Le Réseau fribourgeois de santé mentale (RFSM) communiquait récemment se trouver «dans le peloton de tête pour l’efficacité des traitements» en Suisse. Les données ne devaient pas servir à établir un classement, souligne l’organisme qui a mené l’évaluation sur laquelle le RFSM s’est basé. Le RFSM indique avoir donné les nuances nécessaires.
PAR PRISKA RAUBER
Les directions du Réseau fribourgeois de santé mentale (RFSM) annonçaient récemment dans un communiqué de presse se trouver «dans le peloton de tête pour l’efficacité des traitements hospitaliers», parmi 64 cliniques suisses (notre édition du 16 janvier). La direction générale de l’établissement ainsi que la Direction cantonale de la santé et des affaires sociales s’y réjouissaient de ce résultat, basé sur une évaluation menée en 2014 par l’Association nationale pour le développement de la qualité dans les hôpitaux et les cliniques (ANQ). Elle mesurait l’évolution des symptômes des patients entre leur arrivée et leur départ, par les médecins ainsi que par les patients eux-mêmes.
Ayant pris connaissance de ce communiqué, l’ANQ s’en est «distancié expressément» comme elle l’a fait savoir au RFSM la semaine passée. Car la clinique, en écrivant qu’elle «présente des résultats HONOS (évaluation par les médecins) qui la placent en 5e position des établissements selon l’ANQ dans lesquels la réduction des symptômes durant le séjour hospitalier est la plus grande», laisse entendre d’une part que l’ANQ a établi ce classement et, d’autre part, qu’il est l’un des meilleurs de Suisse dans la prise en charge de ses patients.
Aspect partiel
Or ce n’est pas ce qu’indique cette évaluation, précise la responsable de la section psychiatrie de l’ANQ, le Dr Johanna Friedli. «Nous le mentionnons dans nos fiches d’information comme sur notre site internet: l’importance des symptômes n’est qu’un indicateur, un aspect partiel qui ne peut pas rendre compte de la qualité globale d’un hôpital», souligne-t-elle, regrettant que le RFSM n’ait jamais mentionné ce point dans son communiqué. «Ce qui aurait été correct. De plus, établir des classements n’est pas dans notre philosophie.»
Car pour l’association – organisme officiel mandaté pour développer, récolter et publier les résultats de mesures de la qualité en milieu hospitalier – le but de cette évaluation nationale est simplement de «permettre aux cliniques de réaliser l’analyse critique de leurs résultats: à l’interne et entre les institutions, dans le cadre du processus de benchmarking. Il est donc dommage que le RFSM ait utilisé les résultats pour se positionner. Il aurait pu juste communiquer que sa valeur concernant la réduction des symptômes est statistiquement supérieure à la valeur attendue.»
C’est ainsi que dans son courrier au RFSM, que La Gruyère s’est procuré, l’ANQ lui a prié de ne plus, dans ses communications futures, établir de classements.
«Il n’empêche que les résultats par clinique de l’évaluation de l’ANQ sont publics, et qu’il est possible d’en déduire un certain nombre de choses», répond le Dr Isabelle Gothuey, médecin directrice du secteur de psychiatrie adulte du RFSM. «Si les médias ont titré “le RFSM est le meilleur”, nous, nous ne le disons pas dans le communiqué. Il faut rester modeste par rapport à cela. Nous parlons uniquement de la réduction des symptômes.»
Elle souligne avoir apporté les nuances nécessaires. Après «de tels scores sont le reflet des compétences et de l’engagement du personnel de l’institution», le communiqué conclut que «certes, ces observations effectuées auprès de 2214 patients du Centre hospitalier de Marsens se fondent sur des méthodes spécifiques aux études en sciences sociales et humaines, notamment l’estimation de paramètres de perception sur la base de questionnaires. Même si elles ne représentent qu’une mesure parmi d’autres de la qualité des traitements psychiatriques fournis dans le canton, ces observations sont une motivation pour le RFSM de poursuivre les efforts continuels d’amélioration de la prise en charge.»
Pas exactement la mention du fait souligné par l’ANQ, à savoir que la réduction des symptômes est un aspect partiel qui ne peut refléter la qualité globale d’une clinique. Ni du fait que la comparaison entre cliniques est hasardeuse, vue l’hétérogénéité de ces dernières, comme le soutient aujourd’hui le Dr Gothuey.
Un point d’accord en tout cas entre l’ANQ et le RFSM: «Ces données indiquent que les patients repartent de Marsens en meilleure santé qu’ils ne sont entrés. Et c’est bien là ce qui est important, pas le mauvais procès que vous nous faites», conclut-elle.
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jeu, 17 mar. 2016
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ven, 18 mar. 2016
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mer, 16 mar. 2016
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mar, 15 mar. 2016
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mar, 15 mar. 2016
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