La stratégie du PS exaspère ses alliés

| mar, 16. Jan. 2018

Verts et chrétiens-sociaux déplorent que la gauche parte désunie pour le 4 mars. Une stratégie que défend Pierre Mauron… à qui profiterait l’élection de Valérie Piller Carrard.

PAR JEAN GODEL

La course à la succession de la Verte Marie Garnier malmène l’alliance de gauche. La stratégie du PS froisse ses partenaires. Surtout qu’on suggère ça et là qu’elle servirait avant tout les intérêts du chef de groupe socialiste au Grand Conseil, le Riazois Pierre Mauron. Deuxième des viennent-ensuite aux élections fédérales de 2015 derrière Ursula Schneider Schüttel (elle-même repêchée après le retour de Jean-François Steiert à Fribourg), Pierre Mauron rejoindrait la Coupole fédérale au cas où la conseillère nationale Valérie Piller Carrard remplacerait Marie Garnier au Conseil d’Etat.


Sylvie Bonvin approchée
Dimanche sur Forum, on qualifiait cet effet collatéral d’«enjeu caché» des élections cantonales. L’émission de la RTS avançait aussi que Pierre Mauron aurait tenté de convaincre la candidate des Verts Sylvie Bonvin Sansonnens de se retirer. «Il m’a en effet demandé par téléphone si j’étais vraiment motivée et non pas poussée par d’autres», confirme à La Gruyère la cheffe de groupe Vert Centre Gauche au Grand Conseil. «Il m’a aussi proposé diverses stratégies, dont le remplacement d’Anne-Claude Demierre en 2021.»
«Au tout début, nous nous sommes parlé entre chefs de groupe, notamment pour régler la présidence en 2021, se défend Pierre Mauron. Je lui ai dit que je me battrai pour qu’elle revienne aux Verts.» Pour lui, l’important est le maintien du troisième siège au Conseil d’Etat, que la droite ne considère pas acquis aux Verts.
Le Gruérien déplore surtout le pataquès qu’a produit la démission de Marie Garnier «au pire moment pour la gauche», avec des Verts sans candidat à l’expérience suffisante pour cette élection complémentaire. «On ne s’improvise pas conseiller d’Etat. Les Verts avaient tout pour bien faire jusqu’en 2021: Marie Garnier ne se représentait pas et Sylvie Bonvin pouvait se lancer avec six ans d’expérience de députée, voire comme présidente du Grand Conseil!»
En mauvaise posture face à une droite revigorée, explique Pierre Mauron, il faut une candidature de poids, que les Verts, sortis du bois en premier, n’ont pas. Voilà qui a convaincu le PS de partir au combat. «Après le renoncement de Christian Levrat et d’Ursula Schneider Schüttel, la candidature de Valérie Piller s’imposait. Elle n’est pas pensée contre les Verts, mais contre la droite, insiste Pierre Mauron. Cette stratégie a été approuvée par 18 voix et deux abstentions, le 20 décembre, par le comité directeur du PS qui a auditionné Sylvie Bonvin et le président des Verts Bruno Marmier. Les questions autour de ma personne sont totalement anecdotiques.» Ironie de l’histoire, on est malgré tout assez unanimes, à gauche, à penser qu’un Pierre Mauron ferait le plus grand bien à Berne, où il renforcerait une délégation fribourgeoise sur le déclin.


Divergences au PS
Cette stratégie, tous les socialistes ne la partagent pas. «Vieux sage» du PS, John Clerc estime que l’alliance de gauche est valable pour toutes les élections: «On n’a jamais vu qu’une division apportait la victoire. Ce mécanisme nous a profité. Quand Christian Levrat ne sera plus là, le PS dépendra de l’appui des autres forces.» Un avis partagé par la Jeunesse socialiste. Dans la capitale, où le PS travaille en bonne intelligence avec les Verts, on craint une perte de la courte majorité de gauche.
Les alliés du PS grimacent aussi. Pour Bruno Marmier, une gauche représentée par les seuls socialistes a tout à perdre: «En 2011, le PS a ravi au PCS le troisième siège de gauche au Conseil national pour le perdre en 2015.» Lui, vante la gauche vaudoise qui s’est d’abord battue unie derrière la Verte Béatrice Métraux pour ravir à la droite un siège au Conseil d’Etat avant d’y obtenir la majorité en faisant élire, unie, la socialiste Nuria Gorrite.
Au PCS, le député Benoît Rey «regrette infiniment» la stratégie du PS et le fait que la gauche, partie en ordre dispersé, n’ait pas pris le temps d’élaborer une stratégie commune: «Il fallait présenter quelqu’un derrière qui nos électeurs puissent se rassembler.» Dimanche, son parti communiquait qu’il soutiendrait Sylvie Bonvin au premier tour, mais Valérie Piller au second, si elle devait passer devant la Verte. ■

Commentaires

Je ne suis pas adhérent du ps ni affilié à aucun parti politique. Connaissant Monsieur Mauron, je ne lui prête pas ces allégations dont il profiterait pour aller siéger à Berne. C'est quelqu'un d'intègre. Par contre, je ne supporte pas du tout ces personnes qui se font élire pour défendre soit-disant les intérêts de Fribourg à Berne et qui dès que possible "oublient" leurs promesses pour aller siéger ou essayer d'aller siéger au Conseil d'Etat. Et là, le PS en a eu deux dernièrement. Ce genre de politiciens me dérangent. Pour moi (mais je pense être un doux rêveur), faire de la politique c'est avant tout une idée de croire et faire croire à ses idées, pas d'être opportuniste et tourner casaque dès que l'on veut. Qui peut encore se fier à ces politiciens là ? Désolant mais reflet actuel de notre société. J

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