Cap sur la barre symbolique des 70000 spectateurs

| jeu, 02. mar. 2017

En 2016, les cinémas bullois enregistrent une hausse de fréquentation pour la troisième année consécutive. Le public gruérien marque une nouvelle fois sa préférence pour les comédies françaises et les films d’animation. Aperçu des films qui sortiront cette année.

PAR YANN GUERCHANIK


Les cinémas bullois continuent de remonter la pente: en 2016, comme lors des deux années précédentes, la fréquentation progresse, affichant un total de 69376 spectateurs pour 123 films projetés. Soit une hausse de 3%.  De quoi toucher du doigt la barre des 70000 spectateurs, symbole d’un temps pas si lointain où le cinéma figurait encore dans le top cinq des loisirs.
Programmateur du groupe Cinemotion, Xavier Pattaroni est satisfait de l’exercice 2016: «D’autant plus que le marché suisse accuse une diminution de 7%. La chute est surtout marquée du côté alémanique où il a manqué des films porteurs comme Heidi ou Une cloche pour Ursli. Là-bas, ces films sont sortis plus tôt, ils ont fait un carton comptabilisé en 2015. La Suisse romande, elle, affiche une baisse d’un peu moins de 1%. Alors oui, on s’en tire très bien à Bulle.»


Omar Sy et Heidi
Les chiffres montrent une sorte de dilution. Sur la première marche du podium, Demain tout commence n’affiche «que» 3678 spectateurs. Alors que les vainqueurs des années précédentes présentaient des scores dépassant les 5000. De même, le top 5 de 2016 réunit 14041 spectateurs, soit 4111 spectateurs de moins que le top 5 de 2015. Bref, les spectateurs des Prado ont été plus nombreux en 2016, mais ils se sont davantage «éparpillés».
Quant aux films eux-mêmes, ils dessinent une programmation qui plaît décidément au public gruérien. En premier lieu, on trouve des comédies françaises et des films d’animation, comme les années précédentes. Comme des bêtes, Zootopie, Le monde de Dory ou encore L’âge de glace s’inscrivent en tête du classement. Les familles sont chez elles aux Prado.
On aime y rigoler aussi, en particulier devant des acteurs français comme Dany Boon (Radin!), Jamel Debbouze (La vache) ou Omar Sy (Demain tout commence). Ce dernier aurait même les faveurs des Gruériens, à en croire encore les 1436 entrées de Chocolat, l’autre film dans lequel il s’affiche. Rappelons que sa performance dans Intouchables (14266 spectateurs à Bulle!) avait été pour beaucoup dans l’excellent résultat de l’année 2011 (78265 spectateurs au total).
En deuxième position, on trouve un film qui reflète bien l’attachement du public gruérien aux histoires qui mettent en scène la montagne: après le succès des Belle et Sébastien (en 2013 et 2015), ce fut le tour de Heidi. «Il a fait 2807 entrées à Bulle contre 1450 à Payerne», relève Xavier Pattaroni.
Parmi les succès de 2016, notons que le documentaire Demain et le fraîchement césarisé Ma vie de Courgette ont convaincu à Bulle comme partout ailleurs. Enfin, relevons la performance du cinéaste fribourgeois Jean-Théo Aeby, lui qui avait bousculé le box-office bullois en 2011 avec les 8308 entrées de Sentier des vaches. Cette année, il parvient encore à tirer son épingle du jeu avec Je suis d’ici, qui a attiré pas moins de 1650 spectateurs.


Blockbusters à la peine
Les films enjoués et animés sont légion au classement et il faut descendre à la vingtième place pour trouver un long métrage comme The revenant (1073 spectateurs) pourtant vainqueur de deux Oscars (meilleur acteur pour Leonardo DiCaprio et meilleur réalisateur pour Alejandro González Iñárritu).
De même, l’excellent Sully de Clint Eastwood n’a réuni que 694 spectateurs. Et que dire de Toni Erdmann qui n’a réuni que sept spectateurs à chacune de ses huit projections. Un film pourtant salué par la critique et récemment considéré comme le 8e meilleur de l’histoire du cinéma par 59 membres de l’Association suisse des journalistes cinématographiques.
«Ce qui me fait très plaisir, note en revanche Xavier Pattaroni, c’est qu’on trouve six films européens dans le top 10 bullois, dont un film suisse (Je suis d’ici), un helvético-allemand (Heidi) et un helvético-français (Ma vie de Courgette). Ce n’était pas arrivé depuis longtemps.»
Autre remarque de la part du programmateur: «Les grosses machines américaines sont à la peine. Des Rogue one, Batman vs Superman ou Captain America sont autant de déceptions. Voilà qui confirme une évolution que l’on constate au niveau suisse: ce genre de films fonctionne bien mieux dans les grands centres urbains et les multiplexes.»


Casting à venir
«Dans la branche, on dit que 2017 se présente comme une année à observer de très près, confie Xavier Pattaroni. Car des films américains à gros budget sortent quasiment toutes les deux semaines. Il y a un risque d’engorgement et personne ne sait au juste si cela va booster leur fréquentation ou, au contraire, la mettre à mal.» Comme quoi, il n’y a pas que l’immobilier qui risque la surchauffe dans la région.
Quoi qu’il en soit, parmi les films les plus attendus, le programmateur signale King Kong la semaine prochaine, La belle et la bête avec Emma Watson le 22 mars et A bras ouverts avec Christian Clavier en avril. Puis ce sera Fast and furious 8, «une valeur sûre du point de vue de la fréquentation», sans oublier le nouvel Alien en mai, par Ridley Scott lui-même. Suivra Le roi Arthur de Guy Ritchie et Pirates des Caraïbes 5. En juillet, ce sera Moi moche et méchant 3, le nouveau Spiderman, Dunkerque de Christopher Nolan ou encore Valérian et la Cité des mille planètes, le nouveau Luc Besson.

 

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De l’opéra dans les salles obscures


Depuis l’année dernière, des spectateurs se rendent aux Rex de Fribourg en disant qu’ils vont à l’opéra. Et même au Royal Opera House! «Plus de mille diffusions ont lieu en direct à travers le monde, explique le programmateur du groupe Cinemotion Xavier Pattaroni. Les spectateurs ont ainsi l’occasion d’assister aux opéras et aux ballets de l’institution londonienne.»
L’offre a existé un temps à Cap’Ciné (aujourd’hui l’Arena). «Pas mal de demandes nous sont parvenues pour proposer cela à nouveau. Nous avons attendu de gagner en confort en changeant les fauteuils du Rex 1 et nous nous sommes lancés. Pour le moment, cela fonctionne de manière assez correcte. De là à étendre l’offre à Bulle ou à Payerne, je n’en suis pas encore convaincu. Il faudra attendre la fin de la deuxième saison pour voir si l’engouement persiste une fois passé l’effet de nouveauté.»
Au fait, cinéphiles et mélomanes sont-ils les mêmes? «Il y a des clients qui se croisent, confie Xavier Pattaroni. Mais dans l’ensemble, il s’agit plutôt d’une autre clientèle que celle qui fréquente habituellement nos salles de cinéma.» YG

 

 

 

 

 

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