Une explosion démographique s’apprête à toucher Le Pâquier

| jeu, 09. fév. 2017

Avec l’arrivée à terme de plusieurs projets immobiliers, la population de la commune de 1160 habitants va gonfler de 35% en deux ans. Si l’école bénéficiera de l’arrivée de nouveaux élèves, la commune a dû adapter certains services. En matière financière toutefois, les conséquences pourraient être plus douloureuses.

PAR JEAN GODEL

développement. Le Pâquier exploserait-il? Les chiffres sont en tout cas impressionnants et donnent la mesure du soudain essor démographique qui va toucher le village. Affichant 1160 habitants à fin 2016, Le Pâquier va en effet gagner pas moins de 300 âmes en cette seule année 2017. Soit une hausse de 25% d’un coup. Et l’on parle de cent habitants supplémentaires en 2018, soit +35% en deux ans.
En cause? L’arrivée simultanée sur le marché immobilier de dizaines d’appartements issus principalement de deux projets parvenus à leur terme. D’abord l’immeuble construit en lieu et place du Restaurant Le Castel, à la route de la Gare: 21 appartements livrés ces jours-ci pour une septantaine de personnes.
Mais surtout, la quarantaine d’appartements du Clos-de-la-Chapelle, en dessus des terrains de foot. Là, JPF Immobilier met la touche finale à cinq immeubles de taille moyenne qui accueilleront, dès ce printemps, quelque 200 habitants.


Autant qu’en 25 ans
Ce n’est pas tout. Quatre immeubles supplémentaires vont sortir de terre en 2018, au lieu dit En Cretà, entre Le Castel et la gare. Apport: trente appartements pour une centaine de personnes. S’ajoutent encore quelques transformations de villas en habitations regroupées. A noter au passage que ce développement, pourtant rapide, se fait par densification du centre et non par éparpillement territorial.
Bref, en deux ans, Le Pâquier, va gagner autant d’habitants (environ 400) que durant le dernier quart de siècle. Comment la commune va-t-elle encaisser une telle accélération? Tiendra-t-elle le coup? La syndique Antoinette Badoud et le nouveau responsable des finances et des impôts, le conseiller communal Nicolas Gremaud, affichent une étonnante sérénité. Ils estiment même que cette soudaine expansion s’avérera providentielle pour l’école du village.


Population différente
Car Le Pâquier, avec sept classes, est actuellement un peu «juste»: dès 2018 en effet, il en faudra au minimum huit par cer-cle, nouvelle loi scolaire oblige. «Sans les enfants de ces nouveaux lotissements, nous devrions probablement fusionner avec un autre cercle scolaire et payer pour le transport des élè-ves», admet Nicolas Gremaud.
Combien de nouveaux écoliers le village peut-il attendre? On entre là dans le domaine des supputations. «Auparavant, explique la syndique, on estimait à 10% de la population le nombre d’enfants en âge de scolarité.» Ce qui en ferait donc une quarantaine en plus.
Antoinette Badoud table pourtant sur un ratio plus faible, entre 6 et 7%. Pourquoi? «Aujourd’hui, beaucoup d’appartements sont en PPE. Ils attirent donc une population différente, plutôt de retraités ou de parents dont les enfants ont quitté le ménage.» Ce qui fait tout de même 25 à 30 écoliers de plus.
Le Pâquier peut d’autant plus se réjouir que ses deux écoles, celle de 1911 et la nouvelle, construite en l’an 2000, disposent de deux salles de réserve. Et en 2018 au plus tard, l’accueil extrascolaire, actuellement dans le bâtiment de la gare, sera rapatrié dans l’ancienne école où il disposera de plus de place. Il y côtoiera la bibliothèque. «Tous les services liés à l’école se concentreront ainsi sur un même site», apprécie Antoinette Badoud.


Coup de fouet attendu
Voilà qui renforcera l’image d’un village vivant, offrant tous les services de base. En secret, la syndique rêve pourtant que cet afflux d’habitants contribue à redonner un coup de fouet aux commerces locaux. Pour l’heure, Le Pâquier, malgré sa taille relativement réduite, compte encore une laiterie, un petit magasin avec tea-room et agence postale, ainsi qu’une boulangerie, elle aussi dotée de son tea-room. Sans oublier un restaurant chinois, dernière table du village après la fermeture du Castel et du Buffet de la Gare.
Enfin, ces nouveaux habitants devraient contribuer à maintenir une vie associative encore intense. «Le Pâquier n’est pas devenu une cité-dortoir, souligne Antoinette Badoud. Les autorités s’investissent pour accueillir et intégrer les nouveaux habitants, par exemple en se présentant systématiquement à eux. Nous avons de bons retours de leur part: beaucoup nous disent que, chez nous, ils ne se sentent pas étrangers.»

 

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De nombreuses inconnues financières

Et financièrement, comment Le Pâquier va-t-il s’en sortir avec près de 400 nouveaux administrés en deux ans? S’il affiche aujourd’hui le sourire, Nicolas Gremaud, en charge des finances et des impôts (et professeur de mathématiques et de physique au Collège du Sud), avoue s’être fait quelques cheveux blancs pour établir le budget 2017 et, au-delà, le plan financier de sa commune. Voilà une entrée en matière tonitruante pour ce «bleu» au Conseil communal – il y a été élu en mars dernier.
Le défi a été d’estimer les nouvelles rentrées fiscales. Une tâche délicate quand on ne connaît pas le profil de tous ces futurs contribuables. Nicolas Gremaud s’est fait seconder par ses collègues de l’Exécutif et la caissière communale. Il a aussi demandé conseil auprès du Service des communes. «Nous avons fait un véritable calcul d’épicier, avec de nombreuses inconnues. Même si les nouveaux appartements sont d’un certain standing, nous sommes restés prudents pour établir la moyenne des revenus.»
D’autres inconnues demeurent. Il y a, bien sûr, les conséquences financières de la RIE III, mais aussi du CO3 et du futur centre sportif régional, sans parler des EMS – Le Pâquier s’est associé avec sept autres communes pour remplacer d’anciens EMS.
Et puis il y a les charges liées. Celles pour 2017 sont basées sur les chiffres du 31 décembre 2015. «On est donc bon pour les deux ans à venir», admet Nicolas Gremaud. Mais qu’en sera-t-il en 2019, quand le calcul se basera sur les chiffres de 2017? La facture grimpera, c’est sûr. Reste à savoir de combien…
Enfin, la nouvelle donne pourrait aussi avoir des conséquences sur la péréquation financière: «De bénéficiaire aujourd’hui, imagine Antoinette Badoud, notre commune pourrait devenir contributrice.» Bref, avoue la syndique, il n’est pas impossible que les impôts augmentent un jour.


Adapter les services communaux
Mais c’est l’ensemble des services communaux qui doivent être adaptés. Le Pâquier a ainsi lancé une étude sur la collecte des déchets, aujourd’hui organisée en de multiples points de ramassage. Faudra-t-il passer aux moloks? Ou à la taxe au poids? Pour ce qui est de l’eau, la commune est parée – elle avait ouvert un nouveau captage vu son développement dans les années 1990 déjà. Et en cas de besoin, son réseau est raccordé à celui de Gruyères.
Au plan administratif, de deux équivalents plein temps actuellement, la dotation en personnel va passer à 2,8 voire trois avec l’engagement, en juin prochain, d’un secrétaire général. «Mais vu le nombre d’heures supplémentaires déjà effectuées, cela correspond plutôt à une hausse de 50%», tempère Antoinette Badoud. Actuellement à l’étroit dans le local qu’elle loue au centre du village, l’administration entrera à la fin de l’année dans ses nouveaux quartiers, situés dans l’ancienne gare, rachetée en 2015. «Ainsi, tous nos services seront redimensionnés», résume Antoinette Badoud.
Tout cela ne plaide-t-il pas pour une fusion? «C’est vrai, admet la syndique, que cela nous a fait sentir les limites du système de milice.» Pour autant, les édiles n’ont pas été totalement désemparés, eux qui ont su faire appel à des aides extérieures. Un recours aux services de la préfecture ou au conseil juridique de l’Association régionale la Gruyère restent une option. Et des professionnels accompagnent par ailleurs l’Exécutif, notamment en matière d’urbanisme.
Malgré tout, Antoinette Badoud reconnaît qu’une limite a été atteinte en matière de gouvernance. Mais c’est d’abord dû au fait que toujours plus de tâches sont confiées à des associations de communes. La syndique insiste donc pour que les tâches de proximité continuent d’incomber aux communes.


Tirer le frein à main
Dans l’immédiat, Le Pâquier va tirer le frein à main en matière de construction. Ainsi, la parcelle de 13700 m2 que la commune possède à Villarblanchin, à côté de l’église, a été mise «au frigo» quand bien même son développement était prévu dès 2018 – un mandat d’étude parallèle a été lancé – et que des propositions d’achat sont sur la table. «C’est le seul outil dont nous disposons», constate Antoinette Badoud.
Quant aux terrains privés disponibles, dont la commune ne contrôle pas le rythme de valorisation, ils frôlent les 55000 mètres carrés. De quoi voir venir, donc. «Mais notre PAL, qui vient d’être approuvé, a des capacités au-delà desquelles nous ne souhaitons pas aller», conclut la syndique. JnG

Commentaires

Très bonne nouvelle. Le Pâquier est une commune attractive, notamment pour sa qualité de vie, vue, et proximité avec le centre-ville de Bulle. La commune doit continuer à monter en gamme. C'est la seule façon de se diversifier de l'offre du reste de la région. Suggestion: devenir le "Cologny" de Bulle, toutes proportions gardées: réserver des terrains pour résidents "bons contribuables", soigner le paysage et viser une diminution des impôts pour attirer les résidents aisés. Les dernières constructions le prouvent. Le potentiel est là, il suffit de voir la vue sur Gruyères qu'offre le village pour s'en convaincre.

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