«Seulement quelques minutes peuvent encore être grappillées»

| mar, 31. Jan. 2017

«Il faut faire quelque chose pour les élèves du Flon.» Les conditions de transport des élèves vers le CO sont dénoncées depuis longtemps par la commune et les parents. Mais ceux-ci reconnaissent qu’avec les changements apportés ces dernières années, la marge d’amélioration est étroite.

PAR FRANCOIS PHARISA

Emmitouflés dans des bonnets et des gants de toutes les couleurs, leur frimousse cachée derrière un nuage de buée, une dizaine d’adolescents sont agglutinés le long de la route de Romont, au centre de Bouloz. Il fait encore nuit, il est 7 h 15. Levés depuis trois quarts d’heure pour la plupart, ces jeunes attendent le bus 472 des Transports publics fribourgeois (TPF). Celui venant de la Glâne, qui les conduira à Palézieux, où ils monteront dans le train pour Châtel-Saint-Denis. Au Cycle d’orientation (CO) du district, les cours commencent à 8 h 15.
La routine pour Alexandre. Ce blondinet aux yeux bleus est en dernière année d’école obligatoire, en 9H. «Les premiers mois, je trouvais le trajet long et pénible, concède-t-il. Mais on s’habitue. Et de toute façon, ce n’est pas comme si on avait le choix.» Philosophe, Alexandre. Dans le bus, il prend place à l’arrière, «comme toujours».
A Porsel, un garçon et deux filles le rejoignent. A peine assis, ces derniers sortent de leur sac un devoir. Le premier doit résoudre une équation à deux inconnues, les secondes complètent des fiches de conjugaison, luttant avec leur plume et leur feuille dans la descente vers Oron.
Pratique le trajet en bus. Mais long. Surtout si on le passe debout, comme trois ados ce matin-là (lire encadré). Avec les différents stops, vingt minutes sont nécessaires pour atteindre Palézieux. Antoine et Arnaud, de Porsel, eux aussi en 9H, patientent sur le quai de la voie étroite. Comme tous les autres élèves interrogés, ils ne se plaignent pas, quand on leur demande s’ils trouvent le temps de parcours de leur domicile à l’école trop long.
Au contraire, ils y voient un moment privilégié pour discuter entre amis. «Ce sont les parents qui ne sont pas contents et qui écrivent des lettres», estime Antoine. A 7 h 46, le train part. Il s’immobilisera en gare de Châtel-Saint-Denis à 7 h 57. Il aura fallu cinquante bonnes minutes à la cinquantaine d’ados du Flon pour arriver en classe. Alors que la commune se trouve à moins de 15 kilomètres, soit environ vingt minutes en voiture.


Vieux combat
La problématique n’est pas nouvelle. Le transport des élèves du Flon vers le CO, et plus généralement la desserte de la commune en transports publics, était déjà le sujet de discussion numéro un des autorités communales il y a quinze ans. Quand Raymond Dévaud faisait son entrée au Conseil communal. «De 2000 à 2016, le transport scolaire a été un souci», reconnaît l’ex-syndic, qui a cédé sa place le printemps dernier. Il relève néanmoins que «de légères améliorations» ont été consenties pendant cette période. Légères, mais des améliorations quand même.
Il y a un peu plus de dix ans, les parents, réunis en association, contribuaient à faire passer le temps d’attente en gare de Palézieux de vingt à trois minutes. Un pas en avant, puis un pas en arrière, en décembre 2012, avec l’ajout d’un transbordement à Oron-le-Châtel – celui-ci sera supprimé quelques mois plus tard. Enfin, dernière évolution, depuis décembre 2015, un bus ramasse les élèves devant le CO pour les ramener directement chez eux. Mais ce, uniquement l’après-midi.


«Solution idéale»
«Depuis 2005, nous avons gagné environ un quart d’heure. Les élèves arrivent à 17 h au lieu de 17 h 15», résume Nicolas Favre, ex-secrétaire de l’association des parents, désormais dissoute, et conseiller communal.
Pour lui comme pour son collègue Jean-Claude Bongard, vice-syndic et responsable des transports, la marge d’amélioration restante est désormais étroite. «Seulement quelques minutes peuvent encore être grappillées», admettent-ils. Selon eux, la «solution idéale» consisterait en un bus direct via Palézieux, matin comme après-midi.
L’hypothèse d’une ligne via Saint-Martin, un temps envi-sagée, a, elle, été «définitivement abandonnée». La route y est «trop sinueuse» et la ligne publique 472 pourrait être remise en cause. Question de fréquentation. Quant à un transport exclusivement scolaire organisé et financé par la commune, il est exclu, affirment de concert les deux élus. «Cela nécessiterait 80000 à 90000 francs par année.»


Espoirs pour l’horaire 2018
Un bus direct, matin comme après-midi donc. Voilà l’objectif. Pour y parvenir, la commune fonde beaucoup d’espoirs sur l’horaire 2018, qui entrera en vigueur en décembre prochain. Car celui-ci doit prendre en compte «l’étude Sud». Lancée en 2014 et pilotée par le Service de la mobilité (SMo), elle vise à améliorer la desserte fine dans les trois districts du sud du canton. Les premières informations seront transmises aux communes courant mars, lesquelles auront ensuite jus-qu’en juin pour faire leurs objections.
«Nous avons entendu les doléances du Flon et avons défendu notre morceau de viande», illustre Alexandra Buechler, directrice de la Région Glâne-Veveyse, qui a participé à l’étude «en tant que partenaire et non comme leader».
Egalement questionné sur cette étude, le SMo se contente pour l’heure de révéler que «la ligne desservant Le Flon sera plus rapide en direction de Romont (via Chavannes-les-Forts au lieu de La Joux)». Rien sur une éventuelle course directe vers le CO le matin, qui ne semble donc pas être à l’ordre du jour. «L’après-midi, le bus part du garage TPF à Châtel-Saint-Denis et peut prendre les élèves. Ce n’est malheureusement pas le cas dans le sens inverse», explique Corinne Rebetez, porte-parole de la Direction de l’aménagement, de l’environnement et des constructions.
Quant au préfet François Genoud, il dit ne pas encore connaître suffisamment le dossier pour se prononcer, tout en affirmant «qu’il n’existe pas de solution miracle».
Pas de quoi décourager Jean-Claude Bongard. «Quoi qu’il ressorte de cette étude, nous resterons à l’affût de toute amélioration possible pour notre desserte en transports publics. Et nous ne manquerons pas de rappeler au préfet et aux députés leurs promesses de campagne.» En attendant, Alexandre, Antoine et Arnaud continueront à profiter du trajet pour revoir leurs devoirs et refaire le monde.

 

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