La production atteint à nouveau les 100%

| sam, 17. juin. 2017

Après avoir diminué son quota de 10% en mars 2016, la filière du gruyère AOP retrouve peu à peu la normalité. La production est désormais fixée à 98% de sa capacité sur l’année, soit un plein régime actuellement pour compenser les premiers mois de 2017.

PAR CHRISTOPHE DUTOIT

L’Interprofession du gruyère AOP s’est mise sur son trente et un. Vingt ans après avoir été portée sur les fonts baptismaux dans la salle des chevaliers, la filière s’est retrouvée, mercredi, dans le même château de Gruyères pour son assemblée des délégués. L’occasion pour son comité de faire un tour d’horizon de ses activités récentes. «L’année 2016 a été très difficile, avec la baisse de 10% du quota de production. Mais nous avons finalement réussi à maintenir la place du gruyère AOP en Suisse et sur le plan international», s’est félicité son directeur Philippe Bardet.
Remontée à 93% durant les trois premiers mois de 2017, la production atteint désormais les 98% sur l’ensemble de l’année en cours. «Techniquement, la fabrication se situe actuellement à 100%, de manière à combler le début de l’année.»


Prix maintenus
En conséquence, la production de gruyère AOP en 2016 a chuté à 26 780 tonnes, en baisse de 7,8% par rapport à l’année précédente, soit la plus faible production de ces douze dernières années. Mais, dans le même temps, les ventes ont été supérieures (29 136 t en 2016, contre 28 719 t en 2015), grâce aux stocks de fromage. «Tous les acteurs de la filière ont parfaitement joué le jeu de cette baisse de production qui nous a permis de maintenir nos prix», explique Philippe Bardet. Au reste, la filière réfléchit actuellement à se doter d’un outil plus performant pour gérer ses quantités. Provisoirement nommé IPG-Cockpit, il devrait mettre en évidence des indicateurs qui permettent de prendre des décisions «plus rationnelles et moins émotionnelles».
Autre chiffre réjouissant dans ce contexte morose, la part des exportations a légèrement augmenté, à 12 106 tonnes. Sans atteindre les records des années 2013-2014, elle marque une embellie bienvenue. Les Etats-Unis et l’Allemagne demeurent les plus gros consommateurs de gruyère à l’étranger, alors que les quantités vendues en France s’affaissent d’année en année. «La concurrence du comté et le réflexe de préférence nationale nous sont défavorables», avoue le directeur de l’Interprofession.


Défense du produit
Au lieu de s’apitoyer sur cette année 2016 qui ne restera pas dans les annales, Philippe Bardet a préféré montrer à la presse à quel point l’Interprofession du gruyère AOP a défendu son produit ces vingt dernières années. Depuis 1997, le volume de fromage vendu a augmenté de 5000 kg (dont une hausse de 4000 kg à l’exportation), quand bien même le nombre de producteurs de lait est passé de 3200 à 1900 et celui des fromageries de 240 à 165. «Ces diminutions sont dues à des regroupements. Un tiers des fromageries vient d’ailleurs de subir des transformations afin d’améliorer la qualité, explique Philippe Bardet. Mais il faut continuer de travailler d’arrache-pied pour maintenir les prix, car combien de jeunes agriculteurs auront encore envie de traire des vaches à l’avenir?» La question a le mérite d’être posée.
Comparé au prix du lait payé par l’industrie, celui de l’Interprofession du gruyère AOP (84 ct. 81) a cependant de quoi faire des jaloux. «Notre filière est très dynamique et tous les acteurs, producteurs, fromagers, affineurs, vendeurs, se battent pour un produit de qualité. Il y a vingt ans, certains craignaient que l’Interprofession fige les structures. L’utopie de 1997 est devenue un succès. Nous avons réussi à progresser et à maintenir nos prix», se réjouit Philippe Bardet, tout en admettant qu’il «reste du pain sur la planche dans le domaine de la protection du gruyère AOP». ■

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