Retour à la tradition pour la Maison du Gruyère

sam, 29. avr. 2017

Pour agrandir et rénover l’actuelle Maison du Gruyère, à Pringy, le jury a choisi un projet qui fait abstraction du passé. A part la cave, les bâtiments actuels seront démolis pour faire place à une colline flanquée de quatre maisons avec toits recouverts de tavillons. Devisé à 25 millions de francs, le complexe devrait être inauguré vers 2022-2023.

PAR JEROME GCHET

Rasée et reconstruite à neuf: c’est le sort spectaculaire qui attend la Maison du Gruyère. En choisissant le projet Mujyà (quartier de bois prêt à être fendu pour en faire un tavillon), du bureau neuchâtelois Frundgallina, le jury a certainement opté pour le plus audacieux. Pas tellement pour sa modernité – il s’agira même d’un clair retour à la tradition – mais pour ses implications.
Présenté jeudi lors de l’assemblée de la Société coopérative Laiterie de Gruyères, propriétaire des lieux, le dossier retenu prévoit en effet de détruire les bâtiments actuels pour ne conserver que la cave à fromages.
A ce stade, un bref retour dans le passé s’impose. Il ne faut d’ailleurs pas remonter si loin que cela: le 5 mai 2000, la nouvelle fromagerie de démonstration, alors baptisée Maison du Gruyère, est inaugurée en grande pompe. Si, ce jour-là, les critiques se font rares, le nouveau complexe ne fait pas l’unanimité, en particulier sur le plan esthétique.
C’est donc cet ensemble, vieux de moins de vingt ans, qui devrait être démoli. «Nous n’arrivions pas à nous en sortir en ajoutant d’autres bâtiments aux constructions actuelles», expose l’architecte Jean-Claude Frund.
Une petite colline
Les architectes comptent recouvrir la cave à fromages par une colline qui, loin de concurrencer celle de la cité comtale, pourra servir de jardin ou de parc. Elle sera au centre de l’attraction. A chaque extrémité, quatre maisons: une pour l’accueil et le Marché gruérien (avec l’atelier culinaire au-dessus), une pour la fromagerie de démonstration, une pour le restaurant (avec la salle polyvalente à l’étage) et, enfin, une réservée à l’administration.
Le visiteur s’enfoncera dans le terrain en empruntant un chemin souterrain. Il pourra ainsi faire le tour de la cave ou de rejoindre l’un des quatre bâtiments.
Rien de très haut, rien de très criard non plus avec des toits à quatre pans recouverts de tavillons: le jury y voit une échelle villageoise, un respect du patrimoine bâti et une bonne intégration dans le paysage. Le projet s’étend sur toute la parcelle, y compris sur le parking qui, lui, disparaît au sous-sol.
Le retour à la tradition est assumé. «Mais il faudra faire en sorte que cela ne devienne pas kitsch», avertit Philippe Bardet, président du jury, président de la Société coopérative et directeur de l’Interprofession du gruyère.
Pour le jury, unanime, ce dossier est celui qui répond le mieux aux deux objectifs fixés parmi les vingt-trois déposés: rénover la fromagerie et maintenir l’attrait de la Maison du Gruyère en mettant en valeur le fameux fromage. La mise en scène du lieu et la muséographie de l’exposition feront l’objet d’une étude séparée, précise encore le rapport final.


«Légèrement supérieurs»
Quant à l’investissement total, il devrait se situer aux alentours de 25 millions de francs. Selon le jury, ces coûts sont légèrement supérieurs à ceux des autres projets analysés.
Le calendrier, encore provisoire, prévoit une mise à l’enquête en 2018, un permis de construire en 2019 et le début des travaux en 2021. Si tout se passe comme prévu, la mise en exploitation devrait intervenir entre 2022 et 2023. «Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir», tempère Philippe Bardet. Durant tout le chantier, la fabrication du gruyère devrait être maintenue.
La nouvelle colline de Gruyères a déjà convaincu le Conseil communal. ■

Les six projets lauréats sont exposés à la Maison d’accueil de Montbarry, au Pâquier, jusqu’au 7 mai les mercredi et vendredi (de 17 h à 19 h) et les samedi et dimanche (de 10 h à 12 h et de 17 h à 19 h)

 

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160 000 visiteurs payants

Un joli bénéfice, un record de visiteurs: l’année 2016 a été réussie pour la Maison du Gruyère. Des chiffres présentés jeudi lors de la Société coopérative Laiterie de Gruyères, pro-
priétaire des lieux. Selon Fabienne Porchet, directrice, ce sont 633 000 personnes qui se sont rendues à Pringy l’année dernière, soit 1% de plus qu’en 2015. Parmi elles, 160 000 ont pris un billet pour découvrir l’exposition (+ 5,5% par rapport à 2015). Un chiffre inégalé. Dans le détail, les visiteurs proviennent de Suisse (28%), d’Europe (40%, dont une bonne moitié de Français), mais aussi d’Amérique du Nord (8%), d’Asie (6%), d’Arabie (4%) et de Russie (2%).
Au niveau de la production, les données sont moins réjouissantes. En raison des restrictions demandées par l’Interprofession du gruyère, les livraisons ont diminué de 10,5%, avec 5,4 mio de kilos de lait. Sur un marché difficile, en particulier pour l’exportation, cette mesure a permis de maintenir le prix du lait à 84 centimes par kilo.
Lors de cette assemblée de la Société coopérative Laiterie de Gruyères, Fabienne Porchet a présenté des comptes dégageant un bénéfice de 120 000 francs. Des amortissements et provisions ont même pu être effectués à hauteur de 962 000 francs. Ce qui tombe à point nommé en vue des investissements futurs. JG

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