour faire rouler la nouvelle formation du pilote mexicain Ricardo Gonzalez, notamment champion du monde LMP2 en 2013. Baptisée «RGR Sport by Morand», elle sera l’une des deux équipes soutenues par le constructeur français Ligier. Lequel «prêtera» son bolide, la JS P2, récemment sacré au niveau international en LMP2. Structure et voiture ne sont rien sans une combinaison de pilotes à la hauteur: pour épauler Ricardo Gonzalez, ont été retenus le Portugais Filipe Albuquerque (30 ans) et le Brésilien Bruno Senna (32 ans), neveu du défunt triple champion du monde de Formule 1 Ayrton Senna. «Un choix de roi» dixit Benoît Morand, qui élève de facto l’équipage mexicano-fribourgeois aux rangs des cadors de la catégorie.


Conclu au Bahreïn déjà
L’accord avec Ricardo Gonzalez, également promoteur des 6 Heures de Mexico, est tombé à la fin du mois de novembre déjà. Date à laquelle le grand raout de l’automobilisme s’était réuni au Bahreïn pour l’ultime compétition de la saison. Benoît Morand œuvrait alors pour les Japonais de Sard, tandis que le Mexicain était installé dans les baquets de G-Drive Racing, l’équipe de l’écurie OAK Racing. «Avec Ricardo, nous nous croisions régulièrement dans les paddocks. Tout s’est alors rapidement mis en place pour ce partenariat, sans réel désaccord», explique le Tourain.
L’organisation de RGR Sport by Morand n’a, elle non plus, pas prêté à moult discussions. Le boss est mexicain, le manager sportif gruérien. Condition sine qua non pour se lancer dans l’aventure, Benoît Morand a tenu à conserver l’entier de son staff – une quinzaine de personnes – et recevra le soutien technique d’un ingénieur et d’un mécanicien de Ligier sur les compétitions. «Il s’agira de gérer les ego de chacun et de créer une symbiose entre toutes les personnes, celles venant de l’extérieur notamment.»


Un budget à la hausse
Pour cette saison 2016, le RGR Sport by Morand roulera sous licence mexicaine. Une question de gros sous. «Le 85% du budget provient du Mexique, tandis que nous détenons les 15% restants», dévoile Benoît Morand. Concernant les chiffres, c’est le silence radio qui s’impose. «Il est de toute évidence bien supérieur à ce que l’on a connu jusqu’à maintenant. On ne boxe plus dans la même catégorie.»
A 57 ans, Benoît Morand a déjà connu mille et une vies, mille et un projets. De pilote à manager, de réussites en déconvenues. Aux bords du précipice il y a douze mois (n.d.l.r.: ses principaux sponsors s’étaient retirés peu avant le début du championnat à Silverstone), Benoît Morand prend la peine de savourer ce programme ambitieux. «Le travail de toute une équipe accompli ces dernières années paie aujourd’hui. A titre personnel, c’est également une belle étape dans ma carrière.»
Aussi alléchant soit le projet, le plus dur reste à venir pour l’équipage basé au Marly Innovation Center. «Désormais, la pression sportive a remplacé la pression des finances. Il s’agira de la gérer. Car, même si toutes les formations ne sont pas encore connues, notre objectif est clair: gagner des courses et le classement général en LMP2. Sans parler des 24 Heures du Mans, grand rendez-vous et baromètre important dans la saison.»


«Demander plus au pilote»
Articuler de grands objectifs est une chose, se donner les moyens de les atteindre en est une autre. Reste que la combinaison de pilotes a fière allure. En enrôlant Bruno Senna, RGR Sport by Morand a frappé tant un coup sportif – le Brésilien a pris 46 départs en F1 entre 2010 et 2012 – que marketing. «Pour nous, c’est simplement fantastique, en terme d’image notamment. Quant à Filipe Albuquerque, il constituait notre priorité dans une liste de quatre prétendants.» Pour le manager qu’est Benoît Morand, le travail n’en sera que «plus facile avec des pilotes payés pour rouler. On peut leur en demander plus et mon travail va quelque peu changer.»
Trêve de discours, le RGR Sport by Morand se tarde d’en découdre au volant de leur nouveau «bolide». Les premiers tests avec cette JS P2 s’effectueront les 23 et 24 février prochains à Silverstone, puis du 7 au 9 mars sur le circuit du Motorland Aragon, en Espagne. Il restera alors un mois avant que ne scintillent les cinq feux verts de Silverstone, lieu du lancement de la saison. D’ici là, se profile donc un printemps des plus studieux.

 

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«On fait de l’automobilisme pour ce type de grand challenge»

Chef d’atelier depuis deux saisons, Cyrille Dabin avait rejoint Benoît Morand et son équipage voilà six ans, à l’époque de l’écurie Hope PoleVision Racing et de sa voiture hybride. En charge d’une quinzaine de personnes sur les courses, le Français de 40 ans, domicilié à Farvagny, se dit «pressé que les choses sérieuses commencent». Interview.

Qu’est-ce que ce programme LMP2 avec Ricardo Gonzalez représente pour vous?
Cyrille Dabin: Il s’agit d’une reconnaissance pour toute l’équipe. On fait de l’automobilisme pour ce type de grand challenge. Mais disposer d’un projet si compétitif est quelque chose d’inédit pour notre team. Pour réussir, nous devrons conserver un état d’esprit identique et poursuivre sur ce que nous savons faire.

En quoi cette voiture JS P2 de Ligier sera plus performante que la Morgan Evo de l’an dernier?
Je n’ai pas encore une idée précise, puisque la monoplace nous est parvenue il y a peu. Nous sommes actuellement en phase de démontage et de révision. Mais la JS P2 brille par sa fiabilité, grâce à sa construction récente notamment (n.d.l.r.: elle a été conçue entre 2013 et 2014). La principale différence se situe au niveau de l’aérodynamisme, puisque c’est une voiture fermée. Il n’y a plus de turbulence et le temps gagné peut se chiffrer en plusieurs dixièmes à chaque tour. Même si cette monoplace roule «facilement», nous restons encore en phase d’apprentissage et nous devons encore nous faire la main.

Votre rôle changera-t-il avec cette nouvelle configuration des plus ambitieuses?
Fondamentalement pas, non. Comme je ne suis pas en relation directe avec les pilotes, cela ne révolutionne pas mon travail. Mais c’est évidemment un honneur de collaborer avec ces gars. La pression? Si elle est nouvelle pour le team, j’ai personnellement appris à la gérer depuis mon passage chez Oreca, en 1999-2000. Constamment sous tension, nous avions alors remporté les 24 Heures du Mans et le championnat FIA GT. QD

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