Les sprinters transis, honneur aux décathloniens du demi-fond

| mar, 05. sep. 2017

Samedi à Bouleyres, le froid et la pluie ont gâché la fête des sprinters au Meeting du Moléson. D’autres épreuves, à l’image du 800 m, en ont profité pour se montrer. Zoom sur cette discipline qu’on dit parmi «les plus complètes».

PAR QUENTIN DOUSSE

«Après la pluie vient le beau temps.» C’est sans doute ce qu’ont dû se dire la plupart des 172 athlètes en piste samedi au stade de Bouleyres. Coorganisé par les clubs de Romont, Farvagny et Marly, le Meeting du Moléson a d’abord subi les affres du temps, voyant les trombes d’eau et le froid s’abattre sur ses épreuves de sprint. Le soleil n’est lui apparu qu’en deuxième partie de journée. Trop tard pour une partie des meilleurs sprinters, rentrés aux vestiaires sitôt leur série terminée. Une prudence qui a logiquement eu une incidence sur les chronos.
A une semaine des championnats de Suisse jeunesse (U20-U23 à Lausanne, U16-U18 à Winterthour), il fallait à tout prix éviter la casse. Objectif atteint pour Coralie Ambrosini, auteur en 12’’13 du meilleur 100 m féminin de la journée. «Je suis en délicatesse avec une cuisse et, après un bon départ, j’ai pu relâcher. Ce n’est pas le moment de se blesser», sourit la sprinteuse du SA Bulle. Qui s’en tire mieux que sa coéquipière Alizée Rusca, stoppée net par une contracture à la cuisse dans la même série.
Sur cette piste détrempée, d’autres disciplines ont attiré l’attention réservée habituellement aux épreuves du 100 et 200 m. A l’exemple du 800 m qui, faute de suspense lors de ses finales, a révélé par les écarts de niveau toute la difficulté de maîtriser l’exercice. «Selon moi, le 800 m est la discipline la plus complète, amorce le Genevois Pierre Morath, ancien athlète d’élite aujourd’hui entraîneur. Ces coureurs sont les décathloniens du demi-fond. Ils doivent à la fois posséder vitesse, puissance, résistance et régularité. Car le moindre décalage sur son rythme de course peut s’avérer fatal.»

«Une bataille stratégique»
Gérer ses forces sur les deux tours de piste tend en effet à l’exercice d’équilibriste. Spécialiste du 400 m, Veronica Vancardo, vainqueur en solitaire samedi à Bulle, peut en témoigner: «Je n’avais plus couru de 800 m depuis une année et j’étais très stressée, indique la Fribourgeoise de bientôt 17 ans. Malgré un premier tour trop rapide, j’ai réussi à tenir pour finir à une seconde de mon record (2’10’’44). Cette course me rend vraiment heureuse.»
Eloigné des pistes en raison d’une fracture de fatigue (pied), le Valaisan Moïse Rususuruka effectuait lui aussi son retour sur 800 m. Et comme Veronica Vancardo, l’espoir de 18 ans n’a rencontré aucune concurrence sur la piste de Bouleyres (1er en 1’56’’08). «Je dois retrouver peu à peu mes sensations sur la distance. Ma marge de progression? Elle se situe autant en vitesse qu’en résistance. Et je n’oublie pas que le 800 m est aussi une bataille stratégique», souligne celui qui avait impressionné l’été dernier avec une référence à 1’51’’13.
La tactique, voilà l’autre grande spécificité de la plus rapide des courses disputées hors-couloir (dès les 110 mètres franchis). Entraîneur de Veronica Vancardo, Sylvia Aebi-Haesler parle d’un «talent» à posséder. «L’athlète doit pouvoir réagir et s’adapter à tous les scénarios de course. Cela s’acquiert au fil des compétitions.» Cette expérience, justement, s’avère essentielle lorsqu’il s’agit de trouver le bon placement, entre le 400 et 600 m. Il n’est ainsi pas rare de voir des demi-fondeurs jouer des coudes. «Puis, dans les 200 derniers mètres, là où tout se décide, c’est la résistance qui entre en jeu», ajoute Sylvia Aebi-Haesler.
D’épreuve tactique et calculée, le 800 m peut également virer à la course folle: d’un coup de bluff, un athlète peut à lui seul renverser tous les scénarios imaginés. C’est ce qu’a tenté et réussit Pierre-Ambroïse Bosse, cet été aux Mondiaux de Londres. Le Français avait surpris tous ses adversaires en partant aux 550 mètres, déjà. «Le 800 m se joue beaucoup à l’esbrouffe, note Pierre Morath. Le demi-fondeur doit aussi savoir faire parler son instinct.» Celui-là même qui fera du coureur audacieux un champion de 800 m. ■

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