L’alpage des Audèches au cœur d’une bisbille

| sam, 18. mar. 2017

Qui gérera ces magnifiques pâturages cet été? A priori, le paysan qui a signé le contrat avec la commune de Val-de-Charmey. Sauf que le recours déposé par un autre agriculteur a été admis.

PAR JEROME GACHET

Les Audèches? Un des plus beaux alpages de la région, avec sa situation exceptionnelle sur les hauts de Charmey et son herbe de grande qualité. Les Audèches, c’est aussi un complexe de plusieurs chalets difficiles d’accès, certains n’étant pas reliés au «monde» si ce n’est par un câble.
Depuis quelques mois, les Audèches font l’objet d’une bisbille qui risque de se terminer devant les tribunaux. L’histoire s’est propagée bien au-delà de la vallée de la Jogne. En question, l’attribution de cet alpage. Propriétaire, la commune, devant choisir parmi cinq soumissions, l’a confié à un agriculteur qui n’habite pas Val-de-Charmey. Ce qui n’a pas été du goût des trois agriculteurs locaux à s’être mis sur les rangs. L’un d’eux a d’ailleurs déposé un recours le 22 septembre dernier auprès de la préfecture. Recours qui a été accepté le 25 novembre.


Priorité aux Charmeysans
Contacté, le paysan en question ne veut pas s’exprimer «tant que l’affaire est en cours». Sa démarche s’appuie sur la Loi sur le bail à ferme et surtout sur la convention signée en 2013 entre Cerniat et Charmey lors de la fusion. Le document stipule que la priorité doit être donnée «en principe» à un paysan résidant dans la commune.
«En principe»: c’est autour de ces deux mots que tourne cette affaire. Dans sa décision, le préfet de la Gruyère Patrice Borcard estime en effet que la commune aurait pu attribuer l’alpage à une personne extérieure à la commune, mais pour autant que les solutions internes aient été épuisées. Ce qui, à ses yeux, n’était pas le cas. Il demande dès lors au Conseil communal de Val-de-Charmey de réattribuer les Audèches à un paysan du lieu, sans forcément d’ailleurs que ce soit au recourant.
Le syndic de Val-de-Charmey Yves Page refuse aussi de se prononcer à ce stade du dossier. La commune, qui a mandaté un avocat, peut en effet contester la décision préfectorale. Tout comme elle peut l’accepter, ce qui lui vaudrait alors inévitablement les foudres du paysan avec lequel elle a signé le contrat…
Pour ne rien simplifier, l’agriculteur en question n’est pas tout à fait étranger à Val-de-Charmey. Il n’y habite certes plus, mais y a vécu de nombreuses années avant de s’établir dans la Glâne.
L’affaire se finira peut-être devant le tribunal. Le cas échéant, la justice devra décider ce qui prime entre le droit administratif et un contrat de droit privé.
Président de la société d’économie alpestre, Philippe Dupasquier s’attriste de ces chamailleries. Il y voit aussi un côté positif: un épisode comme celui-ci prouve que les alpages suscitent toujours un bel attrait. ■

 

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La recourite gagne aussi le monde agricole


Comme la société en général, le milieu agricole voit augmenter le nombre de procédures juridiques. C’est le constat que dresse le préfet Patrice Borcard. «En cinq ans, j’ai eu à traiter une dizaine d’affaires comme celle des Audèches. C’est en nette hausse. Cela concerne des alpages, mais aussi des champs en plaine.» Afin d’éviter, tant que faire se peut, de telles procédures, le préfet a demandé à la juriste de l’Association régionale la Gruyère d’éditer un document destiné aux communes afin de clarifier la situation. JG

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