Le canton lance un programme de sensibilisation et d’accès à la culture pour les jeunes.
PAR DOMINIQUE MEYLAN
Tous les élèves de l’école obligatoire fribourgeoi-se devraient avoir accès à au moins une offre culturelle professionnelle par année d’ici à 2020. C’est l’objectif du programme présenté hier par la Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport (DICS). Une enveloppe de 6 millions de francs à répartir sur cinq ans est dévolue à ce projet.
«Nous ne partons pas de rien, souligne Philippe Trinchan, chef du Service de la culture. Mais le canton peut faire mieux.» Actuellement, ce sont essentiellement les élèves de Fribourg et Bulle qui profitent d’activités culturelles, tandis que les régions éloignées des centres sont particulièrement défavorisées. Selon les estimations, seuls 10000 élèves sur les 40000 que compte le canton bénéficieraient d’un accès ponctuel.
«Nous voulons que les élèves vivent des expériences culturelles et artistiques», explique Philippe Trinchan. Les familiariser et les sensibiliser avec les lieux fait partie des objectifs. «La culture a un rôle de liant social fondamental», relève Jean-Pierre Siggen, conseiller d’Etat en charge de la DICS.
Aides extérieures
Un budget annuel de plus d’un million de francs a pu être dégagé pour ce programme. L’Etat a trouvé trois partenaires externes, à commencer par la Banque cantonale, qui soutiendra un festival Culture et école, gratuit pour les enfants. La Loterie romande et les Transports publics fribourgeois font également partie des donateurs.
Les frais de déplacement constituent un des nerfs de la guerre. «Il arrive aujourd’hui que le coût du transport soit plus élevé que celui de l’activité culturelle», relève Jean-Pierre Siggen. En plus des trajets, le programme contribuera à baisser le prix du spectacle, de l’atelier ou de la visite.
Pour les acteurs culturels, des soutiens seront octroyés pour chaque prestation. La rémunération comprend un volet couvrant l’accompagnement pédagogique et un autre destiné à rémunérer l’offre en elle-même. Il ne s’agit toutefois pas d’une aide à la création – un autre pilier de la politique culturelle de l’Etat – mais bien d’un soutien au rayonnement.
Prêts à jouer le jeu
«Les acteurs culturels sont prêts à jouer le jeu», confie Philippe Trinchan. Leur implication ne se limitera pas à diffuser leurs œuvres. Un véritable travail de médiation leur sera demandé, avec l’élaboration d’un dossier pédagogique qui devrait permettre aux élèves de préparer, vivre et consolider leur expérience culturelle. Le tout s’inscrira dans le cursus scolaire.
Pour faire le lien entre les artistes et les enseignants, une plate-forme regroupant l’ensemble des offres du canton va être créée. Le catalogue se veut aussi varié que possible, avec des ateliers, des visites guidées, des spectacles dans des disciplines comme la danse, la musique, le théâtre, le cinéma, la littérature ou le design. «Nous souhaitons donner des clés aux jeunes pour comprendre la culture contemporaine», explique Philippe Trinchan. La qualité fait partie des critères et les projets seront soumis à une procédure de validation.
L’objectif d’amener tous les élèves de la 1re à 11e Harmos suppose un public âgé de 4 à 16 ans. «Il est difficile d’adapter l’offre aux jeunes élèves», admet Hugo Stern, chef du Service de l'enseignement obligatoire de langue française. Encourager des propositions susceptibles de toucher tous les âges constitue l’un des défis du programme. L’enseigne-ment spécialisé n’a pas été oublié et les enfants suivant cette filière profiteront également des offres.
La première édition du festival de la BCF est prévue du 13 au 17 novembre 2017. Avant cela, dès le printemps prochain, les enseignants pour-ront faire leur marché sur la plate-forme. Le programme devrait déployer ses effets dès la prochaine rentrée.
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