En Suisse romande, nombreux sont les guérisseurs à posséder le fameux secret, souvent jalousement conservé. Le Bullois Bernard Quiquerez a, lui, décidé de dévoiler son don de guérison et sa méthode dans un livre que lui consacre le Romontois Robert Mugny.
En Suisse romande, nombreux sont les guérisseurs à posséder le fameux secret, souvent jalousement conservé. Le Bullois Bernard Quiquerez a, lui, décidé de dévoiler son don de guérison et sa méthode dans un livre que lui consacre le Romontois Robert Mugny.
françois pharisa
livre. Bernard Quiquerez est un homme demandé. Très demandé. Loin à la ronde. En cette fin de matinée, le vibreur de son téléphone portable est là pour le rappeler. Depuis la veille au soir, son journal affiche 32 appels en absence et 14 messages, qu’il consultera dans l’après-midi. «Je ne sais pas refuser quelqu’un. Qu’il soit petit, grand, chauve, chevelu, blanc, noir, très con même… Je n’arrive pas à dire non.»
Bernard Quiquerez est «guérisseur». Guérisseur d’à peu près tout: angoisse, allergies, douleurs pré- et postopératoires, brûlures, saignements, stress, verrues… Pour tous ces maux, ce Jurassien d’origine et Bullois d’adoption de 65 ans, représentant en spiritueux à la retraite, a le secret, comme on dit. Et il a décidé de tout révéler dans un livre que lui consacre le Romontois Robert Mugny (Bernard Quiquerez. La vie d’un guérisseur, paru en décembre). Dans l’appartement de ce dernier, les deux hommes racontent la genèse et les motivations de ce projet, que beaucoup de guérisseurs voient d’un mauvais œil.
Une prière catholique
«On ne doit pas cacher ce qui peut aider. Ça n’a pas de sens», lance d’emblée Bernard Quiquerez, aussi connu dans la région pour jouer d’un drôle d’instrument, la scie musicale. Sa méthode miracle (pour guérir donc et non pour faire chanter une scie)? Il demande au patient son nom et l’endroit où il a mal, puis il prononce une prière: «Tu es brûlé au doigt. Que cette brûlure disparaisse de ton corps comme l’huile qui brûle devant le saint sacrement de l’autel, en l’honneur des trois personnes de la Sainte-Trinité: le Père, le Fils, le Saint-Esprit.»
Voilà. Une simple prière catholique et pas même de formules magiques murmurées au creux de l’oreille du souffrant. «Le “patron” m’envoie l’énergie sous forme de chaleur, de bien-être, qui permet à la personne de s’auto-guérir», explique Bernard Quiquerez, précisant qu’il n’y a nul besoin d’être pratiquant pour recevoir des soins.
A en juger par le nombre de patients qui contactent le magnétiseur gruérien, la technique séduit. Pratique, elle fonctionne également par téléphone et même par la pensée, affirme Bernard Quiquerez. Y compris quand le patient se trouve quelque part de l’autre côté du globe. «Des gens en vacances m’ont appelé du Brésil, du Vietnam, d’Afrique… Quand des amis portugais rentrent au pays pour les fêtes, ils m’appellent pour l’épaule douloureuse de leur tante, l’arthrose de leur grand-père, etc.»
Des médecins aussi conservent précieusement son numéro. Il collabore notamment avec l’hôpital Daler, à Fribourg. «On me téléphone pour les hémorragies pendant les opérations. Le jeudi surtout, le jour des prostates», sourit-il.
«J’avais tout essayé»
Robert Mugny a, lui, eu recours au don de Bernard Quiquerez pour soulager de l’arthrose cervicale et de fortes crises d’angoisse invalidantes qui l’ont poussé à demander l’AI. C’était il y a un peu plus d’un an. «J’avais tout essayé, alors je me suis dit pourquoi pas un guérisseur? Je ne le regrette pas.» Aujourd’hui, si les crises d’angoisse n’ont pas disparu, elles se sont espacées dans le temps, assure-t-il.
Au fil des consultations, les deux hommes sympathisent. Féru de polars scandinaves et ayant lui-même écrit plusieurs romans policiers publiés à compte d’auteur, Robert Mugny propose à son bienfaiteur de raconter sa vie de guérisseur dans un nouvel ouvrage. «C’était le bon moment pour le faire, commente Bernard Quiquerez. Cette idée me trottait dans la tête depuis plusieurs années.»
«Beaucoup de charlatans»
Le résultat a été tiré à 4000 exemplaires. Et l’éditeur prévoit d’en imprimer 4000 supplémentaires, relève Robert Mugny. En Suisse romande, les
ouvrages dédiés aux guérisseurs ont la cote. Le best-seller de l’ethnologue Magali Jenny l’avait déjà démontré. Un livre dans lequel Bernard Quiquerez avait refusé d’apparaître. «Le nom de trop de personnes se prétendant guérisseurs, de charlatans, y figurait. C’est dangereux de faire croire aux gens qu’on peut leur venir en aide alors qu’il n’en est rien. Et, qui plus est, de leur faire payer la consultation.»
Lui assure ne rien demander. «Ce don, je l’ai reçu de mon “patron”, il ne m’appartient pas. Il peut me le reprendre. Je ne suis qu’un intermédiaire.»
Robert Mugny, Bernard Quiquerez, la vie d’un guérisseur, Favre, 167 pages
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Tout révéler? «Ridicule et déplorable»
Dévoiler dans un livre le fameux secret et la manière de l’exécuter: l’initiative du guérisseur bullois Bernard Quiquerez dérange. Parmi les guérisseurs piqués au hasard sur le site internet du Valaisan Georges Delaloye, qui tient soigneusement à jour une liste de faiseurs de secret depuis plusieurs années, tous réprouvent la démarche. Dans le milieu, c’est un peu la transmission de bouche de druide à oreille de druide qui prévaut. Le don de guérison est jalousement conservé.
La Gruérienne Francine Robadey et le Glânois Raymond Jaquet l’assurent: le secret n’est pas à distribuer à tout va. «Cela n’a rien à voir avec la volonté d’éviter une nouvelle concurrence, j’offre mes services gratuitement. Mais pour qu’un secret fonctionne et surtout pour qu’il ne puisse pas être utilisé par des personnes mal intentionnées, il doit se transmettre seulement à des proches de confiance plus jeunes que soi», explique Raymond Jaquet, qui agit entre autres sur les brûlures et les saignements. Tout révéler dans un livre est, d’après lui, «ridicule et déplorable». Francine Robadey, elle, a reçu son don pour soulager les âmes et les corps directement de son père, qui l’avait lui-même hérité de sa mère, infirmière. Dans la famille, le secret est «sacré». Elle ne l’a confié qu’à ses enfants et à des proches travaillant dans le milieu médical. Et elle s’étonne de cette volonté de transparence. «Dévoilé, le secret n’en est plus un.» FP
Commentaires
chantal (non vérifié)
mer, 27 fév. 2019
Claudia Barbey (non vérifié)
dim, 09 déc. 2018
Yvette Berthoud (non vérifié)
sam, 14 jui. 2018
Gerzner (non vérifié)
jeu, 10 mai. 2018
jordan marine (non vérifié)
jeu, 29 mar. 2018
Corinne Durgnat (non vérifié)
lun, 09 oct. 2017
Bühler Michèle (non vérifié)
dim, 28 mai. 2017
Obrist madeleine (non vérifié)
mar, 28 fév. 2017
laurent Bourquin (non vérifié)
mar, 28 fév. 2017
Chantal Luaces (non vérifié)
jeu, 09 fév. 2017
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