Départ chaotique, mais réussi, pour la Gordon Bennett

| mar, 20. sep. 2016

Le ballon Fribourg Challenge a survolé la Suisse hier après-midi. Parti de Gladbeck à la première heure lundi, il file vers le sud et vise le bout de la botte, à haute altitude, pour remporter la Gordon Bennett.

PAR XAVIER SCHALLER

L’hymne suisse retentit, le staff lâche la nacelle et le ballon Fribourg Challenge s’envole dans le ciel de Gladbeck. Il est 0 h 45, lundi. L’aérostat prend rapidement de l’altitude, file au sud et disparaît dans l’obscurité après une minute. Seules ses balises lumineuses signalent sa présence quelques minutes encore.
Les pilotes Nicolas Tièche et Laurent Sciboz vont ensuite vivre plusieurs jours, seuls en plein ciel, à la recherche des meilleurs vents. Un seul objectif: poser plus loin que les 23 autres équipages et remporter la Gordon Bennett, le championnat du monde de vol longue distance en ballon à gaz.
Même si ce décollage est le 19e de la soirée, on ne se lasse pas de la poésie de ce spectacle. Mais, vaincu par les reports et les ajournements, le public n’était pas nombreux.
Il faut dire qu’avec cinquante heures de retard, la Gordon Bennett a presque déjà battu un record cette année. Reporté de deux jours, de vendredi à dimanche, en raison des prévisions météo, le départ devait être donné à 22 h.
Les contrôleurs aériens de Düsseldorf et un avion retardé en provenance de Barcelone en ont décidé autrement. Ce n’est que peu avant minuit que le premier ballon a pu décoller.
Après les premiers départs, les quelque mille personnes encore présentes se sont rapidement dispersées. C’est donc devant un public clairsemé que sont partis les derniers ballons.


Briefing à 10 h
Retour sur la journée du départ. Après un jour de repos et d’attente, la course a repris ses droits dimanche matin, avec le briefing de 10 h. Le ciel est gris et la température fraîche, avec un vent léger. Pendant que le staff technique dispatche les palettes de sacs de sable aux emplacements de chaque équipe, les pilotes font le point sur la météo et reçoivent les consignes: gonflage des enveloppes à 13 h et dernier brie-fing à 21 h et le départ à 22 h.
Les organisateurs en profitent pour rappeler que «les pilotes doivent photographier leur lieu d’atterrissage, avec une géolocalisation. Nous voulons aussi être informés de votre atterrissage en priorité, avant Facebook.»
Particularité de la course, tous les pilotes doivent revenir à Gladbeck pour proclamer le vainqueur. «Des discussions et des votes auront alors lieu, entre pilotes, explique Laurent Sciboz. Toutes les décisions prises, y compris une éventuelle disqualification, seront alors définitives, sans recours possible.»
Un jury sanctionnera aussi les infractions au contrôle aérien: passage sans autorisation et non-respect des consignes. Lundi, trois équipages ont d’ailleurs dû atterrir, faute d’avoir pu obtenir les autorisations de survol d’une zone militaire belge. Vers 11 h, chacune des 24 équipes décharge son matériel. Sur des grandes bâches, l’enveloppe s’étale en attente du gonflage.


La tension monte
A 17 h 45, le sifflement de l’hydrogène se fait entendre sur l’emplacement de Fribourg Challenge. La tension monte d’un cran et un caméraman de La Télé filme la scène en direct.
Plusieurs techniques de gonflage existent. Les Fribourgeois remplissent leur enveloppe en deux fois. Un strap, lesté des sacs de sable, enserre celle-ci aux deux tiers de la hauteur.
L’hydrogène remplit d’abord le bas et le ballon reste couché. Visuellement, cela ressemble à un boutefas géant ou à une baleine blanche échouée. Lorsque la poche des gaz est jugée suffisante, le strap est libéré et le ballon se dresse d’un coup. C’est un moment crucial: si les cordages s’emmêlent, l’enveloppe peut alors se déchirer. Un des équipages autrichiens a terminé ainsi sa course l’an dernier, avant même de la commencer.
A 18 h 08, les 1000 m3 sont embarqués et les sacs de vol accrochés. Il est temps d’aménager la nacelle, avec notamment le matériel obligatoire: deux radios et deux transpondeurs, avec des batteries pour trois jours, un canot et des gilets de sauvetage, un projecteur et une corne de brume. Plus le matériel personnel, de vie et de navigation.


Une nacelle métallique
Alors que le traditionnel osier prédomine parmi les nacelles, celle des Fribourgeois, métallique à base triangulaire, attire les curieux. Chaque team joue le jeu et accepte les questions et le regard des autres équipes et des passionnés – le terrain leur est ouvert, moyennant une accréditation à dix euros.
Le tour des nacelles permet aussi de glaner deux ou trois informations, comme le nombre de bouteilles d’oxygène embarquées. «Les conditions cette année devraient imposer un vol prolongé en haute altitude, explique le Glânois Laurent Sciboz. La plupart des équipages vont sans doute emporter plus d’oxygène que le minimum réglementaire.» Fribourg Challenge réussit d’ailleurs à dégotter in extremis une bonbonne supplémentaire.
«Dès que vous restez au-dessus de 4200 ou 4300 mètres, vous êtes en danger. Nous montons tellement vite que le corps n’a pas le temps de s’acclimater. Les plaquettes ne suivent pas dans le sang et le cerveau peut déconnecter, instantanément.»
Au point presse de 17 h, à Fribourg, le chef du poste de contrôle, Jacques-Antoine Besnard, a confirmé cette option: «Nous sommes dans la ligne que nous nous étions fixée. Le ballon a volé entre 2500 et 4000 m jusqu’ici. Nous allons progressivement le faire monter à 5000 m, pour passer à la verticale du Mont-Blanc vers 21 h ou 22 h. Ensuite, il pourrait rester à ces altitudes le reste du vol.»
Sous oxygène et à – 15°C, les pilotes vont déguster. De nombreux équipages hésiteront à traverser les Alpes, parce qu’ils n’ont pas l’habitude des hautes altitudes.
Dans le meilleur des cas, Nicolas Tièche et Laurent Sciboz se poseront au sud de l’Italie. «Avec l’option haute altitude et la météo, la Grèce n’est plus une option.» Quant à l’Afrique du Nord, ces pays ne font pas partie de la zone d’atterrissage autorisée lors de la compétition.

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