Jours d’ouverture à la hausse, mais fréquentation «normale»

jeu, 29. mar. 2018
Grâce à de bonnes conditions d’enneigement, les stations du Sud fribourgeois ont pu ouvrir, sans discontinuer, du début décembre au week-end dernier. ARCH - A. VULLIOUD

PAR JEAN GODEL/FRANÇOIS PHARISA/SOPHIE ROULIN

Après une saison 2016/2017 restée dans les annales pour son peu de neige, cet hiver aura offert un véritable bol d’air frais aux stations du Sud fribourgeois. La Chia mise à part, toutes ont pu ouvrir tôt et sans discontinuer. Mais malgré un enneigement idéal, le mauvais temps, pendant les weekends et les vacances en particulier, a souvent retenu les skieurs chez eux. Dans l’ensemble, les responsables des remontées mécaniques tirent pourtant un bilan positif.

CHARMEY

Avec 87 jours d’ouverture contre 47 l’hiver dernier, la saison a été bonne en termes statistiques. Elle a débuté tôt, le 2 décembre, et s’est terminée dimanche dernier. Mais neige exceptionnelle ne rime pas nécessairement avec chiffre d’affaires canon…

Car un autre élément fondamental a fait souvent défaut: le beau temps. Qui plus est durant les vacances et les week-ends, souligne Sébastien Jacquat, directeur des remontées mécaniques de Charmey: «La deuxième semaine des vacances de Noël a été marquée par les tempêtes, ce qui nous valu de fermer quelques jours, et la météo était épouvantable durant toute la fin des vacances de carnaval.»

Au final, le chiffre d’affaires est correct. Certes 30 à 40% supérieur à celui de l’hiver 2016-2017, catastrophique, mais moins bon qu’une saison à nonante jours normale. «Car une semaine de beau temps durant les vacances, c’est autour de 200 000 francs de revenus.»

Quelque 50 700 premiers passages ont été comptés – contre 51 000 durant l’hiver 2014-2015, comparable. «On est dans la norme.» Sébastien Jacquat salue pourtant le Magic Pass, même s’il ne peut rien contre le mauvais temps. «Mais il nous apporte régulièrement des liquidités.» Et il déploiera encore ses effets cet été.

Ce bel hiver permet à la station, sous perfusion de la commune, d’ouvrir cet été alors qu’un mauvais hiver l’aurait condamnée à fermer dès la fin janvier, selon le pire des trois scénarios établis l’automne dernier. «Nous sommes dans de bien meilleures dispositions qu’il y a un an, mais le travail continue», conclut le directeur.

MOLÉSON

«On est contents. Cet hiver a été une bonne saison», relève Antoine Micheloud, directeur de la station de Moléson. Bonne, mais pas excellente. «Quatre facteurs entrent en ligne de compte pour la saison d’hiver: la vente des abonnements saisonniers, les vacances de Noël, celles de carnaval et la météo durant les week-ends. Cet hiver, les deux premiers étaient tout à fait bons, le troisième moyen et le dernier mauvais. Mais nous ne nous plaignons pas, la saison a été positive.» Le nombre de premiers passages est en hausse de 30% par rapport à la saison dernière, qui était plutôt mauvaise, et de 10% sur la moyenne des dix dernières années. Fermée dimanche, la station révise ses installations. L’ouverture estivale est agendée au 19 mai.

BELLEGARDE

Ouverte dès le 8 décembre, la station est fermée depuis dimanche: hésitant à ouvrir à Pâques, elle y a finalement renoncé vu la météo annoncée. Cela fait tout de même 94 jours d’ouverture. «C’est le meilleur des quatre ou cinq derniers hivers», compare Jean-Claude Schuwey, président des Jaun-Gastlosen Bergbahnen.

S’ils ne sont pas encore connus, les chiffres des premiers passages seront bons, assure Jean-Claude Schuwey. Mais là n’est pas le plus important à ses yeux. En effet, avant le Magic Pass, Bellegarde ne vendait pas beaucoup d’abonnements de saison des Préalpes fribourgeoises. Mais si la neige manquait, les skieurs venaient en nombre à Bellegarde, sans que cela remplisse les caisses de la station, vu l’absence d’une clé de répartition. Avec le Magic Pass, le système tiendra compte de chaque passage en cours d’hiver. Une bonne nouvelle, donc.

Qui plus est, sa validité désormais étendue à l’été avantagera les stations fribourgeoises, généralement bien fréquentées à la belle saison. La répartition du produit de la vente des Magic Pass devrait donc aussi s’en ressentir.

LA BERRA

Cette saison a été exceptionnelle du point de vue de l’enneigement, mais pas de l’affluence sur les pistes. «On a eu très peu de beau durant les weekends», note Didier Kilchoer, directeur des remontées mécaniques de La Berra. Deux tempêtes ont coupé court aux réjouissances à la fin des vacances de Noël et de carnaval. La station a pu ouvrir 97 jours cet hiver, bien plus que les saisons passées. «Dans l’ensemble, on est satisfaits. On a eu des très belles pistes à proposer à nos skieurs. Et on se réjouit déjà de la réouverture au 1er juillet, avec nos nouvelles pistes de VTT.»

LA CHIA

La saison se révèle très moyenne pour le ski-lift de La Chia. «L’enneigement a souvent manqué sur les 150 mètres du bas des pistes, note Yves Grandjean, président du conseil d’administration de Monte-pente Bulle SA. Sans ça, on aurait fait une belle saison.» En tout, La Chia a ouvert 15 jours durant cet hiver. «On a dû fermer le dernier dimanche enneigé en raison d’un problème technique.» Gorgé d’eau, le terrain a glissé et a fait bouger le pylône numéro 2. «C’était déjà arrivé il y a vingt ans. On va le remettre d’aplomb ce printemps.»

Les pentes de La Chia et les sentiers raquettes ont été très fréquentés des randonneurs. «Ce serait sympa qu’ils pensent à s’arrêter à notre buvette», glisse le président.

LES PACCOTS

Même son de cloche aux Paccots que dans les autres stations de la région: très bon cru au niveau des jours d’exploitation, mais peut mieux faire en termes de fréquentation. Grâce à un bel et précoce enneigement, la station, qui jouit de vingt kilomètres de pistes, est restée ouverte 95 jours, contre 54 un an plus tôt. «De ce point de vue, c’est indéniablement une grande saison. Lors d’une année “normale”, on oscille plutôt entre 70 et 80 jours d’ouverture», explique Olivier Berthoud, vice-président de Montepente Corbetta SA. Mais la fréquentation a, elle, été «moyenne», qualifie-t-il. «Il y a un réel potentiel d’amélioration avec un peu plus de soleil pendant les relâches fribourgeoises et vaudoises», relève le Châtelois, qui n’était pas encore en mesure de fournir le total de journées-skieurs.

RATHVEL

Record de jours d’exploitation battu à Rathvel. «On a fait péter les compteurs comme on dit», s’amuse Frédéric Sauteur, président des remontées mécaniques de la petite station familiale veveysanne qui propose trois téléskis et un télécorde pour huit kilomètres de pistes.

La station a ouvert 93 jours, contre 46 l’année dernière. Il faut remonter à la saison 2012-2013 (85 jours) pour retrouver un total se rapprochant de celui de cette année. «Contrairement aux saisons précédentes, nous n’avons pas eu à fermer à cause du redoux.» La station a accueilli les skieurs du 2 décembre jusqu’à dimanche dernier sans discontinuer.

Seulement, le nombre de jours d’ouverture n’est pas toujours proportionnel à celui des entrées. «Nous avons connu quelques belles affluences, mais le manque d’ensoleillement a limité la fréquentation», explique Frédéric Sauteur, qui ne possède pas encore les données exactes quant au nombre de journées-skieurs. Il peut néanmoins déjà assurer que Rathvel a profité de «l’effet Magic Pass». «Il y avait pas mal de nouveaux visages aux remontées et au restaurant.» ■


La Braye doit trouver 3,5 millions

«Le début de saison a été difficile parce qu’il a fallu redonner des informations sur l’ouverture des installations alors qu’il y avait eu des annonces qu’elles resteraient fermées», explique Didier Morier, qui a repris la présidence de Téléchâteau-d’Œx en juin dernier, après l’annonce de la commune de Château-d’Œx de ne plus soutenir financièrement ses remontées mécaniques. «Au final, cette saison se révèle positive.»

Membre du Magic Pass, la station damounaise a aussi lancé son propre abonnement de saison, à 99 francs. Elle en a vendu 3000. Ces tarifs lowcost offrent-ils vraiment une solution? «Ces dernières années, nous étions alliés à Gstaad et nous avions dû adapter nos prix en fonction, mais cela ne correspondait plus à nos prestations. Là, on a trouvé un créneau dans lequel s’inscrit bien notre station, avec une clientèle plus familiale encore, ainsi qu’avec une clientèle de retraités.»

La Braye ouvrira-t-elle pour la prochaine saison hivernale? «Notre concession doit être renouvelée à la fin 2018. Nous avons 3,5 mio d’investissements à réaliser, mais ils peuvent être échelonnés.» Le conseil d’administration s’est donné jusqu’à l’été pour décider si la Braye rouvrirait en décembre. «Il y a beaucoup d’inconnues, mais beaucoup d’espoir aussi.» SR

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