Un carton plein et un carton rouge

Commentaire

Estavayer 2016. La Fête fédérale de lutte et des jeux alpestres a été un succès sur toute la ligne: une organisation parfaite, un spectacle éblouissant – mention spéciale aux splendides images de la RTS – un public venu en masse et totalement émerveillé par le gigantisme de la fête. Les organisateurs d’Estavayer 2016 ont réalisé un carton plein. Mais, peut-on en dire autant du sport en lui-même? Les grands chefs de la lutte suisse aiment les traditions et c’est bien leur droit. Mais l’hermétisme et le repli sur soi n’ont jamais été des qualités. Nous sommes au XXIe siècle et, par exemple, aucun écran géant n’a été aménagé dans l’arène. Seuls les habitués des us et coutumes de ce sport pouvaient comprendre ce qui s’y passait, se référant à des numéros et aux informations données par le speaker. Dès lors, nombre de spectateurs non initiés, pourtant détenteurs de billets, ont préféré rester à l’extérieur pour suivre les débats sur les trois écrans géants répartis sur le site, où les noms des lutteurs étaient affichés et «où on comprenait un peu ce qui se passait». La même opacité a été constatée au moment de la transmission des résultats. Jusqu’à 19 h le samedi soir, alors que les luttes étaient terminées depuis plus d’une heure trente, impossible de connaître le nombre de lutteurs éliminés. Du jamais-vu dans un autre sport! Les lutteurs aiment bien décrier le football. On adresse donc un carton rouge à leurs décideurs, qui n’ont fait aucun effort pour s’ouvrir à un nouveau public, alors que l’occasion était belle de séduire ces curieux qui n’attendaient que ça. L’autre bémol du grand rendez-vous en terre romande est bien sûr d’ordre purement sportif. Aucun lutteur de l’Association romande de lutte suisse (ARLS) n’a décroché de couronne fédérale. Comme à Berthoud il y a trois ans. Dimanche soir, les larmes du chef technique Ruedi Schlaefli et la mine déconfite du président Blaise Decrauzat en disaient long sur la déception du camp romand, qui avait promis une à trois couronnes. L’ARLS dit avoir tout mis en œuvre pour réussir. Elle devra néanmoins faire face à la grogne de certains, qui en attendaient davantage en cette année fédérale. Reste que les lutteurs ont aussi leur part de responsabilité, eux qui ont tous raté le coche le dimanche après-midi. Du changement est à venir au sein de l’ARLS, avec bientôt un nouveau président et un nouveau chef technique. Quatre fois couronné fédéral, Stefan Zbinden mettrait tout le monde d’accord. A condition que le Singinois accepte de passer de simple coach à chef technique. Et rien n’est moins sûr. Pourtant, si les jeunes Welches veulent retrouver le niveau qui a été celui de leurs aïeux, il faudra bien trouver quelqu’un capable d’amener de la dureté dans l’entraînement, des idées dans la préparation et de l’expérience dans la gestion. Si la lutte suisse est un sport individuel, une couronne fédérale se gagne en équipe. Et une équipe a toujours besoin d’un leader fort. Karine Allemann

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