Le préfet de la Gruyère refuse une antenne Swisscom

| mar, 05. avr. 2016

Swisscom prévoit l’érection d’une antenne de huit mètres de haut sur la tour d’habitation du 16, rue du Pays-d’Enhaut, à Bulle. Patrice Borcard la refuse. Sa décision se base notamment sur l’impact esthétique de cette installation, allant ainsi dans le sens de l’opposition signée par 126 personnes.

PAR PRISKA RAUBER

Trois lignes dans la Feuille officielle du 13 février 2015: «Bulle, rue du Pays-d’Enhaut 16, construction d’une installation de communication mobile.» Un gabarit plus tard, les voisins apprennent que cette installation équivaudra à une antenne Swisscom, large et mesurant 8 mètres, érigée sur le toit de l’immeuble (la tour jaune, comme nommée par les Bullois). Cent vingt-six d’entre eux déposent alors une opposition collective. Sans grand espoir de voir leur action aboutir. Et pourtant, le préfet de la Gruyère vient de l’admettre, refusant par là à Swisscom l’érection de cette antenne.
La décision de Patrice Borcard n’a pas été rendue sur la base du potentiel danger des ondes, même si elles cristallisent souvent les craintes de la population ou des opposants. «Mais sur ce point, les dossiers des entreprises de téléphonie mobile sont généralement inattaquables, indique le préfet. Leurs calculs de valeurs de rayonnement respectent les normes légales.» Même si ces normes datent et qu’elles seront peut-être remises un jour en question.
Reste à pointer d’autres clauses juridiques. «L’une est d’ordre esthétique, précise Patrice Borcard. Cette antenne doit tout de même mesurer 8 mètres, sur un immeuble en mesurant 20. Il est indéniable qu’elle aura un impact négatif sur l’environnement.» L’article 125 de la Loi cantonale sur l’aménagement du territoire et des constructions stipule en effet que «les constructions, installations et aménagements extérieurs, dans leur intégralité et leurs parties, doivent être conçus et entretenus dans un souci d’harmonisation avec l’environnement construit et paysager, de façon qu’un aspect général de qualité soit atteint.»


Impact visuel
Pour les opposants, vu les dimensions de l’immeuble et de l’antenne, «elle sera visible de toutes parts et culminera au-dessus de tous les édifices environnants, relève l’un deux. L’impact visuel sera fort, ce qui réduira la qualité de vie des quartiers avoisinants.»
Le préfet a en outre estimé n’avoir pas reçu les arguments suffisants de la part de Swisscom lui permettant de conclure «que toutes les options de coopération entre opérateurs ont été sérieusement examinées». La co-utilisation des installations et des emplacements sont en effet envisagés dans la Loi sur la télécommunication.
Les opposants relèvent qu’une antenne notamment se trouve à moins de 400 mètres du projet en question, soit à la rue de l’Ancien-Comté 16. L’entreprise Swisscom nous informe quant à elle que les stations les plus proches sont érigées «à environ 600 m au nord, 1,2 km à l’ouest et 1,3 km au sud-ouest». Elle ne communique pas les listes d’adresse de ses installations. Les sites d’émission sont répertoriés sur le site de l’OFCOM, mais tous opérateurs confondus.
Si cette décision préfectorale est une bonne nouvelle pour les opposants, Patrice Borcard souligne que Swisscom peut recourir au Tribunal cantonal. Et si l’on se fie aux récents jugements en la matière, l’ex-régie a de bonnes chances de gagner. L’entreprise le confie: «Par le fait que chacune des étapes de nos projets de nouvelles stations est vérifiée par plusieurs personnes, tout d’abord en interne par des équipes spécialisées, puis par les services communaux et cantonaux concernés, il est très rare qu’une erreur soit constatée», indique la porte-parole de Swisscom, Lauranne Peman. Notons que la commune, en l’occurrence, a émis un préavis négatif à cette nouvelle installation.


Exigences de la clientèle
Swisscom rappelle en outre que «le volume de données échangé sur notre réseau mobile double chaque année en Suisse, ce qui implique un développement continu du réseau afin de répondre aux exigences de la clientèle. Dans cette zone, une forte demande existe.» Et de préciser «qu’autant que possible, nous privilégions les adaptations d’installations existantes à la planification de nouveaux sites». Dont un tiers d’entre eux environ font l’objet d’oppositions. Et quelques-unes seulement sont admises par les autorités.

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