Retrouver une assise défensive, et vite, pour croire aux play-off

| sam, 10. déc. 2016

La mi-saison passée, Fribourg-Gottéron reste à distance de son objectif de départ, les play-off. En cause, le secteur défensif. Devant un gardien friable, l’arrière-garde ne rassure pas malgré les ajustements de Larry Huras. Tous ont conscience de la situation, de Christian Dubé, en passant par Benjamin Conz.

PAR QUENTIN DOUSSE

«Dans l’ensemble, j’ai été rassuré par notre prestation défensive. Même si nous avons encore commis deux erreurs, une de position et une au rebond.» Le discours de Larry Huras, contrairement à l’issue du match, prend des airs de déjà entendu à la BCF-Arena. A défaut de tout résoudre, la victoire mardi à Vitkovice (2-5) a remonté le moral des troupes. Et redonné le sourire aux joueurs, de retour au turbin, jeudi à Fribourg.
L’entraîneur des Dragons n’a toutefois pas oublié les «cadeaux», sous forme d’errements défensifs, offerts par les Dragons depuis le début de la saison. S’ils n’ont pas porté à conséquence en Ligue des champions, il en va autrement en championnat. Où Fribourg-Gottéron stagne en queue de peloton avec la 11e défense du pays. A l’heure d’accueillir Zoug ce samedi soir, et avant de se rendre à Ambri demain, les Fribourgeois doivent retrouver rapidement une discipline défensive. En ont-ils les moyens? Eléments de réponse en quatre questions.

Une défense vraiment renforcée?
Si la prestation défensive ne se résume pas aux seuls arrières, la question de la qualité intrinsèque reste centrale. Celle-ci s’était posée en août déjà, avant même le premier match officiel. Face aux interrogations, le directeur sportif Christian Dubé avait alors assuré disposer d’une arrière-garde «plus étoffée et plus habile avec le puck». Un discours motivé par les arrivées de Chavaillaz, Kienzle, Leeger et de Stalder.
Quatre mois, un changement d’entraîneur et vingt-huit journées de championnat plus tard, les promesses ont laissé place aux doutes à Fribourg-Gottéron. En championnat, l’arrière-garde n’a pas le rendement attendu. Néanmoins, le Québécois Christian Dubé refuse de tout remettre en question: «Je continue à penser que notre défense est plus stable cette année. Notre contingent actuel n’est pas moins bon que celui de Lausanne ou même Davos. Même si notre posture au classement ne le montre pas.»

Manque-t-elle d’un leader d’expérience?
Eric Blum au CP Berne, Jonas Junland à Lausanne ou encore Raphael Diaz à Zoug: chacune des formations de tête s’appuie sur un défenseur dominant. A Fribourg, de gré ou de force, c’est le «partage des responsabilités» qui prime. Leader attendu, le Canadien Alexandre Picard réapparaît ce soir dans l’alignement après neuf matches en tribune, Larry Huras préférant miser sur quatre étrangers à l’avant. Les responsabilités incombent ainsi au néo-international Yannick Rathgeb (21 ans), talentueux mais encore trop imprévisible dans son jeu défensif. D’aucuns lui prédisent un destin de patron, tandis que sa prolongation de contrat est espérée ces prochains jours.
L’éternel sujet du leadership renvoie de suite aux limites budgétaires du club fribourgeois. «Il y a un décalage entre les attentes des gens et les moyens à notre disposition, rappelle Raphaël Berger, directeur général du club. En 2014, un joueur comme Félicien Du Bois était simplement hors de prix.» Pour les clubs moins riches, le marché s’est encore restreint ces dernières années, avec l’exil grandissant des meilleurs Helvètes vers l’Amérique du Nord. Faut-il dès lors se tourner vers l’étranger pour dénicher ce défenseur d’expérience? «Le scénario est souvent étudié. La situation pourrait évoluer l’an prochain», accorde Raphaël Berger.

Une culture défensive en question?
Depuis plusieurs exercices, le secteur défensif est un sujet récurrent sur les bords de la Sarine. Equipe à «l’étiquette offensive», Fribourg-Gottéron pèche-t-il par défaut de vertues défensives? Depuis la finale 2012-2013, quand les Dragons possédaient la deuxième arrière-garde du pays, les statistiques leur sont défavorables. Au club, on compte avec la patte de Larry Huras pour changer de registre. «Le jeu défensif est à la base de ma philosophie, prolonge le coach des Dragons. Défendre et miser sur les contre-attaques correspond non seulement au hockey, mais également au sport moderne. Il est vrai que cette culture est sans doute plus difficile à inculquer ici, à Fribourg.»

La faute au système ou à ces «cadeaux»?
Dès son entrée en fonction, début octobre, le technicien canadien a fait des bases arrière son chantier prioritaire. Si ses ajustements ont permis de retrouver une certaine assise, ils peinent à se concrétiser sur le plan chiffré. «Le travail tactique a été fait, certifie Christian Dubé. Nous sommes quatrièmes à la statistique du nombre de shoots concédés. A un moment donné, l’équipe doit aussi pouvoir se reposer sur son gardien.»
Ancien défenseur de la maison, Philippe Marquis (598 matches sous le maillot fribourgeois) évoque un système «perfectible», dans son application surtout. «Le souci principal concerne la perte des duels à un contre un dans la zone défensive, précise le Neuchâtelois de 40 ans. Par manque d’expérience pour certains, ou de confiance pour d’autres. Dans ces situations, on essaie de compenser par l’agressivité, voire de surjouer. C’est là qu’on délaisse son poste et qu’un adversaire se retrouve seul.»
De son côté, Larry Huras insiste sur la constance avant d’évoquer le système. «Tous les joueurs l’ont bien compris sur tableau noir. Je n’aime pas parler de système fixe, en 2-1-2 ou 1-2-2 par exemple. Je préfère instaurer un modèle à options. Reste que les gars doivent opérer le bon choix dans l’action. Avec la fatigue et le manque de lucidité, des erreurs individuelles arrivent. Elles font partie du jeu, mais on doit parvenir à les récupérer et éviter des black-out comme face à Bienne.»
Les récents déboires, aussi d’ordre mental, rappellent le rôle souvent évoqué de la confiance en soi. «De là découlent directement ces erreurs individuelles, reprend Philippe Marquis. Quand on demeure sous la barre, chaque match a un enjeu plus important que le précédent et cela crée une pression supplémentaire. Pour s’en défaire, les Dragons doivent désormais enchaîner trois ou quatre succès de rang.» Et cette mission play-off ne pourra être remplie sans une grande défense. Celle-là même qui, paraît-il, permet de gagner un championnat.

 

--------------------------

 

Conz reste calme face à la critique


Ces derniers temps, il a cristallisé la majeure partie des critiques s’abattant sur l’équipe fribourgeoise. Des reproches basés sur son pourcentage d’arrêt de 89,89%, soit le plus faible de la ligue. En championnat, Benjamin Conz ne rassure personne. A commencer par ses défenseurs. «Un gardien performant est la priorité pour tout système défensif, souligne le directeur général Raphaël Berger. Et, actuellement, le fait est que nous concédons trop de goals évitables.» Longtemps protégé, le portier jurassien a vu, depuis, vaciller son statut de titulaire indiscutable. Au détriment du jeune Dennis Saikkonen, auteur de premières prestations convaincantes, avant de connaître pareil affaissement.
Pour Benjamin Conz, cette période chahutée rappelle celle vécue lors de la saison 2014-2015, conclue par les play-out. «Ces passages ne sont jamais évidents, mais un gardien ne doit pas être résigné, souffle le portier de 25 ans. Avec notre misère en championnat, on se pose trop de questions. Le mental joue beaucoup et il faut rester calme face à la pression négative. Avec David (Aebischer, coach des gardiens), qui a aussi traversé de tels moments, on a accentué le travail spécifique pour regagner la confiance et la constance.» Face à ce problème, qui n’a pas trouvé solution avec la concurrence de Saikkonen, le directeur sportif Christian Dubé a, lui aussi, musclé son discours. «On croit en “Benji”, mais il ne peut plus se cacher. Sa place de numéro 1 confortée, il doit désormais rendre le change. La balle est dans son camp.»
Autant écrire que la victoire mardi à Vitkovice a grandement soulagé Benjamin Conz, lequel a retrouvé sa solidité devant les filets (37 arrêts sur 39 tirs). «On avait à cœur de bien faire, avoue l’intéressé. Personnellement, c’était le match idéal. Mais je ne dois pas me satisfaire de cela. Comme toute l’équipe, on peine encore à reproduire ce type de prestation en championnat. A nous de changer cela dès samedi (ce soir).» QD

 

 

Ajouter un commentaire

CAPTCHA
Cette question est pour tester si vous êtes un visiteur humain et pour éviter les soumissions automatisées spam.

Annonces Emploi

Annonces Événements

Annonces Immobilier

Annonces diverses