L’Hôtel de Ville retrouve l’âme de ses chaudes soirées

| sam, 03. sep. 2016
Charlie Winston a été en symbiose avec son public. (photo Antoine Vullioud)

Avec Charlie Winston, l’Hôtel de Ville de Bulle accueillait jeudi une valeur sûre, qui ajoute le talent de showman à son sens du refrain efficace. Le groupe Minuit restera comme une révélation de ces Francomanias, alors que la place du Marché s’impose comme le cœur du festival.

PAR ERIC BULLIARD
Après trois morceaux, il lance son chapeau dans la salle. Comme pour dire: «OK, on oublie le look et l’image, on est là pour la fête et la musique.» Et Charlie Winston de confirmer qu’il ajoute un talent de redoutable showman à son sens de la mélodie et du refrain efficace.
Après Youssoupha mercredi, Charlie Winston a lui aussi sonné jeudi le retour de ces soirées qui ont fait l’histoire et l’âme des Francomanias de Bulle. Où l’artiste finit en sueur et le public avec le sourire. Et vice-versa. Où le chanteur est si proche que tout le monde a l’impression non pas de le voir en concert, mais de vivre le spectacle en communion avec lui.
L’Anglais l’a avoué à la fin: il est arrivé à Bulle fatigué et enrhumé. Il en a très peu laissé paraître, avançant avec brio en équilibre entre le calibrage au cordeau et le sens de l’improvisation que possèdent les vrais musiciens. Entouré d’un batteur et d’un claviériste, le chanteur guitariste s’est baladé avec aisance dans sa pop-folk teintée de soul et de blues, pour emporter un public bon enfant, prompt à le suivre dans ces «oh, oh, oh» dont il est à deux doigts d’abuser.
Seul avec sa guitare et ses rythmes de human beatbox, il démarre avec Evening comes tiré de Curio City (2015). Début en douceur, avant d’être rejoint par ses musiciens pour enchaîner avec Truth, puis Hello alone. Trois chansons pour se chauffer, sentir la salle, l’entendre claquer des doigts. C’est parti, on oublie le chapeau, Charlie Winston descend dans le public. Connivence immédiate.
Au plaisir des fans
Plus tard, il reviendra au milieu des spectateurs avec sa guitare et son pied de micro. Pour entonner tous ensemble Like a hobo, le tube qui l’a lancé en 2009. Et qu’il reprend avec le sourire… Pas du genre à snober le plaisir de ses fans, le brave Charlie Winston.
A l’évidence, le trio maîtrise l’art de rebondir juste quand il faut, juste au moment où l’on se dit qu’il y a là un temps mort. Il a ce talent aussi d’alterner moments de délire – où les trois musiciens cognent sur la batterie – et d’émotion comme A light (Night) ou Boxes, qu’il lance seul au piano. Ou, surtout, ce Lift me gently, chanté a cappella qui vient magnifiquement conclure un set joyeusement débridé, tout en légèreté souriante. Exactement ce qu’il fallait pour le retour des grandes soirées de l’Hôtel de Ville.
Enfants des Rita
Un peu plus tôt, Minuit s’est affirmé comme une révélation du festival. Très vite, même les spectateurs qui ne les connaissaient pas y ont entendu des réminiscences des Rita Mitsouko: la chanteuse Simone Ringer et le guitariste Raoul Chichin ne font rien pour cacher qu’ils sont fille et fils du fameux duo déjanté.
La voix et la gestuelle rendent même par moments le mimétisme troublant. Mais Minuit vaut mieux que l’étiquette d’enfants (sages) des Rita. Frère et sœur ont de plus le bon goût de ne pas tirer la couverture à eux, l’autre guitariste, Joseph Delmas, se mettant au moins autant en évidence que Raoul Chichin.
Dans l’air du temps, ces six jeunes musiciens puisent çà et là pour faire monter leur sauce, entre rock et électro, cocottes funky et riffs que l’on croirait tirés de Roadhouse blues des Doors. Pour finir avec un Flash où Raoul Chichin se déchaîne en guitar hero. C’est frais, dansant, bourré de charme et d’énergie: Minuit réussit à séduire même ceux qui ne sont pas gagnés par la nostalgie de Marcia Baïla.

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