La presqu’île de Morlon orpheline de sa buvette

| sam, 10. déc. 2016

Le Petit Café des Laviaux, aux abords de la presqu’île de Morlon, va disparaître. Les gérants, Bob Macherel et son épouse, se sont vu refuser le permis de construire. Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux à plus de 250 reprises, le Gruérien dit sa frustration.

PAR VALENTIN CASTELLA

La région en a désormais pris l’habitude: lorsque Jean-Pierre Macherel, dit Bob, prend son téléphone pour se filmer et délivrer ses messages, le succès est au rendez-vous. Après avoir lutté contre les déchets cet été, l’employé communal de Morlon évoque, cette fois-ci, un sujet personnel. En effet, le Gruérien explique la situation que son épouse Latifa et lui vivent actuellement en tant que gérants du Petit Café des Laviaux, une buvette installée aux abords de la presqu’île de Morlon.
Dans cette vidéo, consultée plus de 16000 fois, il explique qu’il est contraint de mettre un terme à son exploitation, ouverte durant les étés 2015 et 2016. «En raison des nuisances, des vols et de la casse occasionnée, les propriétaires du Bed & Breakfast Les Laviaux, situé à cet endroit, avaient décidé de ne plus proposer ce service, qui se trouvait à l’intérieur du bâtiment, explique-t-il. Après avoir discuté avec eux, nous avions décidé de mettre en route une buvette, grâce à un pavillon installé à l’extérieur. En 2015, nous l’avons utilisé durant nonante jours, comme le permet la loi.»
Le couple a ensuite décidé de s’installer plus durablement, en mettant à l’enquête, en décembre 2015, une construction plus importante. Une initiative qui avait reçu l’aval communal, sous de nombreuses conditions toutefois.


Pas dans la bonne zone
Persuadés que leur requête allait être acceptée, les gérants ont pris les devants en construisant une structure plus solide, afin de pouvoir accueillir leurs clients durant la belle saison 2016. «Nous nous sommes mis d’accord avec le préfet pour l’exploiter encore une année, en attendant le permis de construire.» Sauf que ce dernier a été refusé par le Service des constructions et de l’aménagement (SeCA). La cause: le pavillon se situe dans une zone de détente et il n’est pas possible, selon la LAT, de construire une telle structure à cet endroit. «Un couvert était autorisé, mais pas un local fermé», détaille Bob Macherel. Le service de l’Etat évoque également l’argument de la protection du paysage. «L’accord stipulait qu’en cas de réponse négative du SeCa, les gérants devaient démonter la structure», précise le préfet Patrice Borcard.
Bob Macherel regrette le manque de coopération des autorités: «J’aurais aimé avoir une discussion sur le terrain avec les responsables, afin qu’ils prennent conscience de l’intérêt de cette buvette, qui a accueilli de nombreux marcheurs du sentier du lac.» «Je milite pour une zone touristique et une plus grande souplesse, répond Patrice Borcard. Mais la loi actuelle est stricte. Grâce aux Plans directeurs cantonal et régional, qui pourraient être approuvés par le Conseil fédé-ral et le Conseil d’Etat en 2020 et 2021, nous pourrons avancer sur ce genre de dossier. Mais ce n’est pas possible aujourd’hui.»


De vives réactions
Dans son argumentaire, Bob Macherel pointe également le fait qu’il effectuait un contrôle sur la presqu’île durant les week-ends estivaux. «Nous travaillons dans le coin depuis plusieurs années. Nous savons comment cela se passe. Si aucun travail de sensibilisation n’est effectué, cela redeviendra le bordel.» Réponse du préfet: «Ce lieu peut être considéré comme notre Côte d’Azur et nous devons y prêter attention, en étant attentifs à ce qui se passe.»
Les propriétaires du Bed & Breakfast et les gérants ont la possibilité de recourir auprès du Tribunal cantonal. Un chemin qu’ils ne vont pas emprunter. Par contre, ils attendent une réaction des instances touristiques: «Si rien ne se passe d’ici quelques semaines, nous allons tout démonter et vendre notre structure.» Une issue probable qui n’a pas laissé insensibles de nombreux internautes, qui ont exprimé leur colère. «Je comprends. Mais l’Etat doit faire respecter la loi qui, je le rappelle, a été massivement approuvée par le peuple en 2013», conclut le préfet.

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