Encore plus fort qu’une équipe, Olympic est un vrai collectif

| sam, 21. mai. 2016

Fribourg Olympic mène 2-0 la série finale face à Union Neuchâtel. L’acte III se joue ce soir à la salle de la Riveraine (19 h). L’équipe de Petar Aleksic a trouvé une confiance et de la sérénité qui lui permettent actuellement de dominer tous ses adversaires. L’ancienne joueuse Pauline Seydoux et l’entraîneur Damien Leyrolles analysent.

PAR KARINE ALLEMANN

Encore deux succès et Fribourg Olympic décrochera le titre suprême de champion de Suisse. Un honneur que les Fribourgeois n’ont plus connu depuis 2008 et la retraite du Bullois Harold Mrazek. Après le succès en Coupe de Suisse le 9 avril dernier, le doublé viendrait récompenser un travail entamé depuis 2013 par l’entraîneur Petar Aleksic.
Après deux victoires à domicile, l’acte III se joue ce soir à Neuchâtel (19 h), dans une série au meilleur des sept matches. Deux experts décortiquent le jeu et les forces de Fribourg Olympic. Pauline Seydoux (40 ans, enseignante au CO de Bulle, Zénauva) a été l’une des meilleures joueuses suisses de sa génération de 1990 à 2006 (deux victoires en championnat et une Coupe de Suisse). Quant au Français Damien Leyrolles (46 ans, Fribourg), il a été entraîneur d’Olympic pendant huit ans, avec à son palmarès sept titres nationaux (deux fois le championnat, une fois la Coupe de Suisse et quatre fois la Coupe de la Ligue).

Pouvait-on s’attendre à une telle domination d’Olympic?    
«Genève et Fribourg étaient sur le papier les deux équipes avec le contingent le plus fourni, rappelle Damien Leyrolles. Genève a calé en cours de route (battu 3-0 en demi-finale par Neuchâtel), ce qui n’est pas le cas de Fribourg, qui retrouve son contingent complet au meilleur moment. Que cette équipe soit en finale n’est pas une surprise.»
Pauline Seydoux abonde: «Tout au long de la saison, on a vu à quel point les Fribourgeois pouvaient être impressionnants à domicile. Ce sentiment d’invincibilité a grandi au fil des rencontres. Je ne suis pas étonnée de les voir gagner les deux matches à la maison. Il faut dire aussi que cette série réunit deux formations qui le méritent, car ce sont visiblement les équipes qui travaillent le plus au quotidien. On le voit dans leur jeu.»

Comment gagner autant en sérénité?
Pour les deux experts, Fribourg Olympic est passé par des moments plus critiques cette saison (défaite en Coupe de la Ligue). Mais les joueurs ont appris de ces revers et ont largement gagné en maturité. «Puis le succès en Coupe de Suisse a enlevé beaucoup de pression à une équipe dont on attendait au moins un titre. Cette victoire leur a montré tout le potentiel qu’ils avaient. Depuis, ils n’ont fait que monter en régime», note Damien Leyrolles.
De quoi gagner en sérénité, à l’image d’un Petar Aleksic étonnamment zen ou d’un Slobodan Miljanic qui ne râle (presque) plus. «Petar contrôle beaucoup mieux ses émotions, souligne Pauline Seydoux. J’ai l’impression que cela se reflète sur le groupe, qui maîtrise mieux les fins de match.»
L’entraîneur assistant Vladimir Ruzizic – que l’on a vu ceinturer le bouillonnant Aleksic dans quelques moments chauds cette saison, mais aussi parler aux arbitres et aux joueurs – y serait-il pour quelque chose? «Je pense que son apport est énorme, estime l’enseignante. Au début de la saison, je l’avais vu beaucoup plus excité. Or, je pense qu’il a trouvé sa place. Il est humble, très respectueux des valeurs du club et du travail qui se fait. Et puis, il a montré ses qualités en allant coacher et gagner à Neuchâtel, quand Petar avait été suspendu. A ce que j’en entends, il a une personnalité assez exceptionnelle.»

Est-ce une question d’équilibre?
Pour les observateurs, Fribourg n’avait plus bénéficié d’un contingent aussi fourni depuis longtemps. «Le retour de Jonathan Kazadi est un plus énorme, rappelle Pauline Seydoux. Et les deux joueurs américains sont très complémentaires. Surtout, Fribourg peut aligner neuf joueurs capables de marquer plus de dix points sur un match. Et ils jouent tous les uns pour les autres. Il n’y a pas de problème d’ego ou d’individualité. Cette année, le groupe est tellement bon, tellement équilibré, qu’il n’a pas besoin d’un clutch player (joueur décisif). Parce qu’à chaque fois c’est un autre qui peut prendre ses responsabilités et sortir un très gros match.»
Ancien entraîneur professionnel, Damien Leyrolles sait à quel point cet équilibre n’est jamais acquis. «Au début d’une saison, tout le monde est paré de bonnes intentions. Mais, les accrocs et les échecs peuvent les effriter. La force de cette équipe est qu’elle a su passer au travers pour se rebooster. C’est une belle dynamique qui s’est installée. On sent qu’elle vit très bien sur et hors du terrain. Il y a des caractères forts, mais ces leaders pensent au collectif. Que ce soit l’un ou l’autre qui sort un gros match, ils ont compris qu’au bout du compte c’est toujours l’équipe qui gagne.»

Comment défendre des joueurs aussi interchangeables?
Pour l’entraîneur adverse, préparer son match contre Fribourg Olympic est un casse-tête. Sur qui, en effet, définir des priorités défensives, alors que sept joueurs au moins sont capables de s’enflammer? «En effet, le danger peut venir de partout, décrit le Français. Pour l’adversaire, c’est très difficile de tenir son plan de jeu. Il faut parfois cibler certains joueurs et accepter de ne pas pouvoir contenir tous les secteurs. On a vu mardi que les Neuchâtelois essayaient de limiter le jeu intérieur de Williamson. Mais, du coup, c’était impossible d’empêcher en même temps les tirs de Molteni. Il faut faire des choix.»
Pour Pauline Seydoux, FO a vraiment progressé. «Pendant la saison, il y a eu des matches où Olympic était incapable d’attaquer la défense de zone de Monthey. Et Neuchâtel lui posait beaucoup de difficultés. Sur cette série, Fribourg a trouvé les clés pour attaquer. Même si ça “coince” encore un peu parfois. Je pense que cela vient beaucoup du meneur Derek Wright. Il a compris quand accélérer et quand aller chercher des fautes sous le panier. Et puis, le jeu intérieur-extérieur est plus équilibré, avec des pivots qui arrivent à ressortir le ballon. En plus, cette année, ils arrivent à défendre tous ensemble. Au bout d’un moment, ça écrase l’adversaire. Quand Neuchâtel n’en peut plus, Olympic a encore de l’énergie.»

De quoi faut-il se méfier à Neuchâtel?
Spécialement décevants dans l’acte II, les Neuchâtelois devraient réagir, ce soir à domicile. «Ils vont tout miser sur ce match, pense Damien Leyrolles. Car, menés 3-0, ils ne reviendront pas. Reste que, en voyant à quel point ils étaient limités mardi, on se demande quelles solutions ils vont bien pouvoir trouver face à une pression défensive qui les use. Car, si tu peux affiner ton plan de jeu dans une série, globalement, les forces et les faiblesses de ton équipe ne changent pas. Ce qui peut les aider, c’est le contexte: ils joueront devant leur public.»
Si Pauline Seydoux craint aussi une réaction d’orgueil, elle ne voit pas Neuchâtel battre Olympic sur une série. «Samedi, le début de match sera très important et la clé se situera à nouveau dans le secteur intérieur. Est-ce que Fribourg parviendra à provoquer des fautes chez le top-scorer Babacar Touré?»
Pour Damien Leyrolles, il s’agira d’éviter que l’adversaire ne s’enflamme: «Neuchâtel sera boosté par son public. Fribourg devra jouer les yeux dans les yeux avec lui et répondre au défi physique. Il faudra même augmenter encore cette intensité. Quand les Fribourgeois jouent aussi dur, quand ils arrivent à voler des ballons et à produire du jeu rapide, ils sont vraiment irrésistibles.»


Acte III de la finale au meilleur des sept: Neuchâtel - Fribourg Olympic, samedi 21 mai à 19 h

 

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Les joueurs de Fribourg Olympic sous la loupe...


La force de Fribourg Olympic est son collectif. Mais le collectif, évidemment, est fondé sur des qualités individuelles. Sans oublier l’apport des joueurs de banc Eric Fongué et Natan Jurkovitz, «athlétiques et avec une excellente mentalité», Damien Leyrolles décrypte le jeu du sept majeur.
Derek Wright (poste 1): «Dans cette série, il domine son vis-à-vis Brian Savoy. Il apporte beaucoup d’énergie et de vitesse. Parfois, on le voit imprimer une telle pression sur le porteur du ballon que sa défense est “contagieuse”, dans le sens où tous les autres vont suivre.»
Jonathan Kazadi (poste 1-2): «Il a été vraiment énorme en quart et en demi-finale. Excellent sur les pick and roll (jeu à deux) de par sa capacité à faire les bons choix, il peut aussi aller défier les grands et tirer à trois points. Il est l’un des deux ou trois meilleurs joueurs suisses.»
Slobodan Miljanic (poste 3): «C’est un homme de caractère, parfois trop. Mais, par sa fougue et son tempérament, il emmène les autres avec lui. Neuchâtel n’a pas de vrai numéro 3, alors il domine totalement Florian Steinmann, car il peut aussi jouer en post-up (comme un pivot, dos au panier).»
Roberto Kovac (poste 2): «C’est un shooter avec une belle gestuelle. S’il est libre, son tir “fait ficelle” presque à chaque fois. De par son adresse, il force l’équipe adverse à avoir un focus sur lui. Ce qui libère d’autres joueurs.»
André Williamson (poste 4-5): «Un pivot plutôt de petite taille (2,02 m) et donc parfaitement profilé pour la Suisse, où il n’y a pas de grand centre de 2,15 m. C’est un gaucher qui défend très bien, notamment en post-up. Cela est flagrant dans son duel face au Neuchâtelois Mathis. Il est aussi très discipliné. Contrairement à certains joueurs américains, il n’est pas un croqueur de ballons. Et, mine de rien, il réalise souvent des doubles doubles (plus de 10 points et plus de 10 rebonds).»
Arnaud Cotture (poste 4): «Des qualités athlétiques évidentes. Il est capable de tirer à trois points et de jouer en post-up. Son engagement est remarquable aux rebonds. Il finit par user l’adversaire par ses claquettes et ses ballons déviés. C’est un joueur majeur de son équipe, du championnat et bientôt de l’équipe nationale.»
Westher Molteni (poste 4): «Après une longue convalescence, ce joueur très expérimenté se révèle dans les matches à enjeu. Il aime le duel et possède des qualités athlétiques intéressantes, ainsi qu’un tir à trois points. Il peut jouer près du panier, mais de face, pas en post-up. Quand ça se frite un peu, quand ça bagarre, c’est là qu’il est le meilleur.» KA

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