Action coup de poing contre la crystal meth

| jeu, 01. fév. 2018

Pour contrer le trafic de méthamphétamine, la police a lancé en 2017 une vaste opération policière, qui a permis d’interpeller une soixantaine de personnes.

PAR XAVIER SCHALLER

Début 2017, un trafic de stupéfiants est découvert. Amphétamine, cocaïne et ecstasy, mais aussi méthamphétamine, une drogue jusqu’alors peu présente dans le canton. Pour casser ce marché naissant, la police cantonale a mené des actions coup de poing, dont elle a présenté mercredi les résultats à la presse. D’août à octobre, elle a identifié, interpellé et dénoncé quelque 60 personnes.
«Le profil type est celui d’un polytoxicomane de 25 à 35 ans», note Florian Walser, chef de la police sûreté. Il ne s’agissait pas d’un trafic de rue, en lien avec une organisation criminelle, mais de transactions entre consommateurs-dealers, dans des appartements ou des planques. «Des achats en gros et des échanges organisés pour obtenir de meilleurs prix», précise le procureur Philippe Barboni. Parti de la Broye, le trafic a ensuite gagné le Grand Fribourg.


Infraction grave dès 12 g
Selon le procureur, ces gens ne se sont pas toujours rendu compte qu’ils étaient en infraction. «Mais échanger un produit contre un autre est déjà une infraction.» Et dès 12 gram-mes de méthamphétamine pure – les produits saisis l’étaient entre 93% et 95% – l’infraction est jugée grave et vaut une peine minimale d’un an de prison.
Dans l’affaire qui a mis le feu aux poudres, début 2017, les deux protagonistes broyards ont été mis en cause pour le trafic de 300 grammes de cocaïne, 2 kilos d’amphétamine, 10 000 ecstasys et 500 grammes de crystal. Des investigations complémentaires ont permis d’identifier trois autres personnes finalement mises en cause pour la vente et la consommation de 20 000 pilules thaïes et 1,9 kilo de crystal – l’équivalent de 19 000 doses. Des marchandises dont la valeur globale s’élève à plusieurs centaines de milliers de francs.


Task force nécessaire
«Une task force a permis d’attribuer à cette problématique, pour une durée limitée, des moyens importants», indique Florian Walser. En deux mois, les hommes de la police de sûreté et de la gendarmerie ont effectué cinquante-huit interpellations et autant de perquisitions. De quoi déstabiliser ce milieu.
«Au final, 69 personnes ont été entendues et dénoncées, dont sept suspectées d’infractions graves et placées en détention.» Après la dissolution de la task force, sept autres personnes ont été dénoncées, pour infractions graves également. «En cas de recrudescence du phénomène, une action similaire pourrait être reconduite», prévient Florian Walser. ■

 

-----------------------

 

La méthamphétamine

On l’appelle crystal, crystal meth, crank ou ice. Drogue de synthèse, la méthamphétamine se présente sous forme de poudre, de sel ou de cristaux. Elle peut être injectée, fumée, sniffée ou avalée. «L’effet recherché est un boost de la performance, de la concentration et de la libido», indique Nicolas Dietrich, délégué cantonal aux questions liées aux addictions. Euphorisante, elle donne aussi un sentiment de toute puissance et annihile la perception de la fatigue, de la faim ou de la douleur. Produite pour la première fois en 1919, cette drogue a été distribuée, sous le nom de pervitine, aux soldats allemands durant la Seconde Guerre mondiale. «Elle servait en première ligne à augmenter la pugnacité, la vigilance et l’endurance des soldats.»
La méthamphétamine est considérée comme l’une des drogues illégales les plus dangereuses. Ses effets peuvent se prolonger très longtemps, parfois plus de 24 heures. «La descente est ensuite vertigineuse, avec un manque très intense, note Nicolas Dietrich. Pour certains, la dépendance psychique peut s’installer après quelques prises déjà.» Parmi les effets psychiques induits, il y a les idées paranoïdes, les symptômes dépressifs et les insomnies sévères. Une consommation régulière peut entraîner une perte de poids, une peau grise et des dégâts au niveau cérébral qui peuvent être irréversibles.
Avec entre 150 et 200 consommateurs dans le canton selon les estimations, la crystal meth reste marginale parmi les drogues festives, loin derrière la cocaïne ou l’amphétamine. Elle voit néanmoins sa consommation augmenter, d’où une vigilance accrue de la police et des organes de prévention. «Il est important que les personnes concernées et leurs proches soient conscientes des potentiels addictifs et de la dangerosité», souligne Nicolas Dietrich. L’objectif est qu’elles s’adressent le plus tôt possible un professionnel. «La plate-forme en ligne www.safezone.ch offre par exemple des consultations gratuites et anonymes.» XS

Ajouter un commentaire

CAPTCHA
Cette question est pour tester si vous êtes un visiteur humain et pour éviter les soumissions automatisées spam.

Annonces Emploi

Annonces Événements

Annonces Immobilier

Annonces diverses