Un horaire 2018 plus étoffé, mais plus cher pour le canton

| sam, 03. juin. 2017

La bonne nouvelle, c’est le retour, à Romont et Palézieux, des InterRegio Lucerne-Genève. La mauvaise, c’est qu’ils remettent en question la poussée jusqu’à Berne du RER Bulle-Fribourg. Cela dit, tout le sud du canton bénéficiera d’une offre de bus largement enrichie.

PAR JEAN GODEL

Le projet d’horaire 2018 est en consultation depuis lundi dernier 29 mai et jusqu’au 18 juin. Son entrée en vigueur, le 10 décembre 2017, constituera, à l’échelon fribourgeois, le plus important changement depuis 2005, ont souligné, hier en conférence de presse, Jean-François Steiert, directeur de l’Aménagement, de l’environnement et des constructions (DAEC), et Grégoire Cantin, chef du Service de la mobilité.
En cause: le retour à Romont et Palézieux, une fois par heure, des InterRegio (IR) Lucerne – Genève-Aéroport, avec des conséquences en cascade sur les lignes régionales et les réseaux de bus. Le sud du canton est particulièrement concerné (voir ci-dessous), avec un «saut d’offre» en matière de lignes de bus, image Grégoire Cantin. Dans le canton, les bus parcoureront l’an prochain pas moins de 600 000 km supplémentaires.
L’objectif de ce renforcement des transports publics est bien sûr l’amélioration de l’offre, mais aussi, in fine, celle de leur part modale dans la mobilité du canton. Ce projet a été établi en étroite collaboration avec les régions concernées (préfets et associations de communes). Le tour des principaux changements.


RER Bulle-Berne menacé
Paradoxalement, le retour des InterRegio à Romont et Palézieux, s’il booste l’offre, menace aussi le prolongement jusqu’à Berne, une fois par heure, du RER Bulle-Fribourg.
En effet, le RER qui pousse jusqu’à Berne est constitué de deux rames CFF (l’une venant de Palézieux, l’autre de Bulle) qui s’accrochent en gare de Romont. Ce Romont-Berne en coupe/accroche est financé par le réseau grandes lignes des CFF. Or, l’an prochain, il disparaîtra pour ne pas faire doublon avec les IR.
Conséquence: le canton, qui paie à ce jour une participation à ce Romont-Berne mixte TPF-CFF, le financera intégralement dès l’an prochain – ce seront d’ailleurs les rames TPF qui effectueront le trajet jusqu’à la capitale fédérale. S’il s’en tient à sa participation actuelle, le canton ne pourra se payer que sept relations Bulle-Berne par jour, aux heures de pointe, du lundi au vendredi (contre douze actuellement, sept jours sur sept). Or, il ne le veut pas et s’engage à maintenir l’offre actuelle. Mais il a mis les deux variantes en consultation.


Ne pas casser l’offre
«Cet accès direct à Berne est important pour les touristes en provenance de Suisse alémanique vers la Gruyère», souligne Jean-François Steiert. Et avec le passage en voie normale du Bulle – Broc-Fabrique ainsi que la dynamique démographique de la Gruyère, même moins forte que ces dernières années, il serait paradoxal de «casser le flux de cette offre».
Contacté hier après-midi, Stéphane Berney, responsable de la communication aux Transports publics fribourgeois (TPF), confirme l’intérêt d’une telle liaison: «Le RER Bulle-Berne est la colonne vertébrale du réseau fribourgeois, avec la ligne Lausanne-Berne. Cette offre est très appréciée des clients, nous avons tout intérêt à la maintenir. C’est aussi un plus immense pour l’économie de la région et de tout le canton. Tous les partenaires en sont convaincus.»
Le dossier est l’objet de tractations, explique Jean-François Steiert pour qui les communes du sud sont particulièrement concernées: «Il y aura des choix politiques à faire selon les retours de la consultation et les coûts.» A l’entendre en effet, une baisse de la facture par l’entreprise prestataire (les TPF) pourrait aider le Conseil d’Etat à prendre sa décision, à la fin de l’été… Enfin, la question a des ramifications en Singine puisqu’il est question que le RER Bulle-Berne s’arrête, dès 2020, en gare de Guin.


Solution transitoire
Et dire qu’à plus long terme, les InterRegio snoberont à nouveau Romont et Palézieux, une fois terminés les grands travaux en gares de Lausanne et Genève… «Entre Berne et Lausanne, confirme Grégoire Cantin, les CFF introduiront alors un troisième produit, en plus des IC et des IR: un RegioExpress Berne-Renens qui s’arrêterait à Guin, Fribourg, Romont, Palézieux et Lausanne.» Le canton de Fribourg, lui, le prolongerait volontiers jusqu’à Genève… ■
 

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Un grand coup de sac dans le sud du canton

L’arrivée des InterRegio à Romont et Palézieux provoque un branle-bas de combat général dans le Sud. Pour en profiter au maximum, les horaires des bus seront largement étoffés. Détails.

● Bus: Romont-Palézieux
Le Romont-Palézieux via Ursy (ligne 20.473) bénéficiera de la cadence à la demi-heure aux heures de pointe. Une nouvelle ligne (20.474) est créée entre Moudon et Romont via Ursy, avec cadence horaire aux heures de pointe. Les deux lignes étant décalées entre Ursy et Romont, ce dernier tronçon bénéficiera d’une desserte optimale, ce qui compensera largement la suppression de la gare de Siviriez. Autre ligne créée, celle entre Romont et La Verrerie, via Vuisternens-devant-Romont, La Joux et Le Crêt. A noter encore que le tracé du Romont-Oron via la vallée du Flon (20.472) sera plus direct.

● Bus: Romont-Bulle
La ligne Bulle-Romont (20.254) zigzaguera moins: de Vaulruz, elle fera un simple crochet par Sâles, puis rejoindra la route cantonale à la croisée de Sâles pour filer vers Romont. Pour desservir les villages de Maules, Romanens et Rueyres-Treyfayes, une nouvelle ligne est créée (20.258) entre Bulle et Poyet. Elle poussera même jusqu’à Oron, via la vallée du Flon, aux heures d’entrée et de sortie des classes.
La ligne Bulle-Romont via Le Châtelard (20.471) ne desservira plus Estévenens, Villariaz et Mézières, mais filera, depuis Grangettes, vers Massonens et Villaz-Saint-Pierre. En compensation, une nouvelle liaison (20.482) est créée entre Estévenens et Sommentier via Vuisternens-devant-Romont.
A noter encore le prolongement jusqu’à Rosé de la ligne Romont-Villarimboud et le crochet par Lussy, depuis Villaz-Saint-Pierre, du Fribourg-Romont via Farvagny (20.470).

● Aussi en Gruyère
Décentrée, peu utilisée, qui plus est très chère à mettre aux normes, la gare d’Estavannens, sur le Bulle-Montbovon, passe elle aussi à la trappe. A la place, la desserte du bus Bulle-Grandvillard via Estavannens est doublée. Quant à l’horaire des trains Bulle-Palézieux, il sera décalé de quinze minutes pour coller aux nouvelles correspondances avec les IR à Palézieux.
Rappelons aussi, à Bulle, le passage à la cadence au quart d’heure, du lundi au vendredi de 7 h à 19 h, des lignes 1 et 2 du réseau Mobul. Ensuite, les bus circuleront à la demi-heure jusqu’à 21 h (minuit les vendredis et samedis). Cette modification n’est toutefois pas directement concernée par la consultation lancée cette semaine.
A noter que la ligne 2 Vuadens-Morlon se dédoublera en Palud: un bus sur deux bifurquera à l’ancien arsenal pour desservir la route du Verdel. Le quartier de Jéricho et Morlon garderont donc la cadence à la demi-heure tout le jour.

● Ailleurs dans le canton
Comme prévu, le RER Fribourg passe à la cadence à la demi-heure, en semaine, sur la ligne Fribourg-Morat-Anet (Ins). De là, un sur deux poursuivra jusqu’à Neuchâtel. Dans la Broye, c’est le RER Vaud qui passe à la demi-heure entre Palézieux et Payerne. Là aussi, un train sur deux poussera jusqu’à Chiètres via Avenches et Morat.

● Et ensuite…
Jean-François Steiert a aussi dessiné les prochains développements importants de l’offre dans le canton. Dès l’horaire 2019, Fribourg deviendra ainsi un peu plus urbain avec l’instauration d’un service de bus nocturne le week-end sur l’ensemble du canton. Plus loin, les nouvelles gares de Bulle et Châtel-Saint-Denis ainsi que le passage à la voie normale du Bulle – Broc-Fabrique provoqueront d’autres chamboulements.
Enfin, une autre priorité du canton va à l’instauration, pas avant 2025, d’une cadence au quart d’heure dans l’agglomération fribourgeoise, avec la création de nouvelles gares à Avry et Givisiez. Mais beaucoup dépendra du résultat des discussions en cours au Parlement fédéral à propos des enveloppes allouées à PRODES 2030/2035, la prochaine étape d’aménagements ferroviaires. JnG

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