«Ecouter les autres opinions»

| sam, 19. nov. 2016
Jean-François Steiert

Au premier tour, le socialiste Jean-François Steiert est arrivé en tête sur la liste de l’alliance de gauche, devant les deux sortantes. Après son échec de 2013, il semble bien parti pour accéder au Conseil d’Etat.

 

Par Xavier Schaller

Avez-vous été étonné d’arriver, au premier tour, devant vos deux colistières, conseillères d’Etat sortantes?
Ce ne fut pas une immense surprise, car je partais du fait qu’on serait relativement proche. Avant l’élection, avec pour la première fois une entente très large de l’UDC au PDC, j’avais de la peine à évoluer ce qu’allait être le résultat. Je pensais qu’une liste de droite purement masculine favoriserait plutôt les femmes sur notre propre liste.

L’effet femmes n’a pas fonctionné. Est-ce que la gauche a trop misé là-dessus?
Nous n’avons pas misé sur le vote en faveur des femmes. Le PS a des valeurs et s’engage, dans les élections cantonales, comme au niveau fédéral, à avoir un équilibre sur ses listes. Cela aurait pu être deux hommes et une femme. Ensuite, les deux partis partenaires ont décidé de nommer des femmes pour des raisons qui leur sont propres.

La liste de l’alliance était-elle assez attrayante? N’y a-t-il pas un problème de relève à gauche où vous apparaissez comme le dernier des golden boys avec Levrat et Berset?
On n’a jamais suffisamment de relève. Mais le problème dans le canton de Fribourg se situe quand même à droite, où l’on ne parvient pas à trouver une seule femme pour figurer sur la liste de l’entente.

Ne souffrez-vous pas d’une image de technocrate et d’homme de dossiers?
Si j’avais ce visage-là, je n’aurais pas été le meilleur élu fribourgeois aux dernières élections fédérales.

Qu’est-ce qui pourrait encore vous barrer la route du Gouvernement?
Il n’y a jamais de certitudes. Les choses bougent souvent entre un premier et un deuxième tour. Je pense que l’élection va se jouer à très peu de choses et la question de la mobilisation va être centrale. Est-ce que les gens qui souhaitent un gouvernement équilibré entre gauche et droite vont l’exprimer dans les urnes et de manière un peu systématique?

Ces quatre élus sur la liste de l’entente au premier tour, ce n’est pas une si mauvaise chose pour vous…
L’analyse politique n’est pas une science précise. L’échec des grandes entreprises de conseil et de consulting des Etats-Unis qui ont prédit la victoire d’Hillary Clinton rend modeste à ce sujet. Ceci dit, le côté rouleau compresseur de l’entente a un impact qui n’est pas nécessairement positif pour la gauche. Par contre, avec la configuration actuelle, la partie de l’électorat PDC et radical qui apprécie peu l’UDC risque de moins bouger.

Si Anne-Claude Demierre devait être évincée, pourriez-vous vous retirer pour assurer la présence de deux femmes au Gouvernement?
Je m’engage pour que notre liste soit déposée de manière intégrale dans les urnes, par le plus grand nombre de personnes, afin qu’il y ait trois élus de l’alliance de gauche. Pour le reste, on verra le 27 novembre au soir.

Avec un tiers des électeurs à gauche et deux tiers à droite, cela donne plutôt une répartition deux cinq au Conseil d’Etat plutôt que quatre trois…
La principale distorsion, c’est le troisième siège du PDC. Si on est mathématiquement précis, l’UDC a offert son siège au PDC. On a quitté au premier tour l’idée d’une représentativité mathématique. Donc, l’argument vaut ce qu’il vaut, mais il n’est de toute façon plus valable en pratique.
L’électorat cantonal s’équilibre avec un tiers à gauche, un tiers qui défend les positions de la droite dure et un tiers qui est sur celles de la droite modérée. Une représentation au Conseil d’Etat qui correspond à peu près à cela permet des négociations plus ouvertes sur des solutions communes.

Et avec cinq conseillers à droite et deux à gauche…
Il y aura plus souvent des solutions qui ne correspondent pas à ce que pense la population. Des partis politiques, des organisations, des associations ou autres feront appel à des votes populaires pour équilibrer ce qui ne s’équilibre pas au Gouvernement.
Au Conseil d’Etat, vous risquez de devoir chaque fois dire: «OK, vous êtes cinq, nous sommes deux, mais si vous ne bougez pas, nous allons nous retrouver devant le peuple et cela va nous faire perdre une année.» On peut travailler comme ça, mais c’est plus lourd et moins efficace que de trouver directement des solutions.

Vous avez une réputation d’homme de compromis. Chercher des partenaires parmi 246 parlementaires fédéraux ou parmi 7 conseillers d’Etat, ce n’est pas la même chose…
Le travail essentiel aux Chambres fédérales se fait en petit cercle. Pour les gros dossiers que j’ai réussi à faire passer avec des collègues d’autres sensibilités, nous nous sommes retrouvés à quatre, cinq ou six. On est donc dans les mêmes ordres de grandeurs.
Si vous êtes autour d’une table avec des équilibres des forces qui sont ouverts et des gens qui ne sont pas totalement figés sur des positions idéologiques, vous pouvez constituer des majorités qui ne seront pas toujours les mêmes. Sur certaines idées on se retrouve dans une constellation, sur d’autres sujets peut-être dans une autre. Cela donne plus de dynamisme à une équipe.

Pourquoi voter pour vous?
J’amène une certaine expérience politique, à tous les niveaux: commune, canton, Confédération. Tant par mon engagement professionnel que par mon engagement politique, je connais bien les institutions.
Je crois que les électeurs ont apprécié ma capacité à discuter et à écouter des gens qui ont d’autres opinions et à construire avec cela des solutions qui permettent d’aller de l’avant.

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