Le syndic de Châtel revient sur son parcours

| sam, 09. avr. 2016
François Genoud, syndic de Châtel-Saint-Denis

Après trente ans de politique locale, dont dix ans de syndicature, le Châtelois François Genoud tire sa révérence. Il revient sur les thèmes qui l’ont occupé ces deux dernières législatures, marquées par un fort développement démographique.

Par François Pharisa

Il se souvient de son premier vote dans la peau d’un conseiller général: la validation d’un supplément pour la construction du bâtiment administratif. C’était en 1986. Voilà donc trente ans que François Genoud, 59 ans, participe à la vie politique châteloise. Entré au Conseil communal en 2000, le démocrate-chrétien a décidé de se retirer et de ne pas briguer un troisième mandat de syndic. «Pour ne pas tout stopper d’un coup», explique-t-il.

En rempilant, la retraite politique se serait en effet conjuguée à la retraite professionnelle. Arrêt brutal quand on cumule depuis dix ans la fonction de syndic et un plein-temps d’enseignant et d’adjoint de direction au CO de la Veveyse.

Interrogé récemment dans nos colonnes sur les enjeux de la prochaine législature, vous faites de la communication une priorité. Pensez-vous ne pas en avoir fait assez à ce niveau pendant vos deux mandats?
La façon de communiquer a évolué. Aujourd’hui, les gens veulent plus d’informations, parce qu’ils ont la possibilité d’en savoir déjà beaucoup. Toutes les décisions du Conseil général sont reportées sur le site Web de la commune et sont relayées aussi dans la presse. Nous sommes obligés de faire différemment. Avant, les conseillers communaux présentaient eux-mêmes les nouveaux projets devant le Législatif. Cela ne suffit plus. Les conseillers généraux souhaitent désormais que le bureau d’ingénieurs porteur du projet vienne directement devant eux leur donner des explications. Les exigences ont augmenté. Je ne dirais donc pas que nous avons mal ou pas suffisamment communiqué, mais que notre façon de faire n’était plus adaptée à la réalité. Depuis deux ans, nous avons toutefois corrigé le tir, en organisant des matinées de travail entre membres des conseils communal et général.

Ces matinées d’information «au vert» sont, selon vous, la solution?
Elles ont en tout cas apporté de bons résultats jusqu’à maintenant. Prenons l’exemple du pont de la Péralla. Nous avions présenté le projet en 2014 et il a été refusé. Nous avons remis l’ouvrage sur le métier un an plus tard, après une matinée de travail, et le résultat a été tout autre. Le même constat peut être fait pour d’autres dossiers. Je regrette par contre la participation relativement faible durant ces séances. Nous n’avons jamais été plus d’une trentaine sur cinquante conseillers.

Qu’en est-il de la communi­cation avec le reste de la population?
Nous avons mis sur pied plusieurs séances d’information ouvertes à tous, avant la mise à l’enquête du PAL ou pour présenter le projet de déplacement de la gare. Celles-ci n’ont pas toujours été bien suivies. Nous avons aussi tenu la dernière séance du Conseil général pour le budget à l’Univers@lle, afin d’accueillir davantage de public. Peut-être que l’expérience pourrait être répétée.

La gestion du développement de la ville a souvent été dénoncée, lors des référendums des Moilles et de Montmoirin notamment. Les infrastructures n’auraient pas suivi…
Oui, Châtel-Saint-Denis a changé de visage ces dernières années. Par contre, je ne suis pas d’accord d’affirmer que les infrastructures n’ont pas été adaptées en conséquence. Au niveau scolaire, par exemple, tous nos élèves fréquentent actuellement des classes qui répondent aux exigences pédagogiques.

Et au niveau de la circulation? Les critiques sont souvent vives…
Pourquoi? Parce qu’il y a un bouchon au giratoire de la route de la Coula? En travaillant au Cycle d’orientation, j’y passe quatre fois par jour. Le plus longtemps que j’ai attendu, c’était sept minutes. Un temps qui peut paraître long, je l’accorde, mais c’est tout à fait acceptable. Nous sommes actuellement dans une période de transition: le déplacement de la route cantonale et la suppression du passage à niveau de la route de la Coula désengorgeront le trafic.

On parle beaucoup de la route de la Coula. Autrefois, c’était la Grand-Rue l’artère principale de Châtel-Saint-Denis. Elle semble aujourd’hui à l’abandon…
Le mot est un peu fort. Il y a encore des commerces qui fonctionnent très bien. La Grand-Rue était le fleuron de la ville avant les années 1980 et l’arrivée de l’autoroute. Tout le monde y passait. Puis, le centre d’activités s’est déplacé. Mais, je pense que la construction du quartier Le Gottau, qui devrait accueillir 190 logements, donnera un nouveau souffle à la Grand-Rue.

L’arrivée de nouveaux habitants devrait en effet réjouir les commerçants châtelois. A condition que ceux-ci ne fassent pas qu’y dormir…
Le Conseil communal actuel, tout comme les précédents, a toujours pris soin de maintenir un bon ratio places de travail/habitants et proposer à la population des emplois sur place. Plusieurs grandes entreprises se sont installées à Châtel-Saint-Denis ces dix dernières années. Notre zone industrielle s’est peuplée et diversifiée. Et il y a davantage de places d’apprentissage pour les jeunes qu’auparavant.

Avez-vous eu une politique active pour faire venir ces entreprises?
Non, pas spécialement. Nous n’en avons pas eu besoin. Notre situation géographique est notre chance. Il y a une dizaine d’années, nous recevions chaque semaine des coups de téléphone d’entreprises désirant s’installer à Châtel-Saint-Denis. Les demandes sont moins nombreuses aujour­d’hui, mais il y en a encore. Parce qu’il y a l’autoroute. Parce que la place se fait rare sur l’arc lémanique. Ou parce que nos terrains sont moins chers.

En 2006 et en 2011, vous obtenez la syndicature, aux dépens de l’UDC pourtant devant dans les suffrages, grâce à une entente avec le PS…
Comme en 2001. Les deux élus radicaux s’étaient alors mis d’accord avec leurs collègues démocrates du centre pour nommer Joe Genoud syndic, en lieu et place d’un PDC.

L’entente PDC-PS sera-t-elle réactivée dans quelques jours?
Certainement que des discussions sont en cours…

Avez-vous eu des déceptions pendant ces dix ans de syndicature?
Ma volonté de faire implanter un hôtel à Châtel-Saint- Denis ou aux Paccots ne s’est pas concrétisée. C’est dommage. La demande existe. Les patrons et cadres des entreprises de la zone industrielle, qui viennent ici deux ou trois jours, sont le plus souvent contraints de séjourner à
Vevey. Quant aux deux référendums des Moilles et de Montmoirin, ils laissent bien sûr des traces. Mais ces dix années de syndicature m’ont surtout apporté plaisir et satisfaction.

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