Visite aux migrants d’Enney, pour faire tomber les peurs

| mar, 02. fév. 2016

Samedi matin, le centre de requérants d’asile de l’Ondine, à Enney, a ouvert ses portes aux visiteurs. Trois mois après sa mise en place, autorités et voisins tirent un bilan très positif de cette cohabitation, qui a soulevé un bel élan de générosité. Le point de la situation avec la conseillère d’Etat Anne-Claude Demierre.

PAR CHRISTOPHE DUTOIT

«Roland, je suis très fière de tes habitants!» Glanée dans les couloirs de la colonie de l’Ondine, à Enney, cette petite phrase de la conseillère d’Etat Anne-Claude Demierre au syndic Roland Kaeser en dit long sur l’ambiance qui régnait, samedi matin, lors des portes ouvertes du foyer pour requérants d’asile. Plus d’une centaine de visiteurs ont découvert le quotidien des migrants, qui avaient préparé à leur attention des friandises de leur cru.
Depuis début novembre,
53 personnes – dont 12 enfants et 10 mineurs non accompagnés – en provenance d’Afghanistan, d’Iran et de Syrie résident dans ce centre cantonal géré par ORS Service. Quinze autres en sont déjà repartis, pour rejoindre des appartements dans l’attente de recevoir leur permis de séjour.
De telles portes ouvertes donnent lieu à des échanges et invitent à la découverte de l’autre. «Mais elles permettent aussi de casser les préjugés et de briser les appréhensions», explique Florian Leibzig, responsable de ce foyer et de celui de Grolley, qui entre en fonction demain. «Il nous est agréable de montrer que tout se passe bien, qu’il n’y a pas eu de débordements, que les requérants font preuve de tolérance et de savoir-vivre.»


Aucun souci
De son côté, le syndic de Bas-Intyamon Roland Kaeser est très satisfait de la tournure des événements. «Je reprends les mots que j’ai prononcés lors de la séance d’information: il n’y a eu aucun souci pour la collectivité. Ces personnes sont très discrètes. Il n’y a pas de comparaison avec ce que nous avons vécu dans les années 1990, lorsque la police devait souvent intervenir lors de la première venue de requérants à l’Ondine.»
Même son de cloche du côté des voisins, venus en nombre. «Les enfants viennent jouer dans le quartier, explique une jeune dame. Sinon, on les voit très peu, ils ne sont pas envahissants. Quand on les croise, ils disent toujours bonjour avec un grand sourire.»


Français obligatoire
Lors de la visite, la vingtaine d’enfants dessinent dans la salle de classe du deuxième étage. Chaque jour, Antoinette Doutaz y donne des cours de français, obligatoires pour tous à partir de l’âge de 4 ans. «On part de zéro: on se débrouille avec des gestes et des bribes d’anglais, s’enthousiasme l’enseignante retraitée. Ce n’est que du bonheur! Ils sont tellement prêts à acquérir tout ce qu’il faut pour leur permettre d’aller de l’avant.»
Depuis trois mois, la vie en communauté a peu à peu pris son rythme, avec l’aide des huit collaborateurs qui assurent une présence 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. «Les requérants reçoivent 10 francs par jour, explique Florian Leibzig. Deux fois par semaine, on fait les commissions avec eux.» Dans la colonie, ils se préparent leurs propres repas, ils ont accès à la buanderie et ils sont rétribués pour les nettoyages des locaux communs.
Dès l’arrivée des premiers requérants, les habitants de la région ont fait preuve d’une belle générosité. «Nous avons reçu beaucoup de vêtements et, avec la paroisse, nous avons organisé des distributions à la cure, note le responsable du foyer. Nous sommes très touchés qu’énormément de gens se soient annoncés pour faire quelque chose.» Telle cette entreprise chocolatière de la région qui a fait parvenir cinquante boîtes de pralines pour les fêtes. Ou ces bénévoles qui ont emmené les enfants au château de Gruyères ou à la Maison Cailler. «Cela donne lieu à de jolis échanges culturels.»


Chez le psychiatre
«Deux fois par semaine, nous avons la visite d’un infirmier, affirme le responsable, âgé de 30 ans. Les migrants ont beaucoup besoin de parler. Certains ont eu des cheminements très durs. Nous en avons envoyé plusieurs chez le psychiatre ou le pédopsychiatre, car ils ont besoin d’un suivi.»
Dans trois mois, à la fin avril, la colonie de l’Ondine fermera ses portes. Entre-temps, la Confédération aura installé son centre de première phase à Grandvillard (La Gruyère du 14 janvier). Avec les réticences et les appréhensions qui se renouvellent à chaque fois qu’un tel lieu est ouvert. «Je comprends que des questions se posent, avoue Anne-Claude Demierre. La manière dont tout se passe bien à Bas-Intyamon devrait permettre de changer les regards.»

 

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«Je ne veux voir personne dormir dans la rue»

«Tout se passe très bien. Je suis très touchée que beaucoup de monde soit venu à ces portes ouvertes. La population de Bas-Intyamon s’est montrée très accueillante et très ouverte. Toutes les peurs sont tombées.» Samedi matin, la conseillère d’Etat Anne-Claude Demierre était ravie que tout se passe si bien dans ce centre provisoire de l’Ondine. Ce mercredi, elle inaugurera le dixième foyer d’hébergement de requérants d’asile du canton à Grolley, où une centaine de places sont prévues.
«Actuellement, Fribourg a 671 places d’accueil disponibles. Et nous sommes en tractation pour ouvrir de nouveaux lieux cette année. Nous cherchons par exemple des bâtiments en attente de travaux ou des surfaces industrielles où nous pourrions installer des containers.» Ces douze derniers mois, quelque 1300 migrants ont été accueillis dans le canton. Sans compter l’ouverture prochaine du centre de la Confédération à Grandvillard, qui pourra héberger en première phase 180 personnes.
En outre, le canton se dit prêt en cas d’afflux de migrants. «Avant les fêtes de fin d’année, nous avons mis sur pied un plan en cas d’urgence, affirme Anne-Claude Demierre. La Confédération nous avertit parfois la veille qu’elle nous confie des requérants et nous devons trouver des logements du jour au lendemain. Une chose est sûre: je ne veux voir personne dormir dans la rue.» En outre, 61 personnes participent à l’action Osons l’accueil dans le canton. CD

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