Derrière Massimo Baroncelli, douze artistes contre la terreur

| sam, 19. nov. 2016
Massimo Baroncelli

Le lendemain des attentats du 13 novembre 2015, Massimo Baroncelli a ressenti le besoin de «jeter quelque chose sur une feuille»… L’artiste tourain a convaincu douze autres artistes régionaux de participer à l’exposition Artistes contre la terreur, au Musée gruérien.

Par Christophe Dutoit

Le soir du 13 no-vembre 2015, Massimo Baroncelli a vécu un premier «drame» lorsque la Squadra Azzura a perdu son match amical contre la Belgique. «La télévision a coupé la retransmission pour montrer ce qui se passait lors de France-Allemagne, puis les images du Bataclan. Comme tout le monde, j’ai été extrêmement choqué. Il y a certes eu beaucoup d’attentats auparavant, mais celui-ci m’a particulièrement frappé. A cause de sa proximité. Le lendemain matin, j’ai eu besoin de jeter quelque chose sur une feuille…»

Une année plus tard, le peintre de La Tour-de-Trême expose L’insoutenable mise en scène d’une imagerie du crime, un dessin rehaussé à l’aquarelle qui évo-que le massacre du Bataclan, «la fête brisée», à l’image de ces éclats de verre qui jonchent le papier. Sur son dessin, il évoque Antoine Leiris, ce journaliste de France Bleu qui a perdu son épouse dans les attentats, auteur du poignant Vous n’aurez pas ma haine. «J’ai dessiné son garçon. Je trouve nécessaire que la culture réagisse face à l’islamo-fascisme.»

Sur sa lancée, Massimo Baroncelli a proposé au Musée gruérien d’accueillir une exposition d’Artistes contre la terreur. «Au départ, j’étais réticente, avoue la directrice Isabelle Raboud. Nous n’avons pas à aligner notre agenda sur les événements d’actualité. En revanche, j’ai trouvé important de montrer la sensibilité des artistes en prise avec le monde.»

Du coup, douze artistes, issus de l’association Visarte, répondent à l’appel et montrent leur expression de la terreur à Bulle jusqu’au 11 décembre. «Certaines œuvres sont explicites, analyse Isabelle Raboud. Telle ce Black flag 2016 de Georges Corpataux, qui inscrit en lettres meurtries le nom de villes touchées par Daesh. Ou Breath – Break – Broken, cette installation en terre cuite (et son moule) de Julia Huber Abate. Ou encore la Lettre à G de Marie Vieli et ses mains terrorisantes. Au centre de la pièce, Valeria Caflisch dessine quatre femmes de bandits siciliens, entourées de pompons colorés, des harnachements qui protègent traditionnellement les chevaux contre le mauvais œil.

Le «Pourquoi?» de Salzani
Certains artistes montrent des œuvres plus anciennes, à l’image de Solovki après le goulag, d’André Sugnaux, ou le diptyque de Magdolna Rubin, en lien avec les deux fuites de sa Hongrie natale. De son côté, Frédéric Aeby signe l’eau-forte Novembre, sous-titrée «pour moi la plus belle fleur de ce jardin». Tandis que Flaviano Salzani se contente d’un Pourquoi? en lettrages rouges sur le vitrage du Musée.

Plus loin, Sandro Godel installe au sol cent Pavés de la liberté, alors que Hans Schöpfer recycle des grenades explosées dans sa Colonne de la paix. Parmi les œuvres les plus intéressantes, Ivo Vonlanthen pousse son abstraction à ses limites, avec ses Nachtblüten proches des Outrenoirs de Soulages, autour d’un rectangle blanc central, comme une lumière dans la nuit. Aussi abstraite, l’œuvre de Marylène Joye laisse entendre «des cris, des hurlements, des rafales, des détonations, puis le silence»… «Pour ne pas oublier», espère Massimo Baroncelli.

Bulle, Musée gruérien, jusqu’au 11 décembre, www.musee-gruerien.ch

 

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