La prochaine fois, on la croira

Jeux olympiques

Février 2016: dans  un bar bullois, on faisait la connaissance de Mathilde Gremaud. La Rochoise de 16 ans revenait des jeux Olympiques de la jeunesse à Lillehammer. Elle s’était classée 6e du slope-style. Réservée, elle n’avait pas encore l’habitude des interviews. Mais, déjà, la conviction de réussir était palpable. Comme beaucoup de jeunes athlètes, elle espérait un jour prendre part aux JO, et pourquoi pas déjà en Corée du Sud. «Je suis encore jeune et il me reste beaucoup de chemin à parcourir, disait-elle. Mais j’ai une petite chance d’y participer.» A ce moment-là, elle n’avait pas encore pris le départ de la moindre manche de Coupe du monde. Elle ne s’était illustrée qu’en juniors, jamais avec les «grandes». La jeune femme semblait très ambitieuse, voire un peu rêveuse. Comme son père Stéphane Gremaud l’a dit: «Jamais on n’aurait pu imaginer.» Non, jamais on n’aurait pensé à ce moment-là que Mathilde Gremaud puisse se battre pour l’or olympique. Pourquoi? Parce qu’on ne connaissait pas bien le talent de la Rochoise et son caractère, qu’elle masquait encore par une pudeur et un calme naturels. Et puis, on l’a vue grandir, s’émanciper et franchir les étapes avec une facilité déconcertante. Samedi matin dans le portillon de départ, elle semblait détendue. Ecouteurs dans les oreilles, cachée derrière ses lunettes de ski, elle faisait simplement ce qu’elle aimait: skier en prenant du plaisir. Une notion que la Gruérienne a toujours cultivée, ce qui lui a permis de devenir l’une des meilleures et surtout de revenir au plus haut niveau, seulement quelques mois après sa blessure. Car oui, quand beaucoup de sportifs se plaignent de leur convalescence, Mathilde Gremaud travaillait dans son coin sans rien dire, avec un seul objectif en tête: être encore plus forte qu’avant. Février 2018: on retrouve Mathilde Gremaud. Au téléphone cette fois-ci. L’adolescente de l’époque a désormais 18 ans et une médaille d’argent olympique autour du cou. Malgré toutes les sollicitations médiatiques et la folie des Jeux, elle répond aux questions avec sincérité et la même pudeur qu’il y a deux ans. Le tout avec un étonnant recul sur son succès. Elle, finalement, n’a pas changé. C’est simplement son statut qui a évolué. D’un espoir, elle est devenue la protégée de tout un canton. Promis, la prochaine fois qu’elle évoquera les Jeux, on la croira, avec la même conviction qui la caractérise. On ne se fera plus surprendre à lâcher une petite larme un samedi au petit matin devant sa télévision en la voyant aussi émue sur le podium. Valentin Castella

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