Les prestations de Pro Senectute mises en danger

| jeu, 16. mar. 2017

La Confédération veut diminuer son soutien à Pro Senectute. Les négociations en cours pour l’ensemble des prestations en Suisse auront des conséquences importantes au niveau cantonal.

PAR XAVIER SCHALLER

A Sorens, la gym douce est organisée tous les mercredis après-midi. Depuis juillet, le cours coûte sept francs au lieu de cinq. «En fait, tout augmente sauf les rentes AVS», se désole Lucienne. Sa collègue, qui vient d’atteindre l’âge de la retraite, approuve: «Je suis passée d’un salaire moyen à une rente et je dois vraiment me priver.» Elle a dû, par exemple, renoncer à son alimentation bio. Et les participantes sont unanimes: d’autres services de Pro Senectute ont aussi augmenté, comme pour faire nettoyer ses fenêtres ou remplir sa déclaration d’impôts.
Le directeur de Pro Senectute Fribourg, Jean-Marc Groppo, comprend ce mécontentement. Mais son organisation se prépare à une période difficile, car la Confédération veut réduire ses subventions. «L’ensemble de nos prestations pourraient être remises en cause.»
«On pense souvent que Pro Senectute est une organisation qui vit essentiellement des subventions. Mais nous nous finançons avant tout par la vente de nos prestations, se défend Jean-Marc Groppo. Pour la section fribourgeoise, sur un budget de 6,8 millions, les aides ne représentent que 1,7 million de francs.» Elles proviennent à 87,5%, soit à hauteur de 1,4 million, de la Confédération.
Cette part est actuellement contestée. En 2017, l’année de ses 100 ans, Pro Senectute doit négocier de nouveaux contrats de prestation avec l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS). Ils entreront en vigueur au 1er janvier 2018, pour la période 2018-2021.
La pression politique est forte, notamment de la part du Contrôle fédéral des finances, l’organe suprême de surveillance financière de la Confédération. Il a épinglé l’OFAS en fin d’année, estimant que l’argent versé à Pro Senectute a servi à constituer d’énormes réserves.


Pression sur les cantons
En décembre, l’OFAS a entamé ses premières réflexions. «Si la tendance se confirme, la section fribourgeoise pourrait perdre 800 000 francs par année», annonce Jean-Marc Groppo. L’impact ne sera pas le même dans tous les cantons. «Comparaison n’est pas raison, mais le canton de Fribourg nous attribue 162 500 fr. Le Tessin donne 6 millions à sa section, Vaud et Berne 3 millions.»
L’OFAS fait en outre valoir que, selon la Loi sur les subventions, les aides fédérales ne peuvent pas couvrir plus de 50% des coûts d’une prestation. «La gratuité de la consultation sociale pourrait être remise en question. De même que nos activités de sport et de formation.»
La consultation sociale aide les personnes âgées à faire valoir leurs droits en matière de sécurité sociale ou pour toute autre démarche administrative. «C’est le secteur qui coûte le plus cher à Pro Senectute, largement. Les conseillers sont tous des professionnels très bien formés. Leurs salaires, en fin de carrière, avoisinent les 112 000 fr. par année.»


Les personnes vulnérables
Pour ce service gratuit, qui a accueilli 1600 clients en 2016, la Confédération verse un demi-million de francs, le canton et les communes 50 000 fr. chacun. «Nous sommes donc au-dessus du taux de 50%», cons-tate Jean-Marc Groppo.
Pour la formation et le sport, par exemple, l’OFAS veut limiter son soutien aux personnes financièrement limitées, au bénéfice d’une rente complémentaire. Pour la gym dans le canton, il verse actuellement 170 000 francs.
Pro Senectute emploie cinq collaborateurs à temps partiel pour la planification des cours et la formation des moniteurs. Ceux-ci sont environ 170 et principalement des femmes. «Ils ont suivi un cours de base et de premiers secours, six jours de formation au total. Tout cela pour un défraiement de trente francs par cours.» Un jour de formation continue, tous les deux ans, est en outre imposé.
Jean-Marc Groppo a informé les autorités cantonales de la situation. «Anne-Claude Demierre, directrice de la Santé et des affaires sociales, m’a dit être inquiète et se questionner sur la nécessité d’activer les parlementaires fédéraux.»

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