Les chemins de débord peinent à convaincre les agriculteurs

| jeu, 15. sep. 2016

La liaison améliorée Romont-Vaulruz, dont le chantier par étapes a été lancé il y a cinq ans, sera officiellement inaugurée demain. Avant et après Mézières, les chemins de débord créés pour accueillir le trafic agricole ne sont pas toujours fréquentés. Leur utilité divise les agriculteurs.

PAR FRANCOIS PHARISA

Le long de l’axe routier Romont-Vaulruz, dont l’amélioration a nécessité cinq ans de travaux, s’étirent deux chemins de débord d’une largeur de quatre mètres. Le premier, long de 1,2 km, entre Romont et Mézières, reprend le tracé de la voie historique Romont-Vaulruz, en aval de la route actuelle. Le second, de 1,3 km, séparé de la route par un terre-plein et une haie de protection, relie Mézières à Vuisternens-devant-Romont. Sur les 30 millions de francs consentis à l’amélioration de la liaison Romont-Vaulruz, 1,5 million a été consacré à ces chemins de débord.
Ouverts respectivement depuis un et deux ans, ils ont pour but de délester la route cantonale du trafic agricole. Tracteurs et troupeaux de bétail sont ainsi priés de les emprunter pour ne pas ralentir la circulation. Tout comme les piétons et les cyclistes. L’idée est séduisante sur le papier. Mais dans la pratique, elle peine encore à convaincre. En témoigne une fréquentation peu élevée.


«Autoroutes à vélos»
«Avec les collègues, on appelle ces chemins les autoroutes à vélos, car oui, à vélo, ils sont pratiques», ironise Dominique Dumas. En plus de son exploitation à Villariaz, cet agriculteur de 50 ans dispose de deux parcelles à Vuisternens-devant-Romont, au village. Pour s’y rendre, il concède ne pas toujours prendre le chemin de débord, qui débute à la hauteur de la fromagerie de Mézières.
«Parce que ce n’est pas très fonctionnel», estime-t-il, pointant du doigt la perte de temps qu’impliquent l’entrée et la sortie sur le chemin. «Pourquoi ne pas plutôt avoir élargi la chaussée principale, de sorte que les tracteurs puissent se décaler pour laisser passer les voitures, comme cela a été fait entre Le Poyet et Vaulruz?»
A cette doléance, le canton reprend les arguments déjà mis en avant lors de la présentation du projet. Corinne Rebetez, porte-parole de la Direction de l’aménagement, des constructions et de l’environnement, rappelle que ce chemin permet de fluidifier le trafic. «L’élargissement de la chaussée aurait favorisé les excès de vitesse», ajoute-t-elle.
Ce chemin ne fait d’ailleurs pas que des mécontents. A l’instar de Bernard Oberson, dont la ferme se situe en bordure de la route cantonale. «La réalisation de ce chemin nous a soulagés, admet l’agriculteur de 43 ans. Avant, quand je venais de Bulle, il me fallait m’arrêter au milieu de la route, mettre le clignoteur, et attendre, parfois un bon moment, avant de pouvoir tourner au risque de provoquer un concert de klaxons. Ce n’est plus le cas désormais.»


Chemin dangereux?
Le chemin de débord reliant le carrefour de la Parqueterie à l’entrée de Mézières est davantage décrié. «Il est dangereux. Il possède un virage à 90 degrés et sa pente est trop élevée. Une brique de verglas l’hiver et on se retrouve en bas le talus. Je ne m’y aventurerais pas», relève Daniel Menoud, agriculteur à Rueyres-Treyfayes.
Une critique que le Service des ponts et chaussées réfute: «Nous n’avons pas connaissance, de la part de la police, du contrôleur des routes ou d’usagers, d’une éventuelle dangerosité.» Pourtant, à écouter les agriculteurs et les représentants des autorités locales interrogés, ce chemin ne semble pas rencontrer grand succès.
Syndic de Mézières, Jean-Claude Raemy ne prend pas de gants quand on lui pose la question de l’utilité de cette voie de débord. «C’est une aberration. Personne ne l’utilise. L’arrivée à Mézières est mal pensée, la dénivellation est trop forte. Et on ne peut pas se croiser. C’est de l’argent jeté par les fenêtres.» Surtout, Jean-Claude Raemy regrette que sa commune doive s’acquitter des frais d’entretien. Car, conformément à la Loi sur les routes, l’entretien d’exploitation (déneigement, balayage, petites réparations) des chemins de débord est à la charge des communes.

Commentaires

Elargir la chaussée pour que les tracteurs puissent se décaler laissez moi rire. Sur les routes normales comme par exemple entre Broc et Charmey combien d'agriculteurs s'arrêtent en bordure de route ou cela est possible pour laisser passer le bouchon qu'ils occasionnent ...

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