Un retard à l’allumage? «Non, des améliorations techniques»

| jeu, 17. mar. 2016

En mai 2012, Nespresso annonce sa venue à Romont et promet 400 emplois pour la fin 2016. Pourtant, on en décompte «seulement» une bonne centaine aujourd’hui, un an après le lancement de la production. Pourquoi ce décalage? Sébastien Foucart, directeur du site, s’explique.

PAR FRANCOIS PHARISA

Dans le hall d’entrée de l’usine, Sébastien Foucart se présente en tenue d’ouvrier. Veste orange à bandes réfléchissantes, pantalon de travail vert kaki et souliers de sécu­ri­té. Comme les employés qui s’activent le long des lignes de production des fameuses capsules de café. «Pour être plus proche d’eux», lâche le Fran­çais domicilié à Blonay, directeur du centre Nespresso à Romont depuis janvier 2014, assu­rant qu’il n’a pas délaissé le costume deux pièces uniquement pour l’occasion.
Sébastien Foucart, 39 ans, est un pur produit de la maison Nestlé. En treize ans de carrière, il a effectué des missions de travail dans plus de 30 pays, gravissant rapidement les éche­lons de la hiérarchie. Pour cet entretien, il est flanqué d’un responsable communication, Colas Dupont, auquel il laisse le soin de répondre à certaines questions.

Combien de personnes sont employées par Nespresso à Romont?
Sébastien Foucart: Nous sommes actuellement 137 employés. Dont plus de 90% viennent des cantons de Fribourg et de Vaud. Une dizaine d’employés habitent Romont. A ces emplois s’ajoutent une trentaine de personnes qui travaillent sur le site pour d’autres entreprises, pour la réception, la restauration, la sécurité ou le nettoyage.

Pourtant, depuis l’annonce de la venue de Nespresso à Romont, il a été plusieurs fois affirmé qu’il y aurait 400 employés à la fin 2016…
S. F.: C’est exact. Seulement, d’importantes améliorations technologiques sur nos lignes de production, dans les usines d’Orbe et d’Avenches, ont permis d’accroître considérablement nos performances. Nous avons ainsi pu subvenir à la croissance continue du groupe Nespresso. Ici aussi, à Romont, nous avons bénéficié d’avancées technologiques. Les cadences des lignes de production sont plus élevées et le nombre de capsules produites par minute a donc augmenté. Même si nous pensions accroître nos effectifs plus rapidement, les chiffres de croissance restent, malgré tout, très bons.

Combien de lignes de production fonctionnent-elles?
S. F.: Il y a deux lignes pour les capsules classiques, vendues dans près de 64 pays. Une troisième ligne sert à la production de capsules pour la gam­me VertuoLine. Des capsules plus grosses, renfermant davantage de café, destinées aux Etats-Unis et au Canada, exclusivement produites à Romont. Et une quatrième ligne, également vouée aux capsules américaines, est en train d’être installée. Elle sera fonctionnel-le à partir de juillet. Une vague d’engagements se fera en consé­quence.

Même avec cette nouvelle ligne de production, la halle paraît vide…
S. F.: Nous avons en effet encore beaucoup d’espace à disposition. Nous nous adaptons aux besoins du business et aux améliorations techniques en cours. Nous ne connaissons donc pas le rythme d’implémentation des lignes pour ces prochaines années. D’autres seront aménagées, c’est certain, mais nous ne savons pas encore quand ni combien.
Si nécessaire, nous pourrions à terme passer en 5/8 (roulement de huit heures consécutives par cinq équipes sur un même poste), tourner 7 jours sur 7 et employer
400 personnes. Il existe même un projet d’extension du bâtiment dans les tiroirs. Encore une fois, tout dépend des affaires et des évolutions matérielles. Quand le niveau de qualité est tel que celui que se fixe Nespresso, grandir et se développer requiert une attention toute particulière.

N’avez-vous pas surestimé votre pénétration sur le marché nord-américain?
Colas Dupont: Non. Il y a actuellement une progression énorme sur ce marché, au potentiel immense. Le segment du café portionné y représente un chiffre d’affaires d’environ 5,5 milliards de dollars. Soit environ autant que le reste du monde.
Nous sommes arrivés en Amérique du Nord avec nos capsules classiques voilà une vingtaine d’années. Et depuis deux ans, nous sommes présents avec notre gamme VertuoLine, qui répond mieux aux attentes des consommateurs.
Partout ailleurs, Nespresso est la marque qui a créé et qui représente le café portionné. Aux Etats-Unis, nous ne som­mes que l’outsider. Keurig Green Mountain est leader. Sans compter Starbucks, un concurrent indirect, très fort sur le café out of room, hors domicile. Nous n’avons donc pas autant de pénétration que sur des marchés plus matures, comme en Europe. Il n’empêche que notre croissance y est excellente.

A combien se monte cette croissance?
C. D.: C’est une croissance à deux chiffres. Largement. La gamme VertuoLine continue d’ail­leurs de s’élargir. Il y avait 12 grands crus lors de son lancement, il y en a aujourd’hui
14 et il y en aura certainement une vingtaine d’ici à douze mois.

Quelle relation entretenez- vous avec la ville de Romont?
S. F.: Je vais faire mon jog-ging deux fois par semaine au centre-ville. Plus sérieuse-ment, j’entretiens d’excellen-tes relations avec le Conseil communal de Romont et le préfet de la Glâne. Je les rencontre tous les deux à trois mois. Romont a accueilli et encadré notre entreprise de manière exemplaire.

Tetra Pak fermera bientôt ses portes. Engagerez-vous certains de ses collaborateurs?
S. F.: Certains ont d’ores et déjà été recrutés. Et d’autres pourraient suivre. C’est normal. Cela fait également partie de mon travail d’essayer de trouver des solutions lors de ce genre d’événements.

A Avenches, deux dons de 500000 francs ont été offerts à la ville pour une crèche et pour un centre sportif. Qu’en est-il à Romont?
S. F.: Aucun projet n’est pour l’heure prévu. Nous soutenons deux crèches du district pour garantir un environnement de travail attractif à nos collaborateurs, mais nous ne souhaitons pas divulguer le montant de cette aide.

Un scénario catastrophe, avec une délocalisation, est-il possible à Romont?
S. F.: Nous avons investi 300 millions de francs pour construire cette usine. Une moitié pour le bâtiment et une autre pour les équipements. C’est donc pour y rester. Nous nous sommes installés à Romont par­ce que nous y avions intérêt. Pour la situation géographique, pour les infrastructures locales à disposition et pour le savoir-faire suisse, notamment en ter­mes de compétences techni­ques, nous permettant ainsi de conserver une longueur d’avan­ce sur nos concurrents.

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