Les meilleures reines testées pour l’élevage à Grangeneuve

| jeu, 11. aoû. 2016

A Grangeneuve, le rucher-école de l’Institut agricole participe pour la première fois à la sélection d’abeilles pour l’élevage. Douze jeunes reines seront surveillées de près, durant deux ans, pour pouvoir perpétuer leur lignée. Les reines et leurs colonies devront répondre à des critères tels que la douceur de la colonie ou l’hygiène de la ruche.

PAR CLAIRE PASQUIER

Douze ruches de l’Institut agricole de Grangeneuve (IAG) ont de nouvelles locataires. En effet, la commission d’élevage de la Société romande d’apiculture a placé des reines, issues de lignées différentes, mais de la même race, la Carnica (la race principale en Suisse romande), dans quinze ruchers de testage en Suisse romande. L’IAG participe à l’opération, pour la première fois.
Pour Olivier Pittet, chef des exploitations de Grangeneuve, il s’agit là de faire rayonner la production apicole. «L’élevage d’abeilles est très important et les tests sont cruciaux pour continuer avec celles qui ont le meilleur capital génétique.»


Des reines pures
A l’Institut agricole et dans chacun des autres ruchers de testage, douze reines ont été reçues, implantées dans de nouvelles colonies, créées pour l’occasion. «Les abeilles ont, elles, été pesées pour en avoir le même nombre dans chaque ruche, soit 15000 à 20000», explique Olivier Pittet. Au rucher-école, Eric Dorthe, apiculteur attitré, se chargera de mesurer et d’observer les reines tout au long du processus.
Les reines choisies par la commission sont sœurs et ont été fécondées par des mâles dans des stations de fécondation, qui se trouvent dans des endroits isolés. «Nous faisons des mesures morphologiques sur les reines qui nous paraissent les meilleures et nous choisissons celles qui obtiennent les meilleurs résultats», révèle Alain Jufer, président de la commission d’élevage. Dans un souci d’impartialité, seule la commission connaît l’identité des lignées d’abeilles observées.
Durant deux saisons, les 180 reines seront testées sur cinq critères. «Le plus important est celui de la douceur de la colonie. Qu’elle soit la moins agressive possible», commente Olivier Pittet. En effet, après des importations de différentes races, dans les années 1960, pour augmenter les productions en miel, les abeilles ont subi des croisements et sont devenues plus virulentes. «Pour remédier à cela, les apiculteurs suisses ont commencé à faire de l’élevage.»
Liée à la douceur de la colonie, la bonne tenue du cadre est aussi essentielle pour que les apiculteurs le manipulent sans trop de dérangement. «Lorsqu’on retire un cadre de la ruche, les abeilles doivent former des boulettes et ne pas courir sur le cadre», informe Alain Jufer.
Le rendement en miel est un critère de sélection très important, même si, comme cette année, la météo influence la production. «Notre apiculteur se chargera de peser le miel récolté, deux fois par saison», précise Olivier Pittet.
«La propreté de la ruche est primordiale et en lien direct avec la présence du varroa, petit acarien néfaste pour les colonies», explique Olivier Pittet. Alain Jufer précise: «Pour voir la capacité d’une colonie à nettoyer, on tue quelques larves pour voir avec quelle rapidité elle s’en débarrasse.»


Le sort des fugueuses
Enfin, l’essaimage est un procédé naturel que les abeilles entreprennent depuis des milliers d’années pour survivre: «La vieille reine se fait chasser par une nouvelle. Elle quitte la ruche avec la moitié des abeilles pour aller créer une nouvelle colonie. Mais quelque temps plus tard, elle y est tout de même remplacée par une autre jeune reine», explique Olivier Pittet. «Les apiculteurs préfèrent contrôler l’essaimage et le faire artificiellement», expose Alain Jufer.
La résistance à l’essaimage est donc un facteur important dans la sélection d’une lignée plutôt qu’une autre: les abeilles à la fibre fugueuse ne seront donc pas privilégiées.


Les sélections génétiques
ne font toutefois pas tout. Les conditions météorologiques influencent aussi le comportement des colonies. «Cette année, les abeilles sont restées cloîtrées tout le printemps à cause de la pluie, ce qui est extrêmement favorable à l’essaimage», explique Alain Jufer. «Si des cellules de reines sont créées, cela veut dire que la ruche se prépare à élever de nouvelles reines et donc à essaimer.»
Au terme des deux ans, les mesures et commentaires seront traités et analysés par un programme sophistiqué. «Cela calculera les valeurs d’élevage de chaque reine par rapport à la moyenne», conclut Olivier Pittet, qui espère déjà pouvoir reconduire le testage d’abeilles dans deux ans, au rucher-école.

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