Le sud du canton, un secteur bien propice pour l’éolien

sam, 11. juin. 2016

De nouvelles analyses effectuées par la Confédération démontrent que l’énergie éolienne est sous-estimée en Suisse. Selon le nouvel atlas des vents, le sud du canton de Fribourg est une zone très intéressante. Un argument de poids pour les proéoliens.

PAR VALENTIN CASTELLA

L’énergie éolienne est largement sous-estimée en Suisse. Cette constatation est le message fort communiqué par l’Office fédéral de l’énergie. En effet, un nouvel atlas des vents révèle que les conditions sont bien meilleures que celles figurant sur les cartes éditées jusqu’à présent. Et notamment dans le sud du canton de Fribourg.
Coordinateur romand de Suisse Eole, l’association fédérale qui assure la promotion de cette énergie en Suisse, Lionel Perret explique cet écart: «Grâce à de nouvelles technologies, nous avons effectué des analyses plus précises, notamment au-delà de 100 mètres. Une action qui était difficile à effectuer il y a quel­ques années. Nous avons été surpris par l’ampleur de l’augmentation de la vitesse des vents, qui se chiffre, en moyenne, à 20%.»
Dans le canton, une différence de 30 à 40% a été constatée. Notamment dans le sud du canton. «Le potentiel de productivité est dé­sormais multiplié par deux», continue Lionel Perret.
De quoi donner des ailes aux prémices de projets situés dans la région? «Ces nouvelles statistiques provenant de la Confédération sont des arguments de poids face aux opposants, explique le coordinateur romand. Elles permettent également de rassurer la population sur le bien-fondé de l’implantation d’éoliennes.»


Aucune construction en vue
Le potentiel est donc bien présent. Reste désormais à l’exploiter. C’est là que les affaires se compliquent. Depuis une bonne dizaine d’années, différents projets ont fait surface. Certains ont été abandonnés, alors que d’autres sont toujours rangés bien au chaud dans la boîte à idées. Dans le canton (voir ci-dessous), les sites du Schwyberg, du Cousimbert, du Gibloux, de Semsales, du Flon, de la Glâne-Sud et d’Attalens ont notamment fait parler d’eux. Aujourd’hui, aucune construction n’est à l’ordre du jour. «Le projet du Schwyberg est le plus avancé, présente Jean-Michel Bonvin, directeur de Greenwatt, société fille de Groupe E. Sauf qu’il est actuellement bloqué par des oppositions de diverses associations écologi­ques. Cela fait plus de deux ans que nous attendons une réponse du Tribunal fédéral.»
Quant au Gibloux, au Flon et à la zone dénommée Glâne-Sud, soit les sites prioritaires de Greenwatt, ils ne sont pas prêts d’accueillir leurs premières éoliennes. En effet, l’Office fédéral de développement territorial oblige désormais les cantons à insérer les sites éoliens dans leur plan directeur. Au niveau fribourgeois, la mise en consultation publique du plan directeur révisé devrait intervenir en septembre 2017 et une approbation par le Conseil fédéral serait attendue pour 2019.
L’heure n’est donc pas encore à la construction de parcs, mais à la prospection: «Notre premier objectif est de déterminer les meilleurs endroits, en tenant compte de toutes les dis­positions légales, explique Serge Boschung, responsable du Service de l’énergie.»
Suivra une série de critères non exclusifs qui doivent aussi être analysés, comme notamment l’environnement, la faune et l’avifaune, la technologie, les infrastructures à réaliser et la rentabilité. Serge Boschung continue: «Les échéances peuvent paraître longues. Mais, dès que le plan directeur sera validé, les projets pourront être consolidés et les mises à l’enquête déposées, avec, à chaque fois, une étude d’impact, car l’essentiel des études préliminaires auront alors été effectuées.»
Entre 25 et 30 éoliennes Le canton a pour but d’atteindre 160 gigawatts de production annuelle selon la stratégie adoptée en 2009 par le Conseil d’Etat. Avec la technologie actuelle, entre 25 et 30 éoliennes,
réparties sur trois ou quatre sites, seraient nécessaires.
Autre épreuve à franchir après la validation du plan directeur: les oppositions déposées, qui peuvent freiner les projets, à l’image de celui du Schwyberg, bloqué depuis sept ans selon Serge Boschung. «Le problème est que les éoliennes ont besoin de surface et de hauteur pour être efficaces, précise Lionel Perret. Et c’est justement ce qui dérange certaines personnes.» Serge Boschung se montre toutefois optimiste: «Lorsque le plan directeur sera validé, un projet pourrait être reconnu d’intérêt national, selon la stratégie énergétique 2050 en discussion aux Chambres fédérales. Ce qui signifie que le recours serait directement traité par le Tribunal fédéral. Cette procédure réduirait considérablement la période d’incertitude liée à la construction d’un site.»
Une décision favorable du Tribunal fédéral concernant le Schwyberg constituerait une autre lueur d’espoir pour les pro-éoliens, comme le confirme Jean-Michel Bonvin. «Certains réfléchiront à deux fois avant de protester et cela permettrait un développement plus rapide des autres sites.»


Pas avant 2020
«Très concerné par le sujet», selon Serge Boschung, le canton de Fribourg peut désormais se reposer sur des statistiques favorables au niveau de la vitesse des vents. Des chiffres qui n’accéléreront toutefois pas la vitesse procédurale. Hormis le Schwyberg, aucun site ne devrait accueillir d’éoliennes avant 2020, voire plus tard.

 

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Plusieurs sites potentiels


Depuis plusieurs années, différents sites ont séduit le canton et les promoteurs. Certains verront peut-être le jour, alors que d’autres devraient être abandonnés. Tour d’horizon dans le sud du canton.
Le site des Paccots (Châtel-Saint-Denis, Haut-Intyamon, Gruyères et Semsales) a déjà été analysé selon le concept éolien du canton de Fribourg. «Ce projet est relativement compliqué à réaliser, explique Jean-Michel Bonvin, de Greenwatt. Les éoliennes se trouveraient sur un col potentiellement emprunté par les oiseaux migrateurs. L’éclatement du site fait que le coût des accès et du raccordement électrique risque d’être difficile à supporter pour un potentiel de production relativement faible.»
Figurant dans le concept éolien du canton, les sites du Cousimbert (Cerniat et La Roche) et des Plannes (Semsales, géré par l’entreprise Swisswinds et les Services industriels de Genève) font partie des zones favorables. «J’ai bien compris que le Cousimbert était une montagne sacrée, sourit Jean-Michel Bonvin. Si le Schwyberg n’est pas réalisable, celui du Cousimbert n’a pas beaucoup de chances.»


Plus qu’un site potentiel au Gibloux
Concernant les sites suivants, le terme projet n’est pas encore approprié. Il faut dès lors parler de sites d’implantation potentiels. Greenwatt pense là à différents secteurs, comme celui du Gibloux. «Le potentiel est bon, poursuit son directeur. Il faut toutefois faire attention à la cohabitation avec les ondes de l’antenne.» Dans cette région, deux esquisses de projet étaient auparavant en concurrence. Les communes du Châtelard et de Grangettes ont rejoint le groupe composé de Sorens, Pont-en-Ogoz, Marsens, Riaz, Vuisternens-devant-Romont, Villorsonnens et Gibloux (Farvagny, Vuisternens-en-Ogoz, Le Glèbe, Rossens et Corpataux-Magnedens). «La hache de guerre a été enterrée et Greenwatt travaille en parfaite collaboration avec les Services industriels de Genève», confirme son directeur.
Toujours selon la société fribourgeoise, les communes d’Attalens et de Remaufens possèdent également des sites intéressants. Les mesures préliminaires de vent montrent encore un meilleur potentiel au Flon (Bouloz). Jean-Michel Bonvin pense aussi au sud de la Glâne, dans la région de Siviriez, sans oublier le nord, qui toucherait les communes de Torny, La Brillaz, La Folliaz et Villaz-Saint-Pierre. Ces deux derniers sites, comme celui du Gibloux, se trouvent toutefois sous la menace du radar militaire en cours de construction à Torny (voir ci-contre). VAC

 

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La menace du radar militaire


En plus des nombreuses contraintes administratives, naturelles et des oppositions, l’implantation d’éoliennes dans certaines zones pourrait être freinée, voire annihilée par l’armée suisse. En effet, la Confédération a commencé la construction d’un radar militaire d’une longueur de seize mètres dans la commune de Torny. Le socle est d’ailleurs terminé. Cet instrument, servant à guider les avions à l’approche de l’aérodrome de Payerne, pourrait compromettre différents projets, comme ceux de la Glâne-Nord, de la Glâne-Sud et du Gibloux. La raison est simple: les interférences que pourraient avoir les éoliennes sur le radar en question. L’armée s’était d’ailleurs opposée au projet du Gibloux en mai 2015. Lionel Perret, de Suisse Eole, explique qu’un groupe de travail a été mis en place pour faciliter la communication entre les différentes parties. «Le dialogue a été instauré depuis peu. ça avance lentement.»
Conseiller communal de Torny en charge du dossier, Roland Sallin développe: «L’armée a d’abord articulé une distance de 50 km entre le radar et les premières éoliennes. Dans ce cas-là, plus aucun projet n’aurait pu sortir de terre. Aujourd’hui, ces distances ont été réduites (20 à 30 km).
Une diminution qui ne change finalement rien au problème. Jusqu’à présent, la Confédération ne s’est jamais basée sur une étude concrète. Elle reste toujours sur sa réserve. On ne sait donc pas comment va se terminer ce dossier. Une chose est certaine: le radar fonctionnera bien avant la première éolienne.» VAC

 

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