La gratuité de l’école

A propos du commentaire paru dans La Gruyère du 1er février sur la gratuité, pour les parents, des activités scolaires.

La gratuité des sorties scolaires, clament en chœur commentateurs et politiciens fribourgeois de tous bords, «menace le principe de l’égalité des chances», selon votre journaliste Christophe Dutoit. En effet, ces sorties sont à la charge des communes, et les plus pauvres d’entre elles pourraient être amenées à y renoncer, d’où une discrimination entre écoliers. En l’occurrence non sociale, mais géographique. Suivons le raisonnement: pour éviter une discrimination géographique, il était donc juste – en dépit du droit fédéral – de réclamer aux parents une contribution en principe uniforme, donc indépendante de leur capacité économique. Le journaliste de La Gruyère encore: «On aidait même les familles les moins aisées, pour éviter toute discrimination liée au porte-monnaie.» Très louable. Ces familles, qu’on a la délicatesse de ne pas nommer pauvres, pouvaient donc demander à la commune une exemption. Elles devaient alors reconnaître formellement l’infériorité de leur condition sociale, puis, bien sûr, répondre aux questions sur leur vie privée, en cachant toute dépense pouvant être considérée comme superflue et motiver un refus. En dernière instance, c’était au bon vouloir de la commune. Combien de ces familles, par fierté ou par lassitude, préféraient-elles renoncer à demander ce qu’elles considéraient comme une aumône, quitte à rogner sur les soins dentaires? M. Dutoit relève que «ce système contentait une majorité des parents». Evidemment, car qui aurait osé protester au risque de passer pour un pingre prêt à punir ses propres enfants en supprimant les sorties scolaires? Cette suppression était en effet la seule alternative pensable, puisque l’idée d’un financement cantonal n’effleure même pas les esprits, y compris chez les socialistes, alors que, de toute évidence, c’est bien au niveau cantonal qu’il faut pallier une dis­parité à la fois sociale et géographique. Voici donc les roua­ges du système dont, par aveuglement idéologique à droite ou par égarement à gauche, on vante le «pragmatisme». André Piccand, Enney

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