Le populisme est devenu une façon d’exprimer publiquement son mécontentement. Il représente une réaction populaire par rapport à des sujets de préoccupation locale ou des besoins vitaux parfois sous-estimés ou négligés. Il est alors facile pour un parti en mal d’extrême de s’approprier les revendications à des fins politiques en bafouant les valeurs, voire les institutions du pays. Exemple: l’immigration, les relations avec l’Europe, l’armée.

Sur le fond, toutes les prises de position ne sont pas fausses et sans intérêt. Cependant à force d’arguments exagérés, xénophobes et fallacieux ou d’affiches démagogiques, cette manière sournoise et ignoble de manipuler l’opinion fausse la donne et tente de mobiliser une partie des citoyens. Ceux-ci se sentent concernés, en particulier lors de votations populaires où les réactions émotionnelles d’une minorité déçue, voire parfois délaissée, apparaissent. De plus, accepter un sujet de votation sans proposer de solutions et sans mesurer les conséquences pour le pays porte une grave atteinte à la dignité du peuple souverain.

Ne faudrait-il pas rechercher les causes de cette attitude provocatrice et déloyale dans l’inaction et parfois le manque d’écoute et de courage des politiques et de nous autres citoyens? Quelle est la part de responsabilité de chacun? Le fossé entre ces deux parties existe et les motifs cités plus haut s’ajoutent à un repli latent. Qu’adviendrait-il si des débordements allaient un jour dégénérer en une sorte de mouvement réactionnaire et dirigiste? La peur et le doute sont mauvais conseillers. Si la liberté a bon dos, elle a toutefois des limites à ne pas franchir. Que des citoyens veuillent orienter l’avenir du pays est certainement bénéfique. Encore faut-il que la volonté soit exprimée dans le but de servir tout le pays. Cette démarche ne peut être encouragée que par le dialogue vrai et la consultation. L’intérêt du bien commun se situe finalement entre la démagogie du raisonnement ou l’intelligence du cœur. Jacky Brandt, Bulle