Bumotec dégraisse, 23 salariés à la trappe

| mer, 22. juin. 2016

Les temps sont durs pour Bumotec. Alors qu’il doit prochainement quitter son site historique de Sâles pour sa nouvelle usine de Vuadens, le fabricant de machines-outils s’apprête à licencier 23 employés.

PAR YANN GUERCHANIK

Le carnet de commandes ne se remplit pas autant qu’espéré du côté de Bumotec. Une situation qui contraste avec l’usine flambant neuve que l’entreprise parachève en bordure d’autoroute à Vuadens. De fait, le fabricant de machines-outils, actuellement basé à Sâles, s’apprête à licencier 23 employés.
Les derniers mois ont été durs pour Bumotec qui compte à ce jour 170 postes de travail. La faute à l’évolution défavorable des marchés cibles. Dans un communiqué, les responsables accusent ainsi «un ralentissement marqué de l’horlogerie avec peu de perspectives d’amélioration à court terme». De même, le domaine des instruments chirurgicaux et des implants ferait preuve «d’une certaine retenue en matière d’investissements en biens d’équipement».
Autant de facteurs qui s’ajoutent à la force du franc suisse. L’abandon du taux plancher en janvier 2015 pèse sur les résultats de Bumotec. Le renchérissement qui s’ensuit de ses produits à l’export avait déjà contraint l’entreprise à prendre des mesures. En avril 2015, elle avait porté le temps de travail hebdomadaire de 43 à 45 heures. Prévue pour une durée maximale d’un an, la mesure perdure toujours.
La direction de Bumotec assure avoir respecté le cadre juridique. Au-delà de ses collaborateurs, elle a fait part de ses intentions au Service public de l’emploi. Le personnel a jusqu’au 5 juillet pour soumettre toute proposition qui permettrait une diminution du nombre de licenciement. La direction promet d’analyser «attentivement chaque proposition».


Transfert de personnel?
Bumotec s’engage par ailleurs à assister «autant que possible» les collaborateurs licenciés dans leur réorientation professionnelle. Il est notamment question d’étudier toute possibilité de transfert interne au Groupe Starrag. Un transfert interne pour une durée limitée se présente également comme une option. A noter que le chômage partiel a déjà été actionné.
Pour le secrétaire régional du syndicat Unia Armand Jacquier, la situation n’en est pas moins regrettable. «Après l’augmentation du temps de travail hebdomadaire, cela revient à faire payer une deuxième fois les salariés», dénonce-t-il.
Mais comment l’entreprise gruérienne envisage-t-elle son avenir, elle qui doit déménager prochainement de Sâles à Vuadens, dans une usine trois fois plus grande? Précisons d’emblée que Bumotec n’a pas prévu d’occuper toute la surface: environ un tiers doit être loué à d’autres sociétés.
Reste que la halle qui s’érige le long de l’autoroute appelle à de grandes ambitions. Eh bien, la direction garde confiance en l’avenir: «Avec les plus récents développements et les concepts innovants actuellement à l’étude pour les segments de marché du luxe, des techniques médicales et de la micromécanique, Bumotec est très bien positionné et dispose d’une compétitivité intacte.»
L’entreprise ne doute pas d’une reprise de l’activité à moyen terme. D’autant qu’elle partagera sa future usine avec la Société genevoise d’instruments de physique (SIP), relève la direction.


Un groupe coté en bourse
Implanté au centre du village de Sâles depuis sa fondation en 1973, Bumotec est spécialisé dans la réalisation de machines-outils multifonctionnelles de haute précision.
Ces appareils, dont le prix de vente va de quelques centaines de milliers de francs à un peu plus d’un million de francs, permettent l’usinage de petites pièces destinées à l’horlogerie et la joaillerie, au médical et à la micromécanique.
Depuis 2012, Bumotec appartient à Starrag Group. Basé à Rorschacherberg (SG) et coté en Bourse, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de près de 400 millions de francs en 2013. Employant 1650 collaborateurs, il dispose d’usines en Suisse, en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne et en Inde.

 

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«A Vuadens en septembre»


Directeur de Bumotec et de SIP, Jean-Daniel isoz se veut rassurant pour la suite, malgré l’annonce du jour.

Selon le calendrier établi, vous deviez emménager sur le site de Vuadens ces jours. Qu’en est-il?
Le planning a été décalé de quelques mois en raison d’un léger retard pris dans la construction. Nous déménagerons en septembre. Cela n’a rien à voir avec les événements actuels.

Le projet n’est donc pas remis en question?
Hors de question. Le nouveau site commun pour Bumotec et SIP permettra une exploitation encore plus intensive des synergies ayant pour objectif une augmentation de l’efficacité et de la productivité.

Vous réduisez votre personnel, alors que votre surface va tripler. Qu’allez vous faire de ces 14000 m2?
Dès le début du projet, il est prévu de louer des espaces. Le ratio va évoluer un peu par rapport à ce qui a été annoncé (n.d.l.r.: 4500 m2 de surface industrielle et 800 m2 de bureaux), mais pas de manière drastique.

Avez-vous déjà procédé à des licenciements ces derniers mois?
Depuis l’abolition du taux plancher, le 15 janvier 2015, nous avons dû ajuster nos coûts quand le volume a diminué. D’autant que le phénomène s’est accentué quand le secteur de l’horlogerie a ralenti en septembre. Nous n’avons pas remplacé les personnes qui partaient, mais l’effectif est resté stable. Nous avions 168 collaborateurs en janvier 2014, 178 en janvier 2015, 175 en janvier et 172 au 1er juin.

Avez-vous activé la solution du chômage partiel?
Oui, bien évidemment. Nous en bénéficions depuis avril et nous continuerons à le demander si la situation ne s’améliore pas sur le plan des entrées de commandes. Ce qui nous a évité d’y recourir plus intensément, c’est que nous avons utilisé tous les artifices possibles. Nous avons lancé la production de machines pour le stock de manière à pouvoir répondre à toute demande.

Comment voyez-vous l’avenir?
Je suis très confiant pour la place industrielle suisse dont Bumotec fait définitivement partie. Nous sommes capables d’innover, de nous adapter et de proposer des solutions intégrées. Nous sommes bien positionnés, qui plus est avec les deux nouvelles lignes de production que nous mettons au point actuellement. Le marché est là, mais il faut être conscient qu’il n’est pas extensible. On va tout mettre en œuvre pour ne plus avoir à prendre une décision douloureuse comme celle-ci. JG

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