Une zone industrielle pensée comme un quartier

| sam, 24. fév. 2018

Stratégique pour le canton, la zone industrielle de La Prila devra répondre à des critères urbanistiques, architecturaux et environnementaux précis.

PAR JEAN GODEL

La ville de Bulle a mis à l’enquête, dans la Feuille officielle d’hier, le plan d’aménagement de détail de la zone industrielle La Prila - Combes Sud. Situés entre l’usine Sottas et Progin Métal, enserrés par la H189 et l’A12, ces dix hectares sont intégrés à la zone d’activité de Planchy, d’importance cantonale.
Selon le Plan directeur cantonal en vigueur, ils font même partie des huit secteurs stratégiques d’activité du canton. Ils accueilleront donc exclusivement des entreprises industrielles ou de services à haute valeur ajoutée. «Nous sommes très contents, car nous avons de nombreuses demandes d’entreprises à la recherche de terrains», apprécie le syndic de Bulle Jacques Morand.
Les implantations industrielles se concentreront le long de l’A12. Fixée à 25 m, la hauteur pourra passer à 30 m si les processus industriels l’exigent. Le long de la H189, de l’autre côté de la nouvelle route d’accès à la zone – accrochée au rond-point des Crêts – un secteur plus restreint, découpé en trois îlots, accueillera des activités artisanales et tertiaires ainsi que des services utiles aux entreprises de la zone (restaurants, fitness, commerces de détail, kiosque, etc.).


Silo à voitures commun
Petite révolution copernicienne pour le canton, un parking commun s’érigera sous la forme d’un silo à voitures de 1200 places, avec parking à vélos. Une station-service pourra s’y intégrer, côté chemin des Crêts. Aucun stationnement des collaborateurs ne sera donc admis aux abords immédiats des entreprises.
Dans un premier temps toutefois, un parking provisoire sera construit en surface, dans l’attente de l’achèvement de la zone. Alors seulement, il s’agira de trouver un financement pour le silo en accord avec les entreprises installées. Des «espaces de vie» s’intercaleront dans ce secteur, lieux publics de détente en pleine verdure.
Dernier secteur du PAD, une aire dite «de prairie» constitue une incongruité au milieu de cette zone stratégique. En fait, il s’agit de l’ancienne ferme Buchs, maintenue jusqu’à fin 2028. Une exigence des vendeurs acceptée par la ville. D’ici là, le parking provisoire pourra s’y étendre, de même que des installations de détente. Le grand chêne, lui, sera préservé – ou remplacé s’il gêne de futures implantations. Car dès 2029, la ferme fera place aux industries.
La ville a aussi cherché à soigner l’aménagement paysager: bosquets, modelés du terrain, mobilier et équipement de détente, biodiversité, tout a été prévu. Les toits plats seront végétalisés et les façades de teinte foncée. L’ensemble devra respecter une utilisation mesurée du sol et former un ensemble compact et homogène. Enfin, les entreprises seront encouragées à procéder à la labellisation écologique de leurs sites de production.


Nouvelle bretelle sur l’A12
Un maximum de synergies a été recherché. On poussera ainsi à des équipements communs, par exemple pour la restauration. Une extension du chauffage à distance est prévue, le gaz étant réservé aux seuls processus industriels.
Côté desserte, un arrêt de la ligne 3 de Mobul sera créé près du rond-point des Crêts. A terme, la ligne traversera la zone pour rallier son nouveau terminus des Combes, comme prévu par le plan d’agglomération Mobul de troisième génération. Quant à la mobilité douce, elle sera renforcée par la voie verte, bientôt prolongée jusqu’à Planchy.
Reste le trafic automobile. Une réflexion est en cours au vu de la charge de trafic déjà élevée de l’accroche Planchy de la H189. Laquelle pourrait encore récupérer le trafic généré par la zone Combes Nord (secteur Progin Métal), afin de délester l’échangeur H189/A12, déjà saturé. Une liaison sous la rue de la Léchère est ainsi prévue. A moins qu’une nouvelle bretelle autoroutière ne desserve toute la zone Planchy via le terrain de la ferme Buchs. L’alternative est discutée au sein de l’Office fédéral des routes.


Processus ad hoc
On l’a dit, il fallait faire vite, tant la demande pour de tels terrains est forte. Bulle a dès lors opté pour un processus dit «d’étude urbaine en concertation». Une solution ad hoc qui a vu un collège d’experts et de représentants de la commune et du canton plancher sous la responsabilité de la ville.
Une réalisation par étapes, ponctuée d’ateliers dont le premier n’a eu lieu que le 9 novembre dernier. Il s’agissait, pour la commune, d’assurer «une qualité urbanistique élevée tout en répondant aux enjeux de l’aménagement du territoire», communique-t-elle. Le tout en un temps record.
Mais il est un dernier petit détail que ce PAD n’élucidera pas: à quelles industries cette zone dite «stratégique» est-elle destinée? «Nous avons beau être propriétaires, réagit Jacques Morand, il faut que l’on nous dise selon quels critères nous devrons choisir les entreprises candidates.»
Haute valeur ajoutée, chiffre d’affaires au mètre carré élevé, production tournée vers l’exportation? Le canton est invité à se prononcer. Car la liste des entreprises intéressées s’allonge. Or, toutes n’ont pas vocation à occuper ce terrain stratégique. «Du coup, il faudra aussi trouver d’autres terrains pour nos entreprises régionales», ajoute le syndic. Une clarification avec la Promotion économique et le canton aura lieu prochainement. ■

Ajouter un commentaire

CAPTCHA
Cette question est pour tester si vous êtes un visiteur humain et pour éviter les soumissions automatisées spam.

Annonces Emploi

Annonces Événements

Annonces Immobilier

Annonces diverses